Nîmes (1988), Vaison-la-Romaine (1992), Tarragone (1994), Biescas (1996), Corbières (1999), Alger (2001), Gard (2002), Var (2010) : au cours de ces dernières années, nombreux sont les exemples d'événements pluvieux intenses qui ont engendré d'importants dégâts matériels et humains. Certaines images aperçues à la télévision hantent encore les mémoires, comme cette caravane transportée par l'Ouvèze qui vient s'écraser contre un pont à Vaison-La-Romaine en 1992, ou ces torrents de boue déferlant dans les ruelles de Draguignan en 2010, emportant tout sur leur passage. Ces inondations soudaines, violentes et souvent localisées appelées aussi « crues éclair », font l'objet de nombreux travaux depuis une dizaine d'années. D'importants efforts ont été consentis afin de mieux les comprendre et de mieux les prévoir dans le but d'améliorer la mise en alerte, et être ainsi capable d'en limiter les conséquences matérielles, humaines et environnementales. Pour cela, les organismes de recherche scientifiques travaillent conjointement avec les services de prévision et de secours afin de proposer des outils opérationnels adaptés aux utilisateurs et intégrant les dernières avancées en termes de recherche en hydrométéorologie.
Cet article a pour objectif de faire un état des lieux sur les systèmes d'alerte opérationnels dédiés aux crues soudaines. Il présente les différents outils et méthodes d'observation, de prévision et de modélisation – ainsi que leurs limitations – qui sont utilisés à l'heure actuelle pour appréhender au mieux les phénomènes météorologiques et hydrologiques responsables de telles crues. Les crues éclair ayant souvent lieu en aval de petits bassins versants dépourvus d'instrumentation (pluviométrique et débitmétrique), on s'attardera particulièrement sur la manière dont on pallie ce manque d'observation directe pour obtenir des alertes de crue utiles et pertinentes. Ces outils et méthodes, ainsi que la manière dont ils sont combinés, seront illustrés à travers des exemples concrets d'outils opérationnels existants. Enfin, on montrera comment l'incertitude apparaissant tout au long de la chaîne opérationnelle de production d'alerte est prise en compte et quelles sont les pistes à suivre pour améliorer, dans les années à venir, tant la fiabilité que les échéances de ces alertes.