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Interview

Une ligne pilote pour évaluer la recyclabilité des emballages plastiques souples

Posté le par Arnaud Moign dans Environnement

En 2018, 310 000 tonnes d’emballages souples en plastique ont été mises sur le marché. Si une partie de ces emballages omniprésents dans notre quotidien est déjà recyclée, l’extension des consignes de tri nécessite de disposer de moyens efficaces pour évaluer la recyclabilité de ces emballages particuliers. Le 23 septembre 2021, le Centre Technique Industriel de la Plasturgie et des Composites (IPC) a inauguré une ligne pilote permettant aux industriels d’évaluer la recyclabilité de leurs emballages plastiques souples. Jaime Rodrigues et Gilles Dennler d’IPC répondent à nos questions à ce sujet.

Le Centre Technique Industriel de la Plasturgie et des Composites (IPC) est un acteur de référence en innovation plastique et composite en France. Sa ligne de tests de recyclabilité à destination des emballages plastiques souples a été co-financée par l’Union européenne (fonds FEDER), par IPC en fonds propres et soutenue financièrement par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour en apprendre plus sur les objectifs et le fonctionnement de ce projet, nous avons échangé avec Gilles Dennler et Jaime Rodrigues, respectivement directeur de la recherche et responsable du service Développement Matériaux chez IPC.

Techniques de l’Ingénieur : Le recyclage des emballages souples est associé à des enjeux forts. Quelle est la genèse de ce projet ?

Gilles Dennler, directeur de la recherche à IPC
(Crédit : IPC)

Gilles Dennler : Ce projet a démarré en 2018, lorsque CITEO a sollicité IPC dans le cadre de l’extension des consignes de tri. Cette extension du tri à d’autres types d’emballages, notamment aux emballages souples, a fait émerger de nouvelles problématiques en matière de recyclage.

Bien qu’il existe déjà des lignes industrielles permettant le recyclage des emballages souples et multicouches en Europe – il y en a au moins deux en France –, la recyclabilité de nombreux emballages nécessite encore d’être évaluée. Plutôt que de le faire à grande échelle, IPC a proposé la création de cette ligne pilote.

Actuellement, l’extension des consignes de tri concerne environ 1 Français sur 2, l’enjeu étant pour CITEO de couvrir l’ensemble de la France d’ici les prochaines années. Établir des protocoles de recyclage pour chaque matériau est donc nécessaire pour assurer une meilleure valorisation matière en sortie de centre de tri.

Pourquoi distinguer un emballage souple d’un emballage rigide ? Quelles sont les différences ?

Jaime Rodrigues, responsable du service Développement Matériaux. (Crédit : IPC)

Jaime Rodrigues : Pour le moment, il n’existe pas vraiment de définition officielle d’un emballage souple. CITEO propose cependant de différencier les matériaux rigides des souples par leur capacité à être transportés plus ou moins loin au cours d’un essai de séparation balistique [les séparateurs balistiques permettent le tri de tous types de déchets, grâce notamment à des palettes de criblage ajustables, NDLR].

Avoir une définition claire est essentiel, car d’un point de vue technique, les emballages souples ne se comportent pas de la même manière lors du tri et du recyclage. Pour concevoir cette ligne, nous n’avons pas démarré de zéro, puisque nous possédions déjà des briques technologiques associées au recyclage des matériaux rigides (broyeurs, systèmes de régénération-filtration, etc.). Néanmoins, le recyclage des emballages souples nécessite des équipements spécifiques et donc des investissements, en particulier pour le broyage (les films souples ayant tendance à s’enrouler autour du rotor des broyeurs à couteaux classiques) et la densification.

D’un point de vue technique, comment fonctionne cette ligne ?

J.R : Cette ligne a été développée selon un protocole d’évaluation de la recyclabilité défini avec le COTREP [Le Comité Technique pour le Recyclage des Emballages Plastiques (COTREP) est l’organisme qui réunit Citeo, Elipso, Valorplast et SRP, NDLR]. Ce protocole décrit les moyens mis en œuvre, la manière d’utiliser les équipements ainsi que les différents essais qui doivent être conduits pour valider ou non la recyclabilité d’un nouvel emballage souple. Évaluer la recyclabilité consiste à vérifier qu’un nouveau matériau ne vienne pas perturber le recyclage d’un flux existant. Ce flux de référence a été validé par le COTREP : il s’agit d’un film en polyéthylène basse densité déjà recyclé.

En 2021, IPC a ainsi travaillé avec le COTREP sur la recyclabilité de 5 types d’emballages souples sur base PEBD [polyéthylène basse densité, NDLR], certains intégrant une barrière EVOH [pour Ethylene vinyl alcohol, NDLR], une pollution PP [polypropylène, NDLR] rigide et une barrière polyamide. Ces travaux continueront sur l’année 2022. Une partie des résultats a déjà été rendue publique et le COTREP a fait paraître deux avis généraux en septembre 2021.

Le protocole complet est résumé dans le synopsis ci-dessous :

En détail, le protocole de l’évaluation de la recyclabilité des plastiques souples. Crédit : IPC

Les industriels de l’emballage peuvent-ils utiliser cette ligne test de recyclage ?

J.R : Le COTREP a signé une convention avec IPC lui permettant d’utiliser cette ligne pour valider de nouvelles solutions de recyclage pour les emballages souples. En dehors de notre partenariat avec le COTREP, IPC propose également aux industriels de tester la recyclabilité de leurs emballages, par le biais de prestations. La force d’IPC c’est d’être multi-secteurs et nous avons l’habitude de travailler avec toutes sortes de matériaux plastiques et composites, y compris des matériaux très techniques comme le PEEK [le polyétheréthercétone, un thermoplastique semi-cristallin, NDLR], ou le polyamide.

Le but de cette ligne n’est pas d’innover, mais de proposer aux industriels qui souhaitent évaluer le recyclage de leurs matériaux souples un équipement qui ressemble aux lignes de recyclage existantes, sans nécessiter de gros volumes pour les essais. Selon leurs besoins, la recyclabilité peut ainsi être évaluée en suivant les protocoles validés par CITEO ou par les protocoles qu’ils nous auront fournis.

Pour aller plus loin

Posté le par Arnaud Moign


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