Devenue incontournable en cosmétique, l'émollience est utilisée pour qualifier un produit ou une crème qui apporte un certain confort lors de l’application et qui permet d'« adoucir » et d'« assouplir » la peau ou le cheveu. L’émollience recouvre en effet un ensemble de caractéristiques sensorielles associées à des propriétés comme la douceur, l’élasticité, l’étalement et la brillance de la peau ou des cheveux. À l'origine, le terme « émollient » était utilisé dans le domaine médical pour désigner une substance ayant pour propriétés d'amollir et de détendre les tissus de l'organisme. Les crèmes émollientes sont ainsi recommandées en dermatologie pour nourrir et soigner des peaux sèches ou à tendance atopique. Les huiles et les graisses d’origines végétales, animales, minérales et synthétiques, composés organiques insolubles, sont des émollients par excellence. Plus une huile est émolliente, plus elle offre une sensation de douceur lors de l’application cutanée. Ce phénomène est étroitement lié à la facilité d'étalement du produit sur la peau et à la formation d'un film protecteur sur la surface cutanée. Ce film dit « occlusif » permet de lutter contre la déshydratation de la peau. Ainsi, les émollients les plus gras s’étalent sur la peau avec plus de difficulté et ont un effet occlusif plus important par rapport à des substances moins grasses. En conséquence, les crèmes de nuit sont formulées en ajoutant principalement des agents émollients riches en lipides, qui favorisent l'occlusion. Des émollients moyennement gras entrent dans la composition des crèmes de jour tandis que des émollients plus volatils sont utilisés pour formuler des laits corporels destinés à être appliqués sur de grandes surfaces telles que les bras et les jambes. La sensorialité offerte par un émollient est directement reliée à ses propriétés physicochimiques et sa structure chimique. Ainsi, la facilité d’étalement ou le toucher léger et non collant dépendent principalement de la viscosité et de la tension de surface de l’émollient, découlant elles-mêmes de leurs structures moléculaires. Établir et maîtriser de telles relations se révèle être un atout majeur pour le concepteur d’émollients et le formulateur, qui recherchent en permanence de nouvelles structures émollientes innovantes pour répondre aux attentes des consommateurs mais également aux enjeux sociétaux comme le remplacement de certains ingrédients pétrosourcés, décriés pour leur empreinte écologique.
Après un état des lieux du marché des émollients ainsi qu'une description de l’organisation structurale de la peau, cet article présente en détails les principales familles d’émollients, à savoir les silicones, les esters et les hydrocarbures. Les principales propriétés physicochimiques et sensorielles permettant de caractériser les émollients sont détaillées et les relations entre leur structure chimique, leurs propriétés physicochimiques et leur profil sensoriel sont développées. Enfin, les aspects réglementaires et toxicologiques sont abordés, sur l’exemple des huiles de silicones, de plus en plus décriées depuis le début des années 2000 en raison de leur persistance dans l’environnement.