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Macron veut adapter les formations aux besoins

Posté le par Pierre Thouverez dans Innovations sectorielles

La reconduction d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, le 24 avril dernier, va permettre à ce dernier de poursuivre dans la voie tracée depuis cinq années, à savoir réformer en profondeur l'apprentissage, pour l'adapter aux besoins du marché en termes de compétences. Tour d'horizon du programme du candidat Macron pour l'éducation supérieure.

A la lecture du programme d’Emmanuel Macron, force est de constater que le nouveau président reste sur un constat déjà posé en 2017. Les écoliers français, en l’occurrence les collégiens, ne sont pas suffisamment mis en situation professionnelle lors de leur parcours scolaire.  Ainsi, le président souhaite que tous les enfants découvrent, à partir de la cinquième, les différents secteurs d’activités, en particulier ceux voués aux métiers techniques et manuels. Une volonté de sensibiliser les collégiens le plus tôt possible, pour pallier au désamour actuel des futurs étudiants pour certains secteurs industriels, qui manquent aujourd’hui cruellement de candidats. Ainsi, même si ce type de réforme ne concerne pas directement l’enseignement supérieur, elle doit contribuer à en changer le visage sur le moyen terme.

Des filières courtes et personnalisées

Former mieux, adapter les formations à la réalité du marché de l’emploi, donner les mêmes chances à tous… le programme du candidat Macron veut mettre en cohérence le marché de l’emploi avec celui de l’éducation supérieure et de la formation professionnelle. Avec la volonté d’ « ouvrir les places nécessaires dans les filières du supérieur qui correspondent aux besoins de la Nation, à commencer par les BTS, BUT, licences pro, et réguler les filières qui ne mènent pas assez à l’emploi. »

Derrière cette ambition, il y a des chiffres. La DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) a listé les métiers pour lesquels les offres d’emploi sont très supérieures à la demande. Les métiers de l’industrie et du bâtiment y sont surreprésentés. Techniciens, ingénieurs, cadres, manquent dans de nombreux secteurs : métallurgie, électricité, électronique, informatique, automobile, construction, travaux publics… Le déphasage entre les voies de formations professionnelles privilégiées par les étudiants et les besoins du marché de l’emploi n’est pas nouveau. Pour y remédier, Emmanuel Macron veut s’employer à réformer le lycée professionnel, en accroissant les stages en entreprises, pour familiariser plus tôt les futurs travailleurs avec le monde de l’entreprise. Mais la mesure phare sur ce plan consistera à moduler les places dans l’enseignement supérieur en fonction des besoins.

L’évolution des habitudes de travail fait évoluer les attentes des futurs salariés

Cependant, un phénomène de fond, déjà latent avant la pandémie de coronavirus, émerge aujourd’hui. Les conditions de chômage partiel avantageuses mises en place pendant la pandémie, et le recours massif au télétravail ont changé la vision de la société, et notamment des jeunes, par rapport au travail. Ainsi, de très nombreuses entreprises ont officialisé le télétravail pour leurs employés, trois jours par semaine. Ces facteurs ont vu les emplois avec des bas salaires boudés, mais la nouveauté est le nombre d’emplois accompagnés de hauts salaires qui ne trouvent pas preneurs. C’est ce qu’a récemment déclaré le patron de Safran, Ross McIness : « nos entreprises ont du mal à recruter dans des métiers qui sont plutôt bien payés ». Ce dernier fait également le lien entre le système scolaire français et les difficultés pour de nombreux secteurs à recruter.

L’évolution des habitudes de travail depuis deux ans va donc forcer les entreprises à s’adapter pour attirer les talents. Le télétravail, qui offre au salarié une autonomie nouvelle, a participé à faire grandement évoluer les consciences, et les attentes des employés quant à leurs conditions de travail. Cette problématique est particulièrement vraie dans l’industrie, ou le télétravail n’est pas adapté à tous les types de métiers.

Enfin, la volonté de plus en plus de jeunes de travailler à leur compte, en tant qu’entrepreneurs, est l’illustration de l’évolution de la valeur travail dans l’hexagone. En quête de sens, d’utilité publique, extrêmement sensibilisés à la cause écologique, ces derniers sont moins enclins à travailler coûte que coûte, ou plutôt à n’importe quels prix. La volonté d’Emmanuel Macron de conditionner le RSA à une activité a pour but de freiner cette dernière tendance, entre autres.

Au-delà de la volonté de l’Etat d’adapter au maximum les formations aux besoins du marché, les entreprises vont devoir s’adapter à cette nouvelle réalité du travail, pour proposer aux salariés une vie professionnelle à la hauteur de leurs nouvelles exigences.

Dans cette optique, la transition énergétique et écologique pourrait drainer des vocations, en cohérence avec cette volonté pour les futurs salariés de donner du sens à leur activité professionnelle.

Par Pierre Thouverez

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