Au XXe siècle, la notion de transport international était plutôt associée aux exportations de produits finis et aux importations de produits bruts ou semi-finis. Les Incoterms avaient toute leur place et étaient une partie importante des contrats.
Au XXIe siècle, les courants d’échanges se sont intensifiés et fortement modifiés, et si les produits bruts ou semi-finis sont toujours importants, ce sont les produits et composants finis ou technologiques qui sont l’objet principal des échanges internationaux. Nous achetons donc, par exemple, des produits qui peuvent être « fabriqués » en Europe ou en Chine, mais dont certains composants proviennent du monde entier : ainsi certaines voitures Toyota sont assemblées en France, pour des raisons de coûts logistiques vers un marché de proximité (environ 100 millions de consommateurs à revenu élevé dans un rayon de 500 km autour de l’usine), mais les divers composants sont fabriqués ailleurs dans le monde et arrivent notamment par Anvers ou Rotterdam. Il en est de même d’Airbus dont les chaînes de montage sont à Hambourg et Toulouse (bientôt en Chine), mais dont les diverses parties sont fabriquées en Europe et 30 % de la valeur l’est aux États-Unis, ou ailleurs. Dans un autre domaine, Ikea peut proposer un assortiment de produits de la maison à des prix de vente compétitifs en provenance du monde entier car cette société a une maîtrise presque parfaite de sa « logistique » ou « supply chain » : elle conçoit tous ses produits en Suède, la manière de les fabriquer souvent en Allemagne et les fait fabriquer par une entreprise qui maîtrise la technologie nécessaire à un coût acceptable par le consommateur européen et américain. Ainsi la logistique devient un élément du coût de revient.
Cela est en lien direct avec l’accroissement de la productivité des navires grâce à une spécialisation croissante, à la conteneurisation quasi systématique, à la forte augmentation de productivité des ports maritimes et au développement intensif du transport routier. Il en résulte une baisse impressionnante des taux de fret, transformant ainsi le transport international en « logistique », un des éléments clé du coût de production ou de distribution des produits : c’est désormais la « supply chain ».
L’ « envers de la médaille » est la dépendance croissante de la production finale et/ou des marchés de consommation, d’un arrêt de production ou d’approvisionnement de l’un des maillons de la « supply chain ». La sûreté des approvisionnements est certainement l’une des difficultés majeures auxquelles les entreprises ou les États vont être confrontés dans un proche avenir.
Cet article présente la nouvelle manière de concevoir les transports comme un élément du coût de revient global, et non plus un coût que l’on rajoute à un coût de fabrication ou de distribution à partir et en direction d’un pays déterminé.