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Interview

Heropolis, une start-up issue de l’intrapreneuriat made in Thales

Posté le par Pierre Thouverez dans Entreprises et marchés

Heropolis, une start-up issue d'un projet développé au sein du groupe Thales, constitue un exemple des réussites dont peut accoucher l'intrapreneuriat.

Jean-Yves Ingea, ancien collaborateur chez Thales, est le co-fondateur de la start-up Heropolis, qui fournit à ses clients une solution sécurisée d’identification et de réponse aux risques.

C’est à l’occasion d’un hackathon impulsé par des salariés de Thales que Jean-Yves Ingea a eu l’occasion de présenter son projet, qui sera d’abord développé en interne, avant de prendre son envol en-dehors du groupe.

Techniques de l’Ingénieur : Pouvez-vous nous présenter la solution logicielle que propose Heropolis ?

Jean-Yves Ingea : Heropolis est une solution sécurisée d’identification et de réponse aux risques. Nous permettons aux utilisateurs de notre plateforme de couvrir, à travers cette application digitale le « qui », le « quoi » et le « comment » relatif à la gestion du risque. Je m’explique : le « qui » concerne les responsables et les personnels impliqués dans la sécurité et sûreté d’une Entreprise ou d’une Collectivité. La plateforme en SaaS permet de lister et catégoriser les ressources : qui intervient ? Dans quelle situation ? Avec quelles ressources ?…

L’équipe d’Heropolis, à la Digital Factoryde Thales

Le « quoi » : quel type de protection, de sécurisation nécessite le service attendu ? A cette fin nous avons développé sur la plateforme une matrice de gestion des risques types, de services à ouvrir en amont ou en aval, d’événements à gérer…

Enfin le « comment » : nous avons inventé un éditeur de procédures qui permet de bâtir visuellement n’importe quel type de logigramme de réponse à événement, en combinant des actions métier bien spécifiques. Sur le terrain, nous fournissons également une application mobile qui permet de communiquer, d’accéder à des ressources ou des services, et de recevoir des actions à réaliser.

Les avantages sont multiples : cela permet de soulager le superviseur sur le terrain, mais aussi de fournir aux agents les successions de tâches à accomplir, en temps réel. Cela répond concrètement à des problématiques de formation souvent complexes, puisque certains grands événements sportifs de 2020 (courses cyclistes) sur lesquels nous sommes prestataires, ou les prochains jeux olympiques par exemple, nécessitent beaucoup de personnels qu’il faut former rapidement.

Heropolis est une success story née d’un hackathon initié par des salariés de Thales. Comment cela s’est-il passé ?

Tout a en effet démarré par une initiative portée par quatre employés de Thales, qui ont organisé l’équivalent d’un hackathon, qu’ils ont appelé le « Make it up ». Il y a eu quatre éditions au total, dont la première en 2015. L’idée était de venir pitcher une problématique, puis de former son équipe et préparer une démonstration, le tout en 54 heures. Le but final étant de convaincre l’auditoire pour récolter des financements. J’ai donc participé à l’événement en décembre 2015. Nous étions peu de temps après les attentats du 13 novembre, et la problématique que j’ai défendue à l’occasion de ce « Make it up » était : comment réduire le temps d’acheminement des secours sur les lieux d’un drame ? Comment alerter quand on ne peut pas téléphoner ? Globalement, comment améliorer la chaîne des secours ?
C’est autour de cette problématique que j’ai fédéré mon équipe, et 54 heures plus tard je suis monté sur scène pour présenter notre travail. Ce que j’ignorais, c’est qu’une partie importante des membres du Comex était présente, et notamment le directeur général de Thales Communications & Security (TCS) de l’époque.
Dans la salle il y avait également Olivier Flous, futur directeur de la Thales Digital Factory et Gérard Herby, responsable chez Thales de la business line « systèmes de protection » (PRS, à Vélizy), et notamment des systèmes de protection et de sécurité urbaine. Je précise cela car ces personnes, qui étaient présentes dans la salle à ce moment-là se sont révélées plus tard importantes dans l’aventure Heropolis et travaillent avec nous encore aujourd’hui.

Comment s’est terminé ce hackhaton ?

Au bout de ce hackathon, il y a eu une remise de prix. Notre projet a été plébiscité, mais le plus important est que cela nous a permis d’obtenir des financements et du temps, environ une journée par semaine, pour se consacrer à la suite du projet.
A ce moment-là nous étions cinq collaborateurs à travailler sur le projet, et nous avons alors pu développer l’embryon de ce qui est plus tard devenu Heropolis. Nous avons, pendant une période de six mois, travaillé sur une seconde itération du projet. C’est ce mode de fonctionnement qui prévaut dans les grands groupes : une période de six mois durant laquelle on développe le projet, on le teste, on évalue son potentiel en termes de marché… et on décide soit de continuer, soit d’arrêter. Pour Heropolis, il y a eu trois cycles d’itération.
Dès le deuxième cycle d’itération, l’approche « premiers secours » que nous avions privilégiée a été revue, pour appréhender ces problématiques de gestion de la sécurité de manière beaucoup plus globale. Nous avons décidé d’aller vers des solutions touchant à la possibilité d’alerter des secours, c’était l’idée de départ. Mais nous avons élargi le champ d’application aux équipements des agents de sécurité, des agents municipaux, pour adresser cette problématique de la gestion de la sécurité et de la sûreté de manière beaucoup plus large.
A la troisième itération, nous avons eu ce qu’on appelle un « no go ». Thales a arrêté de financer le projet, qui aurait donc pu s’arrêter là. Nous n’étions pas en alignement avec les stratégies de marché de Thales communications à ce moment-là, pour des raisons conjoncturelles.

Que s’est-il passé après ce « no go » ?

Cela a finalement été un mal pour un bien. Nous nous sommes rapprochés d’Olivier Flous, qui venait de créer la Thales Digital Factory, et qui a proposé à Thales Communications & Security de nous récupérer au sein de cette nouvelle entité. Nous sommes alors en septembre 2017.
Décision est alors prise, par Olivier Flous, le directeur général de TCS et un membre du Comex de Thales d’extraire sur base de volontariat quatre des cinq collaborateurs impliqués depuis le départ, de les enlever de leur poste et de les placer à temps plein pendant six mois, au sein de la Digital Factory, sur le projet.
Nous nous sommes donc retrouvés dans une nouvelle phase, au sein d’un écosystème de start-ups, avec une accélération notoire du projet. Le fait d’être hébergés au sein de la Thales Digital Factory nous a permis de rencontrer beaucoup de personnes qui nous ont apporté les compétences, les idées, le réseau, pour passer à une autre échelle sur le développement d’Heropolis.
C’est à cette période par exemple que nous avons pu rencontrer Patrice Caine, le PDG de Thales, qui a été le premier à nous conseiller de diriger nos développements vers des applications de gestion de la sécurité pour les entreprises. A ce jour d’ailleurs, les entreprises constituent nos principaux clients.
En avril 2018, nous avons rompu nos contrats de travail avec Thales pour fonder concrètement l’entité Heropolis. Nous étions les fondateurs de l’entreprise, et Thales en était le premier actionnaire.

Etant aujourd’hui en-dehors du groupe Thales, poursuivez-vous une forme de collaboration avec le groupe ?

Aujourd’hui je n’ai pas de tout coupé les liens avec Thales. C’est un groupe dans lequel je me suis toujours bien senti, d’ailleurs encore aujourd’hui nous développons beaucoup de synergies entre Heropolis et Thales.
Quand je suis arrivé avec mon premier prototype d’Heropolis, j’ai pu sortir du périmètre pur de mon poste chez Thales pour m’ouvrir à d’autres compétences très diverses. Thales a fait preuve à ce moment-là d’une grande ouverture d’esprit en permettant d’aller chercher des compétences, au sein du groupe, sur la commercialisation, le design, plusieurs sujets nécessaires au développement d’Heropolis et sur lesquelles je devais acquérir des compétences rapidement.
Ensuite, l’intégration dans la Thales Digital Factory a permis à notre équipe une acculturation rapide au monde de l’innovation digitale, que ce soit sur les aspects techniques, la RGPD… Nous avons également, grâce à Thales, pu accéder à beaucoup de salons spécialisés pour rencontrer des interlocuteurs et développer notre carnet d’adresse. Nous avons également grâce à Thales bénéficié de nombreuses formations. Au final, nous avons bénéficié d’une sorte de « mentoring » interne tout au long des phases de développement du projet.

Propos recueillis par Pierre Thouverez

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