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Sur l’écologie, Emmanuel Macron est-il crédible ?

Posté le par Pierre Thouverez dans Entreprises et marchés

Lors d'un meeting à Marseille, Emmanuel Macron avait déclaré : « la politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». Aujourd'hui élu, voyons quelles propositions du candidat doivent placer l'écologie au cœur de la politique du quinquennat à venir.

Le candidat Macron a attendu l’entre-deux-tours pour parler d’écologie en évoquant le rapport du GIEC, paru depuis plusieurs semaines. Alors que sous son premier quinquennat, l’état a été condamné pour inaction climatique, et que la jeunesse est de plus en plus attentive à la problématique écologique, Emmanuel Macron a présenté durant sa campagne des propositions dans plusieurs secteurs d’activités, qui doivent permettre à l’hexagone d’accélérer sa transition écologique, sur tous les plans.

Un Premier ministre chargé de la planification écologique

La principale annonce concernant l’écologie est peut-être celle-ci : le Premier ministre qui sera nommé par le chef de l’Etat sera directement chargé de la planification écologique. Un terme qui était employé jusque-là plutôt par le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Une façon de montrer que l’écologie sera au centre de toutes les attentions dans les cinq années à venir. Dans le même temps, deux ministres seront nommés spécifiquement sur ces sujets. Le premier sera chargé de la « planification énergétique », le second de la « planification écologique territoriale ». Comme l’a précisé Emmanuel Macron, lors de son grand meeting de Marseille du 16 avril, le président « souhaite regarder aussi ce qui, venant d’autres propositions, permet de clarifier cette ligne avec une planification écologique ». Pour résumer, Emmanuel Macron se dit prêt à piocher de bonnes idées dans les programmes de ses adversaires. Un discours d’entre-deux-tours en somme, destiné à rassembler le plus largement possible, alors que l’action écologique du candidat est jugée par l’immense majorité des associations comme insuffisante, voire catastrophique.

Symboliquement, le futur président a également proposé de mettre en place une « fête de la nature », mais celle-ci existe déjà depuis plus de seize ans.

Plus concrètement, le programme du candidat Macron foisonne de propositions : plantation de 140 millions d’arbres, fermeture de plusieurs dizaines de décharges à ciel ouvert, accélération sur le véhicule électrique, taxe carbone, rénovation thermique… Il est pertinent de noter que certaines propositions citées sont dans la continuité des actions engagées lors du premier quinquennat, comme la rénovation de ce qu’on appelle les « passoires thermiques ».

Soutenir le développement des véhicules électriques

Parmi les propositions du candidat Macron, la volonté de soutenir financièrement les français désirant accéder à des véhicules électriques constitue un axe fort, spécifiquement destiné aux automobilistes à faibles revenus, qui sont aujourd’hui les plus impactés – financièrement parlant – par la hausse du prix des matières premières, et donc de l’essence. Ainsi, dès 2023, l’Etat entend mettre à disposition pour ces citoyens un parc de 100 000 voitures « décarbonées », accessibles pour un loyer inférieur à 100 euros par mois. Une mesure écologique, mais qui ne va pas sans soulever quelques interrogations.

Seconde proposition phare, mais qui n’est pas nouvelle par rapport aux engagements pris en 2017, la rénovation de quelques 700 000 logements par an. Un rythme compatible avec la stratégie nationale bas carbone, et une nécessité, alors que ce secteur produit environ 17 % des émissions annuelles de l’hexagone.

Ensuite, toujours durant l’entre-deux-tours, le candidat Macron s’est engagé à faire de la France le premier pays à sortir du pétrole, du gaz et du charbon. Il a également évoqué l’avion bas carbone, espéré d’ici à 2030, la décarbonation du secteur agricole grâce à la numérisation, et la réduction de 35 % des émissions dans l’industrie, d’ici à 2030.

De l’avis des experts, le programme écologique d’Emmanuel Macron se veut « optimiste ». Ainsi, le think tank « The shift project », qui travaille sur le développement d’une économie libérée de la contrainte carbone, a analysé les programmes écologiques de l’ensemble des candidats. Celui d’Emmanuel Macron, d’après le think tank, mais aussi d’après les exemples que nous venons de citer – avion carbone, numérisation de l’agriculture… – mise beaucoup sur les technologies et sur l’innovation pour décarboner les activités industrielles. Et c’est la critique principale venue du monde associatif : laisser à l’innovation le soin de décarboner les activités humaines est risqué, car le timing de mise en place de ces innovations est extrêmement incertain, voire inconnu. Ce qui ne participe pas à crédibiliser le projet porté par le nouveau président élu.

Par Pierre Thouverez

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