Face aux questions de santé relatives à leurs employés, les entreprises se trouvent souvent en difficulté. C’est particulièrement vrai pour les ingénieurs et les managers pour qui les médecins sont seuls à détenir une légitimité dans ce domaine. Il s’ensuit que la posture dominante est surtout réactive quand surviennent des situations de crise. Les actions de prévention sont fréquemment considérées comme des dépenses improductives générées par de multiples obligations réglementaires. L’attention est surtout portée aux questions de sécurité. S’agissant de la santé, si les facteurs de risques chimiques, physiques et biologiques sont mieux pris en compte, les facteurs organisationnels sont moins souvent analysés et gérés.
Bien que la démarche d’évaluation des risques soit une obligation, elle reste peu appliquée, faute de compétences et d’une compréhension de ses raisons d’être. Or, si elle engage la responsabilité du dirigeant, l’intérêt de cette démarche est bien plus large : c’est la base de la planification des actions de prévention. La cartographie des risques ne demande pas nécessairement des enquêtes complexes et coûteuses. De nombreuses données sont disponibles en routine pour ce faire, mais elles sont peu exploitées sous l’angle de la santé. Non seulement la mesure des risques est indispensable pour leur maîtrise, mais c’est aussi une condition d’un dialogue social fructueux.
Actuellement, par rapport à l’emploi, aux questions de rémunérations, d’avancement et de relations du travail, la santé n’est pas une priorité. Les entreprises n’en ont pas une vision claire faisant la part du rôle de la médecine du travail, de l’importance respective des facteurs individuels et environnementaux qui influencent l’état de santé, de la place du système des soins médicaux. Cependant, cette situation évolue. D’une part, l’importance de la qualité de vie au travail ou du bien-être au travail fait l’objet d’une attention croissante qui répond à une forte attente sociale. D’autre part, la santé fait pleinement partie des démarches de responsabilité sociale et de développement durable dont les entreprises comprennent de mieux en mieux l’intérêt et qui font l’objet de référentiels de certification.
Cet article vise à fournir des éléments de cadrage pour aider les entreprises à investir efficacement dans la santé de leurs employés au-delà des obligations réglementaires. Dans une première section, il explicite les principales raisons des difficultés rencontrées. La deuxième section présente un panorama des enjeux et des grands problèmes de santé auxquels les entreprises doivent porter attention. La dernière section propose une ligne d’actions pour aider les entreprises à mieux gérer ces questions pour en faire un levier de performance.