La pandémie du Covid-19 a mis en exergue le télétravail ; qualifiée de « nouvelle pratique » en France où elle était, il est vrai, assez confidentielle jusqu’à présent, cette pratique n’est guère nouvelle puisque existante depuis 1975 aux États-Unis sous la forme du telecommuting (cher à Jack Nilles). Initié par une accélération de la digitalisation mais également par une recherche de l’efficacité économique (réduction des coûts), ce mouvement a été accéléré par la pandémie.
Le télétravail a généré un grand nombre d’articles de presse et a fait (et continue de faire) la une de nombreux médias. Il fait également l’objet de nombreuses discussions et de nombreux débats entre le patronat, les syndicats, le gouvernement et les salariés.
Comme d’habitude dans ce genre de situation émergente, deux écoles se sont instituées :
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oui le télétravail apporte réellement une nouvelle dimension sociale à l’audit, c’est une révolution sociétale et il faut le développer, et à l’opposé ;
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non le télétravail est à proscrire car il est asocial, il ne profite qu’au patronat, appauvrit l’auditeur et a tendance à renfermer l’individu sur lui-même.
En corollaire, la demande relative à la réalisation d’audits à distance, autrement qualifiés « d’audits dématérialisés », d’e-audit, d’audits virtuels, d’audits nomades, de téléaudits (par analogie avec le télétravail) voire d’audits phygitaux (mix de présence physique et de digital) s’est développée. Mais ces pratiques suscitent encore, malgré tout, un grand nombre d’interrogations.
En revanche les outils et méthodologies utilisés lors des audits à distance sont appliqués avec succès dans d’autres pratiques telles que le télédiagnostic médical (le télédiagnostic n’est-il pas une forme d’audit à distance ?), les conférences, les réunions de travail par exemple ou encore l’enseignement à distance (alias le téléenseignement et les MOOC, massive open online courses). Toutes ces pratiques participent à la dématérialisation des pratiques et des procédures en place.
Après avoir établi, au paragraphe 1, les notions nécessaires à un développement sur l’audit, nous analyserons, dans le paragraphe 2, les avantages et les inconvénients des audits à distance, puis nous examinerons les incidences de l’audit à distance sur le processus d’audit (§ 3), avant d’émettre quelques réflexions et nous poser quelques interrogations. Le paragraphe 4 permettra d’assimiler les spécificités du télétravail puis d’envisager l’audit du télétravail avant de conclure avec une solution hybride de l’audit à distance.
Nous utiliserons dans ce développement les termes d’« audit à distance » (remote audit) et d’« audit classique » (on site audit).