L’Entreprise industrielle manufacturière ou de procédés est profondément impactée par les transitions numérique, énergétique et écologique dans son mode de management, dans la conception de ses usines et ateliers, dans sa relation avec la Société en général.
La « révolution numérique » a été rendue possible par la puissance des ordinateurs qui double tous les 18 mois selon la loi de Moore. Elle s’appuie sur l’utilisation à outrance d’Internet, de capteurs les plus divers, sur la possibilité de transférer pratiquement instantanément dans le monde entier des masses considérables de données (Data) qu’il s’agisse de textes, de photos, de plans, de sons, de vidéos… et de les traiter à l’aide d’algorithmes de plus en plus sophistiqués.
A cela s’ajoute la concurrence effrénée née de la globalisation, de la montée en puissance de la Chine, des déséquilibres qu’entraînent la disparité des coûts de main d’œuvre, de la disponibilité de certaines matières premières stratégiques (cuivre, lithium, terres rares…), de l’apparition des gaz et pétrole de schiste qui, en quelques années, ont mis les Etats-Unis à égalité avec l’Arabie Saoudite du point de vue de la production pétrolière alors qu’ils en dépendaient depuis des décennies.
En l’espace de quelques années sont apparus des termes nouveaux : usine du futur, usine 4.0, e-factory suivant les pays pour tenir compte de cette nouvelle révolution industrielle, la quatrième, que la majorité des auteurs datent des années 1990. L’entreprise est à nouveau reconnue comme source de richesse comme le préconisait Adam Smith dès 1776 dans son livre « la Richesse des Nations » et la Technologie comme une arme économique. Il faut produire ! Il s’agit d’être « first on the market ». Concurrence mondiale oblige.
La France qui a négligé ses outils de production s’est « des-industrialisée » : obligée d’importer, elle n’a fait que creuser son déficit commercial. La pandémie COVID 19 a mis en évidence des faiblesses structurelles, un manque de robustesse due à la dépendance envers d’autres pays particulièrement les pays asiatiques. Elle tente de reconquérir ses marchés en soutenant sa Recherche, ses Start-up, en investissant dans des plans d’investissement d'avenir (PIA). L’emploi en dépend.
L’entreprise pour survivre est obligée de revoir sa stratégie industrielle et toutes ses fonctions, pour ne citer que :
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la Recherche et Innovation (R&I) qui remplace de plus en plus Recherche et développement (R&D) : dans ce qui suit nous garderons le terme usuel R&D ;
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l’Ingénierie de projet ;
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le management des opérations avec des opérateurs, qui débarrassés des tâches pénibles sont devenus plus des observateurs et contrôleurs de machines qu’acteurs ;
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sa relation avec des Clients de plus en plus avertis qui veulent des produits « durables » Bio, naturels, dont ils veulent connaître l’origine, le mode de fabrication, l’impact sur la santé et l’environnement.
La révolution actuelle n’est pas seulement numérique : l’entreprise doit dépasser la notion de profit à la base même de son existence « capitalistique » pour tenir compte de la notion relativement récente de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise). La tendance est qu’elle devienne une « Société à Mission » contribuant au « Bien Commun ».
La révolution numérique a eu pour effet de rapprocher les concepts qui gouvernent les industries de procédés qui transforment matière et énergie (Chimie, Pharmacie, cosmétique...) des industries manufacturières ou industries « discrètes » (automobile, aviation, électroménager…)
L’industrie automobile, pour ne citer qu’elle, en complète évolution utilise de plus en plus de produits chimiques (peinture, tableau de bord, sièges, carburant). La voiture électrique fait appel à la « Chimie » ne serait-ce que pour les batteries que vont produire des « gigafactories ».
De leur côté les industries de procédés ont des aspects « discrets » : c’est le cas quand elles travaillent en discontinu par « batches » quand la Pharmacie formule un médicament sous forme de comprimés, gélules…
Les aspects managériaux sont très semblables pour ne citer que le management par projet, la Blockchain.
L’offre « industrie du futur » a l’ambition de donner une vision globale de l’Entreprise industrielle au moment où elle est en complète mutation. Nous espérons que cet article introductif y contribuera et aidera le Lectorat à s’approprier les notions aujourd’hui incontournables imposées par la révolution numérique et celles qui l’ont précédée écologique et énergétique.