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Le jeu risqué de Trump en Corée

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis, la Corée du nord et ses voisins ont été ravivées ces derniers jours suite une série de déclarations belliqueuses et d’exercices militaires. Après avoir menacé d’une intervention militaire unilatérale, Donald Trump se dit à présent prêt rencontrer le président nord-Coréen Kim Jong-un.

Des manœuvres et un bouclier anti-missiles

La montée des tensions en Asie du nord-est est liée à l’arrivée fin avril du porte-avions américain Carl Vinson et d’un sous-marin nucléaire dans le port coréen de Pusan. Ce mardi 2 mai, le porte-parole de la défense sud-coréenne, Moon Sang-gyun, a annoncé le déploiement de deux bombardiers américains B-1B lors d’une conférence de presse, ajoutant que l’exercice s’inscrivait dans le cadre des efforts de dissuasion face à la Corée du nord. En effet, les armées américaines et coréennes réalisent régulièrement des exercices en cette période de l’année.

Mais l’arrivée au pouvoir de l’imprévisible de Donald Trump a mis fin de facto à ce qu’il appelait « la patience stratégique » de l’administration Obama. Le président américain prévenant même qu’il était prêt à agir seul : « toutes les options sont sur la table ». Des propos qui ont naturellement inquiété le gouvernement chinois : « Nous sommes opposés au déploiement du système Thaad en Corée du Sud. Nous appelons les parties en présence à arrêter ce déploiement immédiatement et nous prendrons fermement les mesures nécessaires pour défendre nos intérêts », a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Geng Shuang.

Korea map
Carte géostratégique de la Corée du Nord

Prolifération nucléaire

Le cas nord-coréen est un exemple classique du risque lié à la prolifération nucléaire. Kim Jong-un et avant lui son père (Kim Jong-il), considère l’arme nucléaire comme le moyen de dissuasion ultime permettant la survie du régime communiste. Le régime de Pyongyang développe donc depuis des années un programme nucléaire visant à mettre en place toute une batterie de missiles de courte, moyenne et longue portée dotée de charges nucléaires (voir carte). C’est la raison pour laquelle Donald Trump a fait pressé l’installation du fameux bouclier anti-missiles. « L’administration Trump craint que la Corée du Nord finisse par développer un missile intercontinental qui représenterait une menace pour son territoire. Les États-Unis considèrent sérieusement à présent la possibilité de frappes préventives sur le Nord », expliquait Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong à Séoul à nos confrères de Mediapart.

Un cas de figure qui laisserait craindre d’énormes pertes des deux côtés de la frontière. En effet, malgré le bouclier Thaad, la Corée du nord représente selon les experts la 4ème plus grande armée du monde avec 1,19 million de soldats et officiers, et une réserve de 5,7 millions de miliciens. L’armée nord-coréenne est assise sur un vétuste mais impressionnant stock d’armes issu de la Guerre Froide (6 000 blindés, 500 avions de combat, 70 sous-marins…) sans compter les 21 000 pièces d’artillerie bunkerisées à la frontières. La chute du régime entraînerait par ailleurs des millions de réfugiés que les pays voisins ne souhaitent pas forcément accueillir.

Négociation géopolitique ?

Il n’est guère aisé d’interpréter le déploiement militaire américain et dans le même temps l’annonce de Donald Trump qui a surpris ce lundi expliquant être prêt à parler au dictateur nord-coréen : « La plupart des politiques ne diraient jamais cela, mais je vous dis que si les conditions étaient réunies, je le rencontrerais […]. Je serais honoré de le faire ». Un dialogue prôné par Pékin, seul véritable allié du régime nord-coréen. La Chine n’a rien à gagner de la fin du statu quo qui permet de maintenir la division d’une Corée concurrente. Le locataire de la Maison-Blanche, qui se présente comme un expert en négociation, cherche peut-être à user du dossier coréen, en laissant planer le risque de conflit, pour obtenir des concessions notamment économiques de la part du gouvernement chinois. Toujours est-il que cette pression supplémentaire va sans doute renforcer la volonté du régime de Pyongyang de s’équiper le plus tôt possible d’une force de dissuasion opérationnelle.

A noter qu’en pleine crise diplomatique, la Corée du sud organise elle-aussi son élection présidentielle. Malgré les vives tensions les favoris à l’élection, Moon Jae-in et Ahn Cheol-soo, se sont tous deux déclarés en faveur d’une reprise du dialogue avec le voisin du nord.

Romain Chicheportiche

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Posté le par Pierre Thouverez


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