La demande mondiale en protéines ne cesse d'augmenter en raison de l’augmentation de la population mondiale. L’industrie agroalimentaire a répondu à cette demande croissante par une productivité accrue fondée sur l'intensification, la fertilisation et la modification génétique. Cependant, cette demande ne peut être satisfaite par une simple augmentation de la production agricole sans nuire à l'environnement et à l'épuisement des ressources naturelles. Les systèmes agricoles intensifs actuels ont un effet néfaste sur l'environnement dû notamment à ses émissions accrues de gaz à effet de serre comme l'oxyde nitreux (N2O) lié à l'utilisation d'engrais azotés, le méthane (CH4) provenant de la fermentation entérique des ruminants, ainsi que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant de la combustion de combustibles fossiles. Une conversion du secteur alimentaire, ou plus exactement une transition vers le développement durable, est donc capitale pour garantir l’approvisionnement des denrées alimentaires de 9,1 milliards d’individus d’ici 2050, d’après les estimations de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
En 2020, les micro-algues riches en protéines sont proposées comme une alternative durable aux sources de protéines animales. Grâce à son profil nutritionnel d’une part, et son mode de culture ne nécessitant pas de terres arables et représentant un faible impact environnemental d’autre part, la spiruline constitue une alternative prometteuse aux protéines animales. Nourriture traditionnelle depuis plusieurs siècles aussi bien en Afrique, en Amérique latine qu’en Asie, la spiruline connaît un regain d'intérêt croissant depuis les années 1970 de la part de la communauté scientifique internationale du fait de sa possible utilisation comme source de produits à vertus nutritionnelles mais aussi thérapeutiques. En effet, le potentiel thérapeutique de cette micro-algue semble être important et ceci grâce à son principal pigment, la C-phycocyanine, donnant à cette micro-algue sa couleur bleu-vert caractéristique. Certaines études ont, entre autres, mis en évidence des activités sur le système immunitaire, le cancer, la lutte contre le vieillissement cellulaire, des propriétés hépato-protectrices et anti-inflammatoires. La spiruline fait partie, avec l’Odontella, la Tetraselmis et la Chlorella, des 4 micro-algues actuellement autorisées pour la consommation humaine, et constitue 50 % de la production mondiale annuelle de micro-algues. Elle est également très cultivée en France où on dénombre 190 producteurs regroupés au sein de la Fédération des Spiruliniers de France (donnée 2018).
L’objectif de cet article est donc de présenter un état des lieux des applications de la spiruline qui semble posséder un potentiel très vaste. Les aspects historique, culture, récolte, extraction et valorisation des molécules d’intérêt sont également abordés.
Le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire des termes utilisés.