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Le sport de haut niveau, un laboratoire d'innovations pour la société

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Le sport de haut niveau, un laboratoire d’innovations pour la société

Posté le par Nicolas LOUIS dans Innovations sectorielles

Longtemps cantonnées à la préparation des athlètes d'élite, les innovations issues de la science du sport trouvent aujourd'hui des applications dans la santé, l'autonomie et les loisirs. Ce glissement progressif est mis en lumière dans un rapport de l'OPECST, qui montre comment l'excellence sportive profite désormais au plus grand nombre.

Les innovations nées du sport de haut niveau débordent aujourd’hui largement du cadre des stades. La science du sport n’est plus l’apanage des athlètes d’élite, puisque les technologies créées pour optimiser la performance trouvent désormais des applications dans la santé, la rééducation ou le sport de loisir. C’est ce que montre un récent rapport de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques), qui décrit comment des outils imaginés pour l’excellence sportive bénéficient désormais à un public bien plus vaste, grâce à des passerelles toujours plus solides entre laboratoires, hôpitaux et centres de recherche.

Cette diffusion vers la médecine constitue l’un des progrès les plus marquants. Les travaux menés sur la motricité, indispensables à l’amélioration du geste sportif, sont directement mobilisés pour traiter des troubles neurologiques ou musculaires. L’activité physique, en stimulant la neuroplasticité – c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser – devient un outil majeur dans la prise en charge des AVC, de la sclérose en plaques ou des maladies neurodégénératives. Les techniques d’imagerie mentale et de représentation du geste, utilisées par les athlètes pour perfectionner leurs mouvements, produisent des effets comparables en rééducation post-AVC.

Cette convergence se matérialise déjà dans plusieurs centres spécialisés. Le Human Lab HIPE à Marseille intègre des protocoles d’entraînement issus du sport de haut niveau pour accompagner la rééducation des patients. À Saint-Étienne, la Chaire ActiFS étudie la gestion de la fatigue, qu’elle soit chronique ou aiguë, afin d’adapter l’activité physique aux besoins spécifiques de chacun, qu’il s’agisse d’un sportif ou d’un malade en convalescence.

Parmi les technologies devenues transversales, l’électrostimulation occupe une place de choix. D’abord utilisée pour la récupération musculaire et la prévention de l’atrophie chez les sportifs blessés, elle est aujourd’hui un outil majeur de rééducation fonctionnelle. Chez les paraplégiques, cette technique permet d’activer certains muscles inertes et de recréer des mouvements impossibles autrement. À Dijon, un rameur électrique utilisant des électrodes pour stimuler les jambes illustre ce transfert de la recherche sportive vers la médecine. Conçu pour les personnes handicapées, il reproduit un geste sportif naturel tout en améliorant les capacités respiratoires et la santé générale des utilisateurs.

L’impression 3D, un levier pour rendre les prothèses plus accessibles

La biomécanique, pilier du geste sportif parfait, transforme également l’appareillage médical. Grâce à l’analyse fine des mouvements, les prothèses gagnent en précision et en efficacité. C’est le cas de la prothèse Synsys de l’entreprise Proteor qui intègre un genou, une cheville et un pied dans un modèle unique, pour offrir une marche plus fluide en s’adaptant aux différentes phases du pas. Elle permet de réduire les dépenses énergétiques des utilisateurs, un enjeu majeur pour les personnes âgées ou les diabétiques amputés. L’impression 3D ouvre par ailleurs la voie à une démocratisation de ces technologies, en abaissant les coûts de production. Des entreprises comme Salomon, associée à Airbus, expérimentent déjà des prothèses plus accessibles pour des activités aussi exigeantes que le ski ou la course.

Cette diffusion technologique touche aussi le grand public et ses loisirs. Longtemps réservées à l’élite, les technologies de suivi de performance se sont démocratisées. Avec les montres GPS, les bracelets connectés et les capteurs de mouvement, chaque sportif amateur peut désormais analyser sa foulée, son rythme cardiaque ou ses progrès. Des applications comme Strava, Runkeeper ou Freeletics proposent des entraînements personnalisés grâce à des algorithmes inspirés de la préparation de haut niveau. Cette personnalisation, autrefois réservée aux champions, devient accessible aux joggeurs du dimanche comme aux cyclistes du quotidien.

Le transfert d’innovation ne concerne pas uniquement le sport pratiqué par les individus. Le secteur automobile en est une illustration parlante. Dans les compétitions mécaniques, les constructeurs conçoivent des véhicules prototypes soumis à des conditions extrêmes, afin d’améliorer la performance, la fiabilité et la sécurité. Les systèmes de freinage, les suspensions, les boîtes de vitesses ou encore les matériaux ultralégers sont d’abord testés dans ces environnements exigeants avant d’être adaptés et intégrés aux voitures de série. De cette manière, le sport automobile joue le rôle de laboratoire grandeur nature, où les innovations développées pour la compétition finissent par bénéficier à l’ensemble des conducteurs.

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Posté le par Nicolas LOUIS


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