La santé et la sécurité au travail sont un enjeu majeur pour les entreprises. L’impact humain mais aussi économique des accidents du travail et des maladies professionnelles est considérable et la maîtrise de ces risques est une priorité pour les employeurs, qui ont l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour en réduire continûment la probabilité d’occurrence.
Les métiers de la maintenance qui interviennent sur les matériels et les systèmes y sont tout particulièrement exposés. Ils sont soumis à de multiples dangers comme la présence d’énergies, de produits nocifs, d’ambiances agressives (bruit, chaleur, froid, humidité, vibrations, etc.), de conditions de travail pénibles et dangereuses (positions inconfortables, milieux confinés, travaux en hauteur, stress, etc.), et les études menées par différents organismes en France et en Europe montrent toutes que l’occurrence d’accidents graves, voire mortels, pour ces professions est nettement supérieure à la moyenne. Les activités de maintenance ont en effet des taux d’accidents et de maladies professionnelles très comparables à ceux des métiers du bâtiment et des travaux publics, malheureusement connus pour être très élevés.
L’analyse des risques encourus par les personnes qui réalisent des activités de maintenance, et plus particulièrement les tâches préventives et correctives menées sur les biens (industriels, de consommation, bâtiments et infrastructures), repose sur une démarche qui tient compte :
-
d’aspects humains et organisationnels qui interviennent dans l’organisation mise en place pour définir une stratégie, attribuer des responsabilités, coordonner les actions, faciliter les communications, assurer la formation, gérer les coactivités, etc. ;
-
d’aspects techniques liés aux actions de maintenance à effectuer, aux lieux où elles sont réalisées, et aux matériels et systèmes à maintenir.
C’est sur ce second aspect que porte cet article, sachant que les bonnes pratiques concernant l’organisation du travail, qui sont essentielles dans la maîtrise des risques, sont développées dans de nombreux documents provenant notamment des organismes en charge de la santé-sécurité au travail et auxquels on pourra se référer.
L’article propose une méthode générique pour identifier les dangers, évaluer les risques et déterminer les barrières de défense. Elle s’appuie sur les actions et développements suivants :
-
une classification des dangers en cinq catégories distinctes, structurées et aussi complètes que possible ;
-
l’introduction d’une échelle de gravité des dangers qui tient compte des incertitudes sur les conséquences des événements dangereux de manière à faciliter les comparaisons entre des dangers de différentes natures ;
-
la hiérarchisation des risques fondée sur la combinaison de la gravité, de la vulnérabilité et de la fréquence de la situation dangereuse, mais également de l’incertitude que l’on peut avoir sur cette fréquence ;
-
l’identification de moyens de maîtrise des risques à partir d’une classification des barrières de défense dans la chaîne causale conduisant à un accident ou à une maladie professionnelle ;
-
un processus d’amélioration continue pour réévaluer les risques au fil du temps en tenant compte des moyens de maîtrise retenus ;
-
l’identification de moyens de premiers secours à mettre en œuvre en cas d’accident, sur la base de la gravité des dangers, quelles que soient les fréquences des situations dangereuses.
L’approche présentée tient compte des spécificités des activités de maintenance, notamment les processus de mise en sécurité vis-à-vis des énergies et des fluides dangereux lors des interventions de maintenance (isolation simple ou renforcée, neutralisation, dispositions spécifiques en présence d’énergie), mais elle peut être mise en œuvre pour d’autres types d’activités moyennant d’éventuelles adaptations.