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Article

1 - LE RADAR ET SES CONTRE-MESURES

2 - THÉORIE

3 - CONCEPTION D’UN ENGIN FURTIF

4 - ZOOM SUR LE LOCKHEED F117

5 - ZOOM SUR LE F22 RAPTOR

6 - LE B-2 SPIRIT

7 - LE F-35 LIGHTNING

  • 7.1 - Du F-117 au F-35
  • 7.2 - Comparaison entre la furtivité du F-22 et du F-35

8 - LE B21 RAIDER

9 - MESURE DE SER

10 - CONCLUSION

11 - SIGLES, NOTATIONS ET SYMBOLES

Article de référence | Réf : TE6712 v2

Zoom sur le Lockheed F117
Furtivité électromagnétique

Auteur(s) : Fabrice AUZANNEAU

Date de publication : 10 nov. 2025

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RÉSUMÉ

L'histoire de la furtivité est assez récente, mais a connu une accélération dans les dernières décennies donnant lieu à plusieurs générations d'aéronefs furtifs, notamment le Lockheed F22 et le F22 Raptor.

Les engins furtifs sont conçus pour défléchir ou absorber les ondes et renvoyer vers le radar un signal très atténué. La furtivité repose sur quelques principes de base liés aux phénomènes électromagnétiques en présence. La surface équivalente radar de l’objet doit être réduite au maximum, afin qu’il soit détecté le plus tard possible par les radars.

La conception d’un engin furtif obéit à des règles en termes de forme, de cavités, de choix de matériaux absorbants. Depuis ces avancées, la furtivité a été appliquée avec succès aux missiles, drones et navires de guerre.

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Auteur(s)

INTRODUCTION

La furtivité désigne l’ensemble des caractéristiques techniques d’un aéronef (ou d’un véhicule militaire en général) conçues pour réduire sa signature face aux moyens de détection ennemis. On parle classiquement de furtivité radar, mais on peut l’envisager pour l’infrarouge, l’acoustique et la vision (camouflage, formes, peintures spécifiques). C’est une propriété technologique et structurelle. A contrario, la discrétion est une démarche tactique ou comportementale. Il s’agit d’un ensemble de pratiques et de stratégies visant à minimiser les chances de détection, indépendamment du niveau de furtivité technologique. Quelques exemples : vol à basse altitude pour éviter les radars (nap-of-the-earth flying), silence radio, utilisation de zones d’ombre radar, choix d’un moment d’attaque où les défenses sont affaiblies. Cet article adresse la problématique de la furtivité, principalement vis-à-vis du radar.

La furtivité électromagnétique, souvent désignée par le terme anglais « stealth », est donc une technologie visant à réduire la détectabilité des aéronefs par les systèmes de détection radar. Elle repose sur plusieurs principes fondamentaux, notamment la déflexion et l’absorption des ondes radar. Les avions furtifs sont détectés plus tard par les radars ennemis, ce qui leur permet de mener à bien des missions de pénétration. L’idée de la furtivité électromagnétique a émergé durant la Guerre froide, lorsque les États-Unis et l’Union soviétique cherchaient à développer des avions capables de pénétrer les défenses aériennes adverses sans être détectés. Les premiers travaux sur la furtivité ont commencé dans les années 1950 et 1960, mais c’est avec le développement du Lockheed F117 Nighthawk dans les années 1980 que la technologie a vraiment pris son essor. Le F117, avec ses formes angulaires et ses matériaux absorbants, a démontré la viabilité de la furtivité en opérations réelles, notamment lors de la guerre du Golfe en 1991. Il n’a cependant été abattu qu’une seule fois en mission opérationnelle, en 1999, en Serbie pendant la guerre du Kosovo.

Depuis la technologie a évolué de manière significative. Les avions modernes comme le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II, les bombardiers B2 Spirit et B21 Raider, intègrent des designs plus sophistiqués et des matériaux avancés. Ces avions ne se contentent pas de réduire leur signature radar, mais cherchent également à minimiser leurs signatures infrarouge et acoustique, rendant leur détection encore plus difficile. Cependant, la conception d’un avion furtif est extrêmement complexe. Les concepteurs doivent équilibrer les exigences de furtivité avec celles de performance aéronautique, de maniabilité et de capacité de charge. Les formes angulaires et les matériaux absorbants peuvent augmenter le poids et réduire l’efficacité aérodynamique. De plus, les avions furtifs sont généralement très coûteux à développer et à entretenir. Les matériaux avancés, les technologies de pointe et les maintenances spécifiques augmentent considérablement les coûts.

La simulation et le calcul de la surface équivalente radar (SER) représentent une problématique cruciale dans le développement des avions furtifs. La SER est une mesure de la réflectivité d’un avion aux ondes radar, et sa minimisation est essentielle pour en réduire la détectabilité. Cependant, simuler et calculer avec précision la SER est une tâche extrêmement complexe en raison de la multitude de facteurs impliqués, tels que la géométrie de l’avion, les matériaux utilisés, les angles d’incidence des ondes radar, etc. Les méthodes de simulation numérique, bien que puissantes, doivent souvent faire face à des limitations en termes de résolution et de temps de calcul, surtout pour des structures aussi complexes. Les avancées dans les algorithmes de calcul haute performance et les techniques de modélisation avancée, comme la méthode des éléments finis et les techniques d’optimisation, voire l’intelligence artificielle, sont donc essentielles pour permettre une évaluation précise de la SER, garantissant ainsi l’efficacité des designs furtifs.

Aujourd’hui, la furtivité électromagnétique des avions est une technologie cruciale pour les opérations militaires modernes. Elle permet aux avions de pénétrer les défenses aériennes adverses avec une probabilité de détection réduite, offrant ainsi un avantage tactique significatif. Cependant, cette technologie présente des défis importants en termes de conception, de coût, de maintenance et d’adaptation aux menaces évolutives. Les avancées futures dans ce domaine devront continuer à équilibrer ces différents aspects pour maintenir l’efficacité opérationnelle des avions furtifs dans des contextes de défense évolutifs.

Les figures de ce dossier sont visibles en couleurs dans la version électronique sur le site des Techniques de l’Ingénieur.

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VERSIONS

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v2-te6712


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4. Zoom sur le Lockheed F117

Le tableau 3 résume les spécifications du F117.

Issu du programme de recherche « Skunk works » des années 1970, le prototype Have Blue a donné naissance au F117 qui a volé pour la première fois en juin 1981. La structure d’aluminium et titane est entièrement revêtue de matériau absorbant, fait d’un polymère chargé par des particules ferreuses. Ce matériau, initialement appliqué par plaques collées, a par la suite été projeté sur l’avion, celui-ci étant tourné tel un poulet dans une rôtissoire.

Les structures de l’avion utilisent aussi largement les composites NIDA (ou nid d’abeille) qui, s’ils ne sont pas chargés en fer, laissent passer l’onde radar sans presque l’altérer (à condition qu’il n’y ait pas d’obstacle à l’intérieur, câble ou tuyau, par exemple). Les bords d’attaques des ailes, les dérives et bords de fuite sont faits en composites structurants chargés par des absorbants radar.

Les réacteurs sont au fond des conduits d’air courbés, dont les entrées sont fermées par des grillages (figure 39) eux-mêmes revêtus d’une peinture absorbante. Si la longueur d’onde de l’onde radar incidente est supérieure au pas du grillage, celui-ci est vu comme une plaque métallique et l’entrée d’air ne participe pas plus à la SER que le reste de l’avion. Par contre, cela a un fort impact sur les performances des réacteurs et limite le F117 au haut subsonique.

Les sorties des réacteurs sont allongées afin de faciliter le mélange de l’air chaud expulsé avec l’air froid ambiant pour réduire la signature dans l’infrarouge. Ainsi, l’avion est moins vulnérable aux missiles ennemis guidés par autodirecteur IR. Les parois visibles sur la figure 39 dans les sorties d’air sont prévues pour en diminuer la SER (effet similaire aux dents de scie).

Toujours pour des raisons de furtivité, le F117 n’est pas équipé d’un radar, mais de systèmes de détection infrarouge passifs (FLIR : Forward Looking Infra Red, DLIR : Downward Looking Infra Red) et d’un laser pour illuminer ses cibles (visibles sur la figure 40b) sous le cockpit à l’avant. En vol, cette cavité est aussi fermée par un grillage.

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - AUZANNEAU (F.), ZIOLKOWSKI (R.W.) -   Étude théorique de matériaux bianisotropes synthétiques contrôlables.  -  Journal de Physique III, pp. 2405-2418 (1997).

  • (2) - BÉRENGER (J.-P.) -   A perfectly matched layer for the absorption of electromagnetic waves.  -  Computational Physics, vol. 114, pp. 185-200 (1994).

  • (3) - BOUCHE (D.), MOLINET (F.), MITTRA (R.) -   Asymptotic methods in electromagnetic.  -  Springer (1997).

  • (4) - DAVID (A.) -   Analyse des signatures de cibles à l'aide du Radar HF-VHF multi fréquence et multi polarisation MOSAR.  -  Thèse, Université de Rennes (1999).

  • (5) - HARRINGTON (R.F.) -   Time-harmonic electromagnetic fields.  -  McGraw-Hill (1961).

  • (6) - HARRINGTON (R.F.) -   Field...

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