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Keyprod est un bon exemple de réindustrialisation

Interview

« Keyprod est un bon exemple de réindustrialisation »

Posté le par Pierre Thouverez dans Entreprises et marchés

La société Keyprod, récompensée par le global award (catégorie transition énergétique) lors du salon Global Industrie, développe des boîtiers IoT qui s’aimantent sur les machines et captent leurs vibrations et les analysent, pour in fine améliorer leurs performances industrielles.

Les boîtiers développés par Keyprod s’accompagnent d’une application web, qui centralise les données récoltées et permet une gestion plus performante de l’ensemble du parc machines d’un atelier.

César Allievi, Responsable marketing de l’entreprise, a répondu aux questions de Techniques de l’Ingénieur, quelques jours après la récompense obtenue lors de l’édition 2023 du salon Global Industrie.

Comment est né Keyprod ?

L’histoire de Keyprod débute en 2008 lorsque Damien Marc, actuel CEO de l’entreprise, reprend l’entreprise gérée par son père, JPB Système, une société industrielle du secteur aéronautique, produisant des fixations et des bouchons pour les moteurs d’avion. Ces vis et ces bouchons ont la particularité de ne pas se dévisser, ce qui constitue en soi une innovation majeure et brevetée. En 10 années, Damien Marc a fait grandir cette entreprise, qui est aujourd’hui leader mondiale sur son marché, et également une vitrine de l’industrie du futur avant l’heure.

César Allievi, Responsable marketing de Keyprod. ©Keyprod

Pour en arriver là, il lui a fallu trouver de nouveaux clients, et être en capacité de produire plus. Damien Marc a donc intégré de nouvelles machines dans les ateliers, et JPB Système est passé du statut de bureau d’études en recherche et développement à celui de producteur à part entière.

De nouvelles machines ont donc tout de suite été installées dans les ateliers, en les automatisant immédiatement. L’automatisation des process a permis de gagner en productivité et de dégager du temps, qui était auparavant consacré à des tâches n’ayant aucune valeur ajoutée. Nous avons donc digitalisé nos process nativement, ce qui nous a également permis de commencer à collecter une grande quantité de datas. Aussi, nous avons rapidement robotisé toutes les tâches à faible valeur ajoutée, ce qui nous a amélioré la performance globale de nos process de production.

En 2017, nous avons intégré l’accélérateur de Bpifrance, ce qui a été le véritable déclencheur de la genèse de Keyprod. Cet accélérateur nous a permis de faire du networking, de faire visiter nos installations à de nombreux industriels, qui ont été pour la plupart très intéressés par nos installations, et désireux de faire la même chose dans leurs usines.

De son côté, Damien Marc a continué à phosphorer sur le sujet, jusqu’au jour où, au détour d’une conversation avec un opérateur dans l’atelier, ce dernier a couru pour stopper une machine car il avait entendu un son qui n’aurait pas dû se produire. Il a ainsi évité la casse d’un outil…  et a provoqué un déclic chez Damien Marc, qui venait de trouver le langage commun de toutes les machines de production : la vibration. A partir de là, nous avons amassé des données sur les vibrations de tous les types de machines, c’est comme cela que Keyprod est né.

En quoi consiste la solution que vous proposez aujourd’hui ?

La solution que nous proposons est une sorte de middleware, avec d’un côté des boîtiers IoT qui s’aimantent sur les machines et captent leurs vibrations, les comprennent grâce à de l’algorithmique, de l’IA et du machine learning, et vont ainsi être en mesure de comprendre les cycles de production pour pouvoir retranscrire ces captations en indicateurs de performance industrielle.

Ils peuvent être positionnés n’importe où sur la machine, et se paramètrent en moins de cinq minutes.

De l’autre côté, nous avons développé une application web qui va agréger toutes ces données et permettre de conduire plus efficacement des process d’amélioration continue de la production industrielle, sur tout le parc machines d’une chaîne de production. Ce boîtier IoT, disposant d’un écran tactile qui sert d’interface à l’opérateur, a reçu l’award de la transition numérique pendant l’édition 2023 du salon Global Industrie. Il va informer in fine l’opérateur de toutes les causes de non production, qui seront ensuite analysées par le manager grâce à l’application web dédiée.

Quels sont les différents niveaux d’utilisation de ces boîtiers ?

Nous allons avoir deux niveaux d’utilisation. D’abord, il est possible de régler un seuil de vibration au-dessus duquel il y a production, et en-dessous duquel il y a non production. Déjà, cette information permet de calculer les temps de production et de faire fonctionner 90% de l’application, ce qui fournit des données fiables sur les taux de performance, de disponibilité machine, de charge… Ceci permet d’établir le pareto des pertes en complétant les causes, que ce soit sur le boitier tactile ou dans l’application directement.

Le second niveau d’utilisation concerne notre boîtier KEYNETIC, celui qui a reçu l’award. Ce dernier fonctionne un peu comme la célèbre application Shazam, qui reconnaît le titre d’une chanson et son auteur grâce à l’audio de la chanson en question. Au contraire de Shazam, qui dispose d’une base de données dans laquelle il va identifier des titres, nos boîtiers vont apprendre la signature vibratoire du cycle de production d’une pièce produite, pour ensuite les reconnaître automatiquement et effectuer un comptage des pièces produites. Il faut en général environ cinq minutes au boîtier pour collecter les données de vibrations nécessaires à son paramétrage.

Revenons à l’édition 2023 du salon Global Industrie. Qu’attendiez-vous de votre participation cette année ?

Il s’agit de notre seconde participation au salon Global Industrie. Nous avons lancé la commercialisation de nos boîtiers en 2022, il s’agit donc en 2023 pour nous d’une phase d’accélération. Global Industrie nous permet de rencontrer de nouveaux clients potentiels, de faire connaître notre projet et d’élargir notre réseau dans le secteur industriel.

La volonté derrière le développement de nos boîtiers et de l’application est de donner de l’autonomie à nos clients. Ainsi, le temps de paramétrage très court, et l’accompagnement initial que nous fournissons à nos clients leurs permettent, rapidement, d’être totalement autonomes sur la gestion de ces outils, ce qui n’est pas forcément le cas des solutions disponibles sur le marché.

Pour terminer, quel est votre point de vue sur la réindustrialisation de l’hexagone et le made in France, deux sujets dont on parle beaucoup en ce moment ?

Notre solution a été créée par l’industrie, pour l’industrie. Nous sommes des fervents défenseurs du made in France, convaincus que l’hexagone compte de nombreux savoirs faire, dans tous les domaines. Nous en sommes un parfait exemple, puisque nous avons développé des compétences de très haut niveau sur des domaines comme le digital, les hardwares, l’algorithmique, les logiciels embarqués, le traitement du signal… tout cela 100% en France. D’ailleurs, notre histoire, qui débute avec JPB Système, et se poursuit aujourd’hui avec Keyprod, montre la capacité de notre industrie à développer des compétences nouvelles et être innovante et compétitive. Il s’agit selon moi d’un excellent exemple de réindustrialisation.

Propos recueillis par Pierre Thouverez

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