Pour la première fois de son histoire, Pékin a annoncé que les capacités de production d'énergie de ses centrales éolienne et photovoltaïque installées sur son territoire ont dépassé celles des centrales thermiques. Malgré cette étape majeure, le charbon reste la première source d'électricité de la Chine.
C’est une première pour un pays qui a bâti sa croissance économique pendant des décennies sur une production d’électricité fortement carbonée. La Chine vient de voir ses capacités de production d’énergie éolienne et solaire dépasser celles des centrales thermiques, marquant une étape majeure dans sa transition énergétique. Selon les données de l’Administration nationale de l’énergie (ANE), à la fin du premier trimestre 2025, la capacité installée combinée de l’énergie solaire et éolienne a atteint 1 482 gigawatts (GW), dépassant la capacité thermique, qui plafonne à 1 451 GW. Cette progression est le fruit de nouveaux investissements records dans les énergies renouvelables, puisqu’au cours des trois premiers mois de l’année, le pays a ajouté 74,33 GW de nouvelles capacités solaire et éolienne.
Ce tournant énergétique chinois ne s’est pas fait en un jour. Dès le début des années 2010, le pays s’est imposé comme un acteur incontournable du photovoltaïque mondial, à la fois en termes de production d’équipements et de déploiement domestique. En 2024, les énergies solaire et éolienne ont produit 1 830 milliards de kilowattheures (kWh), soit environ 20 % de l’électricité nationale, mais ce niveau est encore loin d’une domination en volume. Le charbon reste en effet une réalité structurelle du système électrique chinois, puisqu’il représente encore environ 60 % de l’électricité produite. À titre de comparaison, cette part s’élevait à environ 80 % en 2011.
Cette difficulté à réduire plus fortement le rôle joué par le charbon est liée entre autres à la forte augmentation de la consommation électrique en Chine. Celle-ci a progressé de près de 7 % l’année dernière, après une augmentation comparable l’année précédente. Cette hausse s’explique notamment par le développement de nombreuses industries à forte intensité d’électricité, telles que les semi-conducteurs, qui nécessitent la fabrication de métaux comme l’acier, l’aluminium et le cuivre. Ainsi que par l’électrification des transports, puisque environ un véhicule sur deux mis en circulation est électrique ou hybride rechargeable.
De nouvelles centrales à charbon construites pour stabiliser le réseau électrique
Malgré l’essor des énergies renouvelables, la Chine reste donc fortement dépendante du charbon. En 2024, le pays a approuvé par ailleurs la construction de 99,5 GW de nouvelles capacités de production d’électricité au charbon, une décision dénoncée par certaines ONG environnementales, mais justifiée par les autorités comme une mesure de soutien à la stabilité du réseau. Le caractère intermittent du solaire et de l’éolien, combiné à une demande énergétique toujours croissante, oblige en effet Pékin à maintenir des centrales thermiques pour garantir la sécurité d’approvisionnement. Pour compléter son offre d’électricité bas carbone, le pays mise aussi sur le développement du nucléaire (environ 57 GW installés fin 2024, avec une dizaine de réacteurs en construction) et de l’hydroélectricité (environ 420 GW).
Tout en étant le leader mondial en matière de développement des énergies renouvelables, la Chine reste encore le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre dans le monde. Elle s’est engagée à atteindre un pic de ses émissions de CO₂ avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. Ces engagements nécessiteront une transformation radicale du mix électrique au cours des deux prochaines décennies. Selon les projections de l’AIE, la Chine devrait représenter près de 60 % de l’ensemble des capacités renouvelables installées dans le monde d’ici 2030, sur la base des tendances actuelles du marché et des cadres politiques actuels par les gouvernements.
Le président Xi Jinping a réaffirmé le mois dernier, lors d’un sommet sur le climat coorganisé par les Nations unies et le Brésil, que les efforts de la Chine « ne ralentiront pas, quelle que soit l’évolution de la situation internationale ». Une déclaration perçue comme un signal politique fort, dans un contexte géopolitique tendu et de repli de certains pays, comme les États-Unis, sur leurs objectifs climatiques. Avec des investissements continus et une volonté politique affirmée, la Chine semble déterminée à poursuivre sa transition vers une économie plus verte et durable.
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