Si ces immenses hangars sont si gourmands en énergie et nuisent tant à l’environnement, pourquoi ne pas résoudre le problème en les lançant hors de la planète ? Différentes entreprises, dont une Française, travaillent sur cette piste.
Il y a environ 5 500 data centers (à la fois publics et privés) dans le monde, dont presque 300 en France (source : Statista, 2022). Pour répondre à la demande croissante de puissance de traitement de l’IA, les projets de construction de ces énormes bâtiments ne ralentissent pas.
La preuve, 35 sites industriels « clés en main » ont été identifiés par le gouvernement français pour la création de data centers. Cependant, leur multiplication soulève des défis importants, notamment en termes de consommation énergétique et d’impact environnemental. Ces infrastructures sont extrêmement gourmandes en électricité, non seulement pour alimenter les serveurs et les équipements réseau, mais aussi pour les systèmes de refroidissement nécessaires au maintien d’une température optimale.
L’Electric Power Research Institute prévoit que les centres de données représenteront 9 % de la consommation totale d’énergie aux États-Unis d’ici 2030.
Différents projets réfléchissent depuis quelques années à des solutions visant à réduire l’impact énergétique de ces immenses hangars : data centers sous l’eau pour Microsoft, chauffer des bâtiments avec la chaleur des centres de données, amélioration des systèmes de refroidissement, utilisation d’énergies renouvelables…
50 lancements par an
Autre piste plus surprenante : l’installation de data centers dans l’espace. La société française Latitude (fondée à Reims en 2019) vient de signer un protocole d’accord avec Madari Space, une société basée aux Émirats arabes unis, pour le lancement d’une constellation de microsatellites (50 à 100 kg) dédiés au stockage et au traitement de données directement en orbite.
Latitude prévoit son premier lancement commercial avec sa fusée Zephyr à faible portance dès 2026, avec l’ambition d’atteindre un rythme de 50 lancements par an à partir de 2030. Le premier lancement était initialement prévu pour 2025, mais des mises à jour récentes suggèrent un report probable à 2026.
Parmi les avantages déjà identifiés par l’entreprise figurent un traitement plus rapide des données, une réduction des coûts de transmission et, surtout, la fin de la dépendance à l’égard des centres de données terrestres, souvent critiqués pour leur forte consommation d’énergie et leurs importantes émissions de gaz à effet de serre.
Un réseau de 2 800 satellites
Ces avantages sont également mis en avant par l’étude ASCEND (Advanced Space Cloud for European Net zero emission and Data sovereignty). Commandée à Thales Alenia Space par l’Union européenne, elle indique qu’avec l’énergie solaire comme source d’énergie, ces data centers spatiaux élimineraient le besoin de refroidissement par eau.
Thales Alenia Space prévoit une démonstration de faisabilité de 50 kilowatts d’ici 2031, avec un déploiement de 1 gigawatt d’ici 2050, et des retours potentiels de plusieurs milliards d’euros.
Aux États-Unis, la startup Lumen Orbit a récemment levé plus de 10 millions de dollars pour construire des data centers dans l’espace. Objectif : réduire les dépenses d’énergie de 95 %.
La Chine n’est pas en reste. Elle a également lancé 12 satellites pour un projet de calcul en orbite mené par la startup ADA Space et Zhejiang Lab. Ce projet fait partie d’un plus vaste « Star-Compute Program » : un énorme réseau en orbite de 2 800 satellites.
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