Dans de nombreux secteurs d'activité tels que l'aéronautique, l'industrie chimique, l'industrie pétrolière, le nucléaire, il est nécessaire d'évaluer les risques afin de pouvoir se prononcer sur leur acceptabilité. Les notions de danger et de risque sont très souvent confondues, le risque étant toujours lié à l'existence d'un danger, ou d'une situation dangereuse. Pour les différencier, il est possible de considérer que le danger est « réel » et le risque « potentiel ».
Certaines installations industrielles présentent, de par leurs activités, de nombreux dangers. Citons, par exemple, le stockage ou la synthèse de produits inflammables et/ou toxiques. Sur de telles installations, un des événements redoutés est la perte de confinement qui peut aboutir à des phénomènes dangereux de type incendie, jet enflammé ou explosion dans le cas d'un produit inflammable et dispersion atmosphérique dans celui d'un produit toxique.
L'évaluation d'un risque nécessite d'évaluer les deux composantes du couple probabilité/gravité. La gravité des phénomènes dangereux est habituellement estimée par modélisation de l'intensité des effets à l'aide d'outils ou de logiciels. L'estimation de la probabilité d'occurrence pour les risques liés au secteur de l'industrie nécessite aujourd'hui d'avoir recours à des méthodologies utilisées depuis de nombreuses années dans d'autres domaines, tels que le nucléaire ou l'aéronautique. En effet, en France, avant les années 2000 et contrairement aux pays anglo-saxons, l'évaluation des risques reposait sur une approche déterministe. Les probabilités d'occurrence d'accidents étaient alors en grande majorité estimées par avis d'experts. Le tragique accident survenu à Toulouse le 21 septembre 2001 a initié un profond remaniement de la réglementation française qui prône aujourd'hui l'approche probabiliste.
L'objectif de cet article est de présenter la méthode d'analyse de risques nommée « nœud papillon » qui résulte de la combinaison d'un arbre de défaillances et d'un arbre d'événements, centrée sur un même événement redouté. Après avoir exposé les fondements de cette méthode, il sera dressé un panorama des diverses banques de données pouvant être utilisées lors de la phase de quantification. Enfin, l'article abordera les limites de la méthode.