Deux ans après sa fondation et une première levée de fonds réussie, la start-up française STELLARIA vient d’annoncer une seconde levée de fonds d’un montant de 23 millions d’euros. Pour la jeune pousse issue du CEA et de Schneider Electric, c’est un pas de plus dans le développement de son réacteur nucléaire à sels fondus à neutrons rapides, dont la commercialisation est prévue d’ici 2035.
Cette nouvelle levée de fonds, qui vient compléter le financement de 10 millions d’euros obtenu en tant que lauréat de l’appel à projets « Réacteurs innovants » de France 2030, permettra de financer l’ensemble des études techniques et réglementaires nécessaires à la mise en place d’une première installation à sels fondus. L’objectif : lancer les premiers essais de fission en 2029[1].
Un projet en plusieurs étapes et deux démonstrateurs
Le projet de STELLARIA est ambitieux, puisqu’il s’agit de concevoir un réacteur, le Stellarium, capable de régénérer entièrement ses combustibles pendant son fonctionnement, donc avec la promesse de « fermer » le cycle du combustible.
Pour y arriver, STELLARIA s’appuie sur une technologie émergente de réacteur à sels fondus de 4e génération et n’hésite pas à qualifier le Stellarium de « game changer ». La jeune entreprise peut d’ailleurs compter sur de nombreux soutiens à tous les niveaux : recherche (CNRS, CEA), industrie ou institutions, notamment via le programme France 2030.
Grâce à cette nouvelle levée de fonds, portée par les fonds américains à impact At One Ventures, Supernova Invest, ainsi que ses investisseurs historiques[2], STELLARIA va pouvoir doubler ses effectifs et ainsi accélérer la R&D, ce qui permettra de finaliser le développement du premier démonstrateur ALVIN, prévu pour 2029.
Une fois l’expérience de fission validée avec ce démonstrateur de 100 kW, STELLARIA enchaînera alors, en 2030, avec un prototype de 10 MW. Si tout se déroule comme prévu, STELLARIA sera ainsi en mesure de développer, d’ici 2035, le premier réacteur nucléaire au monde à sels fondus à neutrons rapides.

Nucléaire durable : de quoi parle-t-on ?
Parce qu’elle n’émet quasiment pas de CO2, la production d’énergie nucléaire est souvent qualifiée de décarbonée. Néanmoins, l’utilisation de combustible fossile ne permet pas pour autant de classer le nucléaire parmi les sources d’énergie durables.
C’est là que le futur réacteur Stellarium se démarque du nucléaire « classique », puisqu’il « se nourrit » des matières inutilisées par les centrales nucléaires actuelles.
La première étape consiste donc à récupérer les matières inemployées par les centrales nucléaires actuelles. Ces matières (Uranium, thorium, plutonium, américium) sont alors fondues dans les sels qui alimentent le Stellarium.
Ces sels sont ensuite assemblés selon les besoins, puis transportés sous forme de granules solides destinés à être fondus dans le réacteur.
Du point de vue du cycle de vie du combustible, ce réacteur Stellarium présente ainsi de nombreux atouts. Sur son site, STELLARIA explique que, d’une part « le Stellarium régénère autant de combustible qu’il n’en brûle en régénérant et fissionnant dans le combustible liquide in situ. »
Par ailleurs, « il peut aussi détruire les actinides mineurs et conserver la qualité du plutonium pour les générations futures. »
Et après 20 ans d’utilisation dans le Stellarium, le sel combustible peut alors être recyclé puis réutilisé indéfiniment dans les centrales actuelles, ou dans d’autres Stellariums.
Vers un nucléaire bas-carbone accessible aux industriels
Selon Frédéric Godemel, Directeur général Gestion de l’Énergie chez Schneider Electric, « ce projet offrira des solutions abordables et à impact pour la décarbonation industrielle, signe tangible des progrès réalisés dans l’industrie. »
Car l’enjeu du projet est bien là : proposer un modèle de réacteur permettant aux industriels électro-intensifs de devenir autonomes en énergie sur toute la durée de vie de leurs installations. Pour François Breniaux, General Partner chez Supernova Invest, STELLARIA est « la seule réponse à de nombreuses industries ayant besoin d’un approvisionnement énergétique de forte puissance avec une stabilité du prix sur une longue durée, avec la flexibilité des centrales gaz. »
En outre, Nicolas Breyton, PDG de Stellaria, n’hésite pas à présenter le projet comme « une étape clé vers la réindustrialisation durable de notre territoire. »
[1] Cette expérience critique sera réalisée dans un mini-réacteur démonstrateur nommé ALVIN, capable de délivrer 100 kW de puissance et dont le cœur mesure 50 cm.
[2] CEA Investissement, Technip Énergies, Exergon et Schneider Electric
[3] Le projet Stellarium et ses 2 démonstrateurs ALVIN et MEGALVIN









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