Énergies renouvelables: un élan mondial à amplifier

Les installations électriques renouvelables continuent leur développement : 70 gigawatts (GW) de solaire ont été installés à travers le monde en 2016, contre 56 GW en 2015. Elles fournissent désormais près de 24% de la consommation électrique mondiale, part qui devrait atteindre 28% en 2021, selon l’AIE. « Cet élan réel est encore insuffisant pour atteindre les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique », plaide néanmoins Jean-Louis Bal, Président du Syndicat des énergies renouvelables.

L’éolien et le photovoltaïque sont désormais compétitifs dans de nombreuses parties du monde. « Il est courant d’entendre des prix de l’ordre de 30 à 40 dollars par mégawattheure pour les grands champs éolien terrestre ou solaire dans les zones où les ressources sont les plus favorables », rappelle Jean-Louis Bal. En 2016, cela a notamment été le cas au Chili pour le photovoltaïque et au Maroc pour l’éolien terrestre. En Europe, les derniers appels d’offres éolien se situent plutôt entre 80 et 90 €/MWh, raccordement compris.

Malgré l’urgence, les investissements en baisse

Si les capacités installées augmentent d’année en année, le niveau des investissements dans le domaine des énergies renouvelables a reculé de 18 % dans le monde en 2016, selon un rapport de Bloomberg New Energy Finance. Les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique atteignent ainsi 287,5 milliards de dollars (Mds$), contre 349 Mds$ l’année précédente. Pour la deuxième année consécutive, les investissements des pays émergents et en développement ont dépassé ceux des pays développés.

Pour Michael Liebreich, fondateur de Bloomberg New Energy Finance, cette baisse d’investissements est imputable à deux causes majeures. La première : la baisse des prix des équipements, en particulier dans le photovoltaïque. La deuxième : si plusieurs pays ont sensiblement maintenu leur niveau d’investissements, à l’instar des Etats-Unis, du Brésil, de l’Inde et de la France, cela n’a pas été le cas dans les deux marchés clés que sont la Chine et le Japon. Il faut dire que la Chine est de loin le premier investisseur dans les énergies propres au monde et pousse le marché. Ainsi, les investissements chinois dans les énergies renouvelables ont chuté de 26% en 2016 à 87,8 Mds$ et les investissements japonais de 43% à 22,8 Mds$. Par ailleurs, dans plusieurs pays émergents, beaucoup de projets n’ont pas encore finalisé leur financement. Les investissements ont par exemple reculé de 76% en Afrique du Sud, à 914 millions $, et de 80% au Chili, à 821 millions $.

Au final, il y a eu plus de capacités installées en 2016 qu’en 2015, tout en dépensant moins. C’est une bonne nouvelle.

Mais il faudrait plutôt profiter de ces prix bas pour faire exploser la dynamique, d’autant plus que nous sommes loin d’atteindre les objectifs de lutte contre les changements climatiques. « Pour atteindre l’objectif des 2°C, il faudrait rapidement atteindre un investissement de 600 milliards de dollars par an dans les énergies propres », prévient Michael Liebreich. Soit doubler les investissements actuels. Pour l’agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), il faudrait même tripler ces investissements pour atteindre environ 900 Mds$ par an en 2030.

Par Matthieu Combe

Obligation verte : La France détient le record !

Si cette émission n’est pas une première mondiale – des entreprises et certains pays tels que la Pologne ont déjà émis de tels titres – il s’agit en revanche de la plus importante à  ce jour : 7 milliards d’euros levés en une fois. D’une maturité longue (22 ans), cette obligation prendra fin en juin 2039 et bénéficie d’un taux de 1,75%.

Succès international

La demande totale pour cette émission obligataire verte a atteint un montant de plus de 23 milliards d’euros, soit trois fois plus que ce qui était offert par l’agence en charge du refinancement de la dette publique française. Elle a été souscrite pour plus d’un tiers par des investisseurs français (37%), suivis par les néerlandais (19%), britanniques (18%), nordiques (7%), asiatiques (3%) et américains (2%). Cette demande émane de gestionnaires d’actifs (33%), de banques (21%), de fonds de pensions (20%), d’assureurs (19%), d’institutions publiques (4%) et de gestions alternatives (3%).
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Conformément aux engagements pris par la France pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat à travers la loi de transition énergétique pour la croissance verte, l’obligation verte de la France ciblera des dépenses du budget de l’État et du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) sur la lutte contre le changement climatique, l’adaptation au changement climatique, la protection de la biodiversité, et la lutte contre la pollution. Le montant total des dépenses vertes éligibles identifiées par l’Agence France Trésor au cours de l’année 2017 étant supérieur à 10 milliards d’euros, les débouchés ne manqueront donc pas .

Suivi

L’État français publiera annuellement à destination des investisseurs, jusqu’à l’allocation complète des fonds, un reporting sur l’allocation des fonds, sur la performance des dépenses vertes éligibles, sur les impacts environnementaux, selon le type de dépense considérée, « ce qui constitue un engagement de reporting inédit pour une obligation verte et participe à l’établissement de standards élevés au sein de ce marché », explique l’AFT.

Un conseil d’évaluation de cette obligation verte, composé de 6 à 8 experts indépendants, va être mis en place. « Nous allons prendre un peu de temps pour bien les choisir », précise le ministère de l’Energie et du développement durable dans un communiqué. Poussée le succès de cette première émission obligataire verte, l’Agence France Trésor a d’ores et déjà annoncé qu’elle réaliserait d’autres émissions de ce type pour assurer la liquidité de ce nouveau produit financier.

Romain Chicheportiche

Marché des drones: Parrot se coupe une aile pour mieux redécoller

Dans un communiqué du 9 janvier, la société française spécialiste des drones de loisirs annonçait la mauvaise nouvelle: “Parrot envisage […] un plan qui pourrait aboutir à réduire les effectifs d’environ 290 personnes sur un total de 840 salariés actuellement dédiés aux activités Drones du Groupe”.

L’impossible combat contre les géants chinois

Dès septembre 2016, un premier communiqué annonce déjà que ça va mal et revoit les perspectives de croissance à la baisse. La période de Noël n’aura pas suffit. Car depuis les succès de 2010 avec le lancement de son premier drone pilotable par smartphone, le marché des drones de loisirs a bien changé. Des géants chinois sont arrivés tels que Dji ou Xiaomi. Des produits à bas coûts et une force de vente sur le secteur des jouets et du loisirs sans commune mesure avec l’entreprise française. A titre d’exemple, on estime le chiffre d’affaires de Dji à 1,5 milliards de dollars en 2016 (+50% par rapport à 2015). Cependant, si les résultats ont été pires que prévu, il ne faut pas penser que Parrot ne s’y était pas préparé.

Recentrage ves les drones professionnels

Sur le secteur des loisirs, Parrot va donc resserrer sa gamme et vise une clientèle haut de gamme exigeante et prête à mettre le prix de l’innovation technologique. Du coup, Parrot va suivre l’évolution du marché et se recentrer très clairement sur le secteur des drones professionnels. Plusieurs acquisitions (Sensefly, Airinov, PIX4D) en 2015 et 2016 le laissait déjà pressentir. Concrètement, les premiers services arrivent. Ainsi, Parrot a annoncé mi-janvier le lancement d’un service commun entre Air Parrot Support et Bureau Veritas. Ce service clé-en-main d’inspection par drone pourra servir tant dans l’industrie que le bâtiment (inspection de bâtiment, d’infrastructures par photographie aérienne, modélisation 3D, thermographie etc.). Dans la même veine, le groupe annonçait début janvier l’alliance entre Sensefly et Agribotix (société proposant acquisition de données agricoles par drones et gestion des données sur une platforme en ligne) afin d’offrir un service encore plus varié. Car plus encore que sur le drone lui-même, dans le secteur professionnel c’est le service qui va faire la plus-value. A ce titre, PWC estimait en 2016 que le marché mondial des services commerciaux par les drones pourrait atteindre plus de 120 Md d’euros d’ici 2020.

Alliance et cession d’actifs

En parallèle de cette restructuration, sur le marché automobile, Parrot Automotive, qui fournit aux constructeurs des équipements pour les voitures connectées, devrait s’allier avec Faurecia pour conforter sa place sur ce secteur. L’accord avec Faurecia, actuellement en discussion, doit aboutir à une prise de participation progressive de l’équipementier automobile dans Parrot qui pourrait se transformer dans les 5 ans à un rachat complet. Par ailleurs, Parrot a cédé Varioptic (start-up française acquise en 2011 spécialisée dans les lentilles optiques liquides), à l’américain Invenios, spécialiste des dispositifs à base de verre (capteurs, microstructure 3D…) pour un montant non communiqué.

Sophie Hoguin

Les chiffres clés du numérique en France

La France est reconnue dans le monde entier pour le haut niveau de ses écoles d’ingénieurs et de mathématiciens. Près de 180 start-ups françaises étaient présentes à l’Eureka Park lors du dernier Consumer Electronic show (CES) qui s’est tenu récemment à Las Vegas. Le Royaume-Uni n’était représenté que par 14 entreprises, l’Allemagne n’en avait que 10. Seuls les États-Unis nous dépassaient avec 204. Autant d’arguments pour que le numérique booste l’économie française et incite les entreprises à s’équiper.

Et pourtant, le paysage numérique français présente un bilan contrasté.

Dans le secteur des TIC, le nombre d’entreprises était de plus de 130 000 en 2014 (les derniers chiffres connus dans les statistiques Insee). Parmi elles, 6 582 exerçaient dans le commerce de gros d’équipements de l’information et de la communication, 1650 étaient dans la catégorie « Industries » (composants et cartes électroniques, équipement de communication, ordinateurs et équipements périphériques, etc.) et 123 603 dans la catégorie « service » (programmation, conseil et autres activités informatiques, réparation d’ordinateurs et d’équipements de communication, télécommunication, etc.).

Ce secteur embauche 684 949 personnes en équivalents temps plein.  La plupart sont affectées à la catégorie « service » (582 508).

La transformation digitale : un défi

En 2014, les TIC ont créé une valeur ajoutée de 75 milliards d’euros. Les services représentent à eux seuls 66 milliards d’euros, soit 87,7 % de l’ensemble de la VA. L’industrie et le commerce de gros d’équipements des TIC se partagent presque équitablement le montant restant. Mais la valeur ajoutée par les services TIC ne représente que 3,60 % du PIB en 2014, contre 3,8 % outre-Rhin. Ce faible résultat concerne particulièrement les « industries des TIC », c’est-à-dire la fabrication de matériels.

Du côté de l’équipement numérique, l’utilisation des TIC a été mesurée selon trois critères : la connectivité, les usages d’outils avancés et les usages émergents. En termes de connectivité, l’hexagone fait mieux que la moyenne européenne avec 99 % des entreprises connectées à l’internet haut débit.

Mais d’autres résultats sont inquiétants quant à la capacité des entreprises à relever le défi de la transformation digitale. Seules 67 % des entreprises tricolores disposent d’un site Internet, contre 75 % pour la moyenne européenne. Autre lacune : moins d’une entreprise française sur cinq dispose d’un spécialiste en TIC contre 20 % en Europe.

28 % des entreprises ont une présence sur les réseaux sociaux, contre 36 % pour la moyenne européenne…

Philippe Richard

La Russie inaugure un gazoduc la reliant à la Crimée

Ce gazoduc de près de 400 kilomètres n’est qu’un début. Il vise à répondre en urgence à la demande en gaz et électricité des habitants de Crimée. En novembre 2015, le gouvernement local s’est déclaré en état d’urgence à la suite du sabotage des quatre lignes haute tension qui reliaient la péninsule au système électrique ukrainien, provoquant un black-out. Depuis, Moscou mène plusieurs projets énergétiques pour relier la Crimée au circuit énergétique russe.

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Gaz et électricité

La stratégie du Kremlin consiste à interconnecter autant que faire se peut la péninsule de Crimée au territoire russe pour y exporter gaz et électricité. Moscou a élaboré un plan d’investissement sur quatre ans ayant pour objectif de construire 2 500 km de gazoducs et deux centrales électriques fonctionnant au gaz de 480 MW chacune dont la mise en service est prévue pour 2018. A cela s’ajoute une première interconnexion électrique inaugurée par Vladimir Poutine en mai 2016. Elle permet d’apporter depuis le territoire russe jusqu’à 800 MW à la péninsule ce qui permet, avec les centrales sur place, de couvrir les 1 300 MW de sa consommation en pointe.

Symbole

Si ces investissements énergétiques répondent à un besoin réel, ils n’en représentent pas moins une superbe occasion pour Moscou d’affirmer son contrôle sur la péninsule de Crimée annexée illégalement en mars 2014. Les liens énergétiques tels que des gazoducs ne se détachent pas facilement et participent à la lutte d’influence. Mais ils ne sont pas les seuls. La construction d’un pont sur le détroit du Kerch est également à l’étude. Il permettrait de relier physiquement la Crimée à la Russie ce qui favoriserait les échanges et le tourisme, selon le Kremlin. Plus encore, son inauguration serait une occasion savoureuse pour Vladimir Poutine de faire un pied de nez aux membres de l’OTAN qui ont condamné en bloc, mais en vain, l’annexion de la Crimée. Une première depuis 1945.

Romain Chicheportiche 

Objectif Lune : il n’en reste plus que cinq !

Mais au fait c’est quoi le Google Lunar Xprize ? Une compétition technologique organisée par la fondation Xprize, et dotée par Google, de plusieurs prix : 20 millions de dollars au premier, 5 millions au second et 5 millions pour l’équipe qui saura se distinguer par sa contribution dans la connaissance de la Lune. Des prix bonus ont déjà été distribués. Le dernier en date, d’un million de dollars a été décidé le 24 janvier 2016. Il sera partagé entre les 16 équipes participantes pour leurs efforts en faveur de l’éducation et la diversité.

Pour gagner, il faut constituer une équipe, issue de fonds privés, et être le premier à placer un engin spatial à la surface de la lune, avancer sur 500m et transmettre des images haute définition à la Terre. Pour participer à cette phase finale, les candidats devaient réussir à obtenir un contrat de lancement de leur engin spatial avant le 31 décembre 2016 et décoller avant le 31 décembre 2017. Cinq équipes sur les seize au départ ont atteint cette étape. Les organisateurs, viennent cependant de repousser la date limite de décollage. Peut-être pour permettre à certaines équipes dont les lanceurs sont à l’essai de prendre le temps de la réussite…

La compétition et… au-delà

Ce concours, débuté en 2014, souligne aussi combien l’exploration spatiale est aujourd’hui un secteur fondé sur des coopérations internationales dépassant largement tant les frontières géographiques que les frontières entre économie publique et privée. Alors, 2017, sera bien l’année de la Lune avec, aussi prévue en fin d’année, une mission de retour d’échantillons chinoise (Chang’e 5).

Space IL , une équipe israélienne basée à Tel Aviv qui a signé un partenariat avec SpaceX (via sa filiale Spaceflight Services) pour un départ fin 2017 et dont l’engin spatial muni de pieds doit se poser, redécoller pour parcourir 500m en volant puis se reposer de nouveau. Premier engin spatial israélien, ce vol pourrait aussi devenir le premier vol de la fusée Falcon 9 à envoyer une charge au-delà de l’orbite de la Terre.

Les américains de Moon Express, basés en Floride à Cap Canaveral, première entreprise privée à obtenir l’autorisation de leur gouvernement à opérer sur la Lune, travaillent avec la Nasa et Rocket Lab. En ligne de mire, pour Moon Express, développer une activité minière sur la Lune. A noter que, le lancement fin 2017, doit être assuré par Rocket Lab via sa nouvelle fusée Electron dont les premiers vols ne sont prévus que cette année depuis sa nouvelle plateforme de Mahia, en Nouvelle-Zélande.

L’équipe internationale de Synergy Moon, composée d’individus de tous horizons et de plus de 15 nationalités est portée par Interorbital systems corporation, une entreprise basée à Mojave en Californie qui doit fournir le lanceur: la fusée Neptune 8. Une fusée encore en test qui décollera depuis l’océan, au large de la Californie au deuxième semestre 2017. Cette compétition sera vraiment l’occasion de découvrir les nouvelles générations de lanceurs légers dont les projets naissent un peu partout.

Les indiens de Team Indus ont conçu un petit rover qui emporte avec lui des instruments de pointe de grands partenaires comme le CNES qui fournit les caméras permettant au Rover de se diriger et d’éviter les obstacles. Le départ, prévu le 28 décembre 2017, depuis Sriharitoka en Inde, se fera via une fusée bien rôdée de l’agence spatiale indienne, la PSLV. Mais Team Indus sera accompagnée. En effet, cette fusée embarquera aussi, les concurrents japonais !

Les japonais de l’équipe Hakuto ont réussi à nouer des partenariats de taille tels que KDDI (télécommunications) et Suzuki, mais aussi, fait marquant, un contrat à long terme avec l’agence spatiale japonaise Jaxa pour l’exploration des ressources de la Lune.

Sophie Hoguin

L’Iran ouvre ses portes à 29 compagnies pétrolières

Cette liste était attendue depuis longtemps par les compagnies pétrolières désireuses de renouer leurs liens économiques avec l’Iran. Parmi elles, la Française Total figure en bonne place, aux côtés des Russes (Gazprom, Lukoil) et Chinois (CNPC, CNOOC, Sinopec). Les deux majors anglo-saxones, BP et surtout ExxonMobil, dont le pdg Rex Tillerson a été nommé secrétaire d’Etat par Donald Trump, sont les grandes absentes de cette sélection. Le nouveau président américain n’a jamais caché son hostilité à cet accord international.

Quête d’investisseurs

La participation des compagnies étrangères est une nécessité pour la République islamique tant d’un point de vue technologique que financier. Les sanctions à l’encontre du pays ont entraîné un sous-investissement massif dans les infrastructures pétrolières et gazières, pourtant première source de devises de l’économie iranienne. De fait, le gouvernement a mis en place un nouveau système de concession plus en phase avec les standards internationaux pour inciter les investisseurs étrangers encore méfiants, notamment depuis les élections américaines. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zangeneh, a estimé que les besoins d’investissements dans l’industrie des hydrocarbures s’élevaient au bas mot à 200 milliards de dollars sur cinq ans.

Ces capitaux doivent élever la production pétrolière à un niveau correspondant à celui d’avant les sanctions, soit 4,4 millions de barils jour (Mbj), contre 3,9 Mbj l’année dernière. L’Iran a en effet obtenu d’être le seul pays à ne pas participer à la restriction d’exportation voulue par l’OPEP en décembre 2016, pour faire remonter les cours du brut.

Réarmement

Le nouveau cadre économique mis en place vise à attirer les compagnies étrangères mais surtout à redonner un statut de respectabilité au régime des Mollahs. Car au-delà des ressources pétrolières, Téhéran compte bien profiter de son retour dans le concert des nations pour obtenir des technologies d’armement, notamment de la France, de la Russie ou de la Chine. A l’instar de ses installations pétrolières, la marine militaire iranienne est vieillissante et le gouvernement souhaite la renouveler pour renforcer sa présence dans le stratégique golfe d’Aden. Sous couverts de lutte contre la piraterie, un phénomène réel, les marines des puissances du Golfe mais aussi américaines, françaises britanniques, chinoises, indiennes ou encore russes intensifient leurs opérations dans ce couloir maritime stratégique. La marine iranienne rêve de posséder un porte-avions mais la technologie et les financements manquent pour l’instant. Dernier indice, en décembre dernier, le président iranien Hassan Rouhani a demandé à l’agence nationale du nucléaire de développer la technologie de propulsion nucléaire pour équiper les futurs porte-avions et sous-marins du pays. Une annonce qui intervient ironiquement un an après l’accord iranien sur le nucléaire.

Romain Chicheportiche

Le bioéthanol séduit les Français

Les politiques anti-diesel profitent à l’essence. En 2017, la consommation d’essence est repartie à la hausse (+2,7%), après une forte baisse de 40% entre 2004 et 2014. Sur l’année 2016, la part de marché du SP95-E10 monte à 35,5%, contre 29% en 2013. C’est aussi 2,3% de plus qu’en 2015, pour une consommation totale proche de 3,5 milliards de litres. En décembre 2016, cette part atteint même 38% et s’approche fortement de celle du SP95 qui baisse à 40%.

En 2017, la filière bioéthanol s’attend à ce que le SP95-E10 devienne la première essence de France. Fin 2016, 5.500 stations proposent ce carburant qui est compatible avec 97% du parc roulant des véhicules essence.

L’E85 et l’ED95 pour booster la production de bioéthanol

Du côté du superéthanol-E85, même constat. 96 millions de litres ont été consommés en 2016, soit 1% du marché des essences. Le parc de stations distribuant ce carburant atteint 871 fin 2016. « Les volumes ont augmenté de 11%, près du double de la croissance de 2015 », se félicite la filière bioéthanol. Par ailleurs, les professionnels l’attendaient depuis longtemps : un arrêté définissant une procédure d’homologation pour les boitiers de conversion au superéthanol-E85 et leurs conditions d’installation devrait paraître mi-avril 2017. Les kits Ethanol E85 Flex Fuel seront ainsi homologués pour transformer n’importe quel véhicule essence classique en véhicule « flex-fuel » et carburer au superéthanol.

Egalement, l’arrivée sur le marché du carburant ED95, destiné aux bus et aux poids lourds, va booster la filière en 2017. Ce carburant est composé de 95% de bioéthanol et 5% d’additif pro-cétane, permettant la combustion par auto-inflammation du mélange. Enfin, le Parlement européen a voté fin 2016 l’augmentation de 7% à 7,5% de l’objectif d’énergies renouvelables dans l’essence. De quoi booster la filière française qui produit du bioéthanol à partir de sucre des betteraves, de l’amidon des céréales ou de résidus de leur transformation. Une filière qui mobilise près de 50.000 agriculteurs chaque année, 1% de la surface agricole utile et produit 9000 emplois directs, indirects et induits.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

L’Université de Bourgogne se chauffe en partie grâce à son datacenter

Les datacenters, ou fermes de serveurs informatiques, dissipent d’énormes quantités de chaleur finalement évacuées dans l’atmosphère donc perdues. La valorisation de cette chaleur dite «fatale» est au centre de multiples initiatives ces dernières années. A titre d’exemple, le datacenter du site du Val d’Europe, à Marne-la-Vallée, est «raccordé» au réseau de chaleur qui dessert le parc d’activités à proximité. Le même principe a été appliqué à l’Université de Bourgogne, sise à Dijon. Avec une distinction notable : le réseau de chaleur de cette université exploite une eau à haute température (90°C) et a donc requis une installation spécifique et inédite à cette échelle.

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Réparti sur quelque 300 m², le datacenter appartenant à cette université est opérationnel depuis septembre 2015. Il a été mis en oeuvre par la société Jerlaure, dont c’est le domaine d’activé. «La puissance actuelle des équipements informatiques s’élève à 400 kilowatts (kW) et la chaleur dégagée est du même ordre, précise Christophe Moucadeau, chef de projet chez Jerlaure. La valorisation de cette chaleur était inscrite à l’origine dans le cahier des charges au moment de l’appel d’offres. La chaufferie, utilisant des chaudières à gaz pour une puissance totale de 12 mégawatts, occupe en effet le bâtiment annexe.» Une configuration dont il fallait tirer profit.

Un amortissement sur deux ans

Cette chaufferie alimente toutefois le réseau de chaleur de l’université avec une eau à 90°C. Une situation rare, puisque d’ordinaire, l’eau circulant dans un tel réseau ne bénéficie que d’une température de 50°C environ. Les équipes de Jerlaure choisissent alors des groupes de récupération de chaleur de marque Ochsner, entreprise autrichienne, qui répondent à cette problématique. «Ces équipements comportent deux étages frigorifiques et ont la particularité de produire une eau à 90°C à la sortie du condenseur» explique Antony Moret, spécialiste en la matière chez Jerlaure. Qui décrit le cycle d’échange calorique entre la salle de serveurs et la chaufferie : «Les baies informatiques sont refroidies par des unités terminales à eau glacée. L’eau entre à 10°C et ressort à 15°C. Elle est ensuite acheminée vers les groupes Ochsner dans la chaufferie, lesquels renvoient l’eau à 10°C. » Et ainsi de suite…

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Pour quel résultat ? «La chaleur récupérée correspond à 5% des besoins de chauffage en hiver» annonce Antony Moret. Mais le système est aussi intéressant hors de la saison hivernale. «L’été, la chaufferie peut être arrêtée et la seule chaleur produite par le datacenter permet de faire face aux besoins des cuisines par exemple, observe Antony Moret. C’est un avantage pour l’exploitant. La valorisation est valable 365 jours par an et intégrale : elle implique la chaleur des serveurs et aussi la puissance électrique des compresseurs.» Si aucun budget n’est évoqué, le retour sur investissement est cependant rapide au regard du prix de l’énergie, conclut Christophe Moucadeau : «L’amortissement s’effectue au bout de deux ans seulement».

Par Frédéric Monflier

Présidentielles : le Syntec-Ingénierie expose ses propositions

Soulignant que les entreprises d’ingénierie interviennent sur l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie française (industrie, bâtiment, infrastructures, environnement, transport, eau, énergie etc), qu’elles emploient 350 000 actifs, recrutent 30 000 personnes chaque année et génèrent près de 45 milliards d’euros de volume d’activité, le Syntec-Ingénierie émet des propositions pour asseoir la compétitivité de ses entreprises tout en rendant service aux citoyens et à l’économie française.

Compétitivité économique

Ainsi, le Syntec-Ingénierie propose d’assurer la pérennité des activités de ses entreprises tout en maintenant la France au rang des premières nations pour la qualité de ses infrastructures en concentrant les dotations de l’Etat aux collectivités locales sur le soutien aux investissements. Ceci afin de financer les projets de réhabilitation ou de constructions innovantes en intégrant les nouveaux outils digitaux. Le soutien à ses entreprises passerait aussi par la conversion du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de charges et en le rendant accessible aux entreprises sans limite de salaire.

Compétititivé technique

Afin de soutenir l’innovation, clef de voûte de la compétitivité de ses entreprises, l’organisation professionnelle propose notamment de mettre rapidement en oeuvre le BIM, à travers des mesures incitatives dans un premier temps puis par des obligations réglementaires dès 2020 pour l’ensemble des ouvrages publics. Le Syntec-Ingénierie propose aussi de revoir le crédit d’impôt recherche (CIR) pour que ses entreprises puissent y accéder plus facilement. Enfin, l’ingénierie aimerait élargir le droit à l’expérimentation (qui permet de déroger à certaines normes si les résultats restent conformes) pour tous les projets et pas seulement pour les Opérations d’Intérêt National.

Place de l’ingénierie

Afin de fluidifier le travail sur les projets de construction tout en assurant une meilleure qualité et contrôle des ouvrages, l’Ingénierie souhaiterait simplifier et rationaliser les processus de concertation et de décision en phase amont des projets publics et privés et renforcer, par voie réglementaire, le contenu des missions de supervision et de contrôle des travaux réalisés sous maîtrise d’ouvrage publique. Par ailleurs, le Syntec-Ingénierie propose aussi de lever les barrières actuelles entre architectes et ingénierie afin que les deux professions puissent coopérer via la création de sociétés de maîtrise d’oeuvre mixte par exemple.

Sophie Hoguin

Les news du graphène: supraconductivité et intégration dans des Oled

Depuis sa découverte en 2004, on suspecte le graphène d’avoir des propriétés de supraconduction, c’est-à-dire d’être capable de transporter le courant électrique sans résistance.

Mais jusqu’à maintenant on n’avait réussi à le rendre supraconducteur qu’en le dopant ou en le couplant à un autre supraconducteur, sans savoir si les propriétés supraconductrices observées provenaient réellement du graphène ou sans que cela n’affecte pas certaines autres de ses propriétés.

Isolation de la supraconduction du graphène

Des chercheurs de l’université de Cambridge (UK) en partenariat avec des chercheurs israéliens et norvégiens ont réussi à activer le potentiel dormant du graphène à la supraconduction. Leurs résultats publiés dans Nature Communications (DOI: 10.1038/NCOMMS14024), ont été obtenus en le couplant à un matériau appelé PCCO (praseodymium cerium copper oxide). Ce type de supraconducteur, appelé cuprates ou supraconducteurs à haute température critique, possède des propriétés électroniques bien connues. En utilisant un microscope à effet tunnel, les chercheurs ont pu distinguer la supraconduction provenant du PCCO de celle provenant du graphène.

Une supraconduction à symétrie p-wawe ?

La supraconduction se caractérise notamment par la formation de paires d’électrons. Les scientifiques distinguent différents types de supraconduction selon l’alignement du spin des deux électrons formant une paire. Dans le cas du PCCO les spins sont antiparallèles ce qui est caractéristique d’une symétrie dite “d-wawe”. Et ce que les chercheurs ont vu dans le graphène était très différent, ils pensent qu’il s’agirait d’une symétrie “p-wawe”. Ces résultats sont très importants à deux égards : d’une part, cela prouve que le graphène possède bien des propriétés supraconductrices intrinsèques et d’autre part cela lèverait une partie du voile sur l’existence, jusqu’à présent supposée, de cette supraconductivité à symétrie p-wawe que l’on n’arrive pas à vérifier depuis 20 ans.

S’il est confirmé que le graphène possède ce type de supraconduction, cela ouvre tout un champ pour la recherche théorique et appliquée. Tout d’abord pour comprendre cette nouvelle symétrie supraconductrice et ensuite pour inclure le graphène supraconducteur à des objets très variés comme des composants électroniques moléculaires.

Des électrodes d’Oled en graphène

Les chercheurs de l’institut allemand Fraunhofer, en partenariat avec des industriels (notamment l’espagnol Graphenea et le britannique Bristish Aixtron) au sein du projet de recherche européen “Gladiator”, ont réussi à produire des électrodes d’Oled à partir du graphène. Les électrodes produites font 2×1 cm².

Méthode de fabrication

La production de ces électrodes est opérée dans le vide. Dans une chambre en acier, une plaque (wafer) de cuivre de grande pureté est chauffée à 800°C. Les chercheurs injectent alors un mélange de méthane et d’hydrogène pour initier la réaction chimique.Le méthane se dissout dans le cuivre et forme des atomes de carbone à la surface de la plaque. Le procédé ne prend que quelques minutes. Après une phase de refroidissement, on transfert la couche de graphène sur un support polymère.

Préparation pour la commercialisation

Les chercheurs du projet, qui doit s’achever en avril 2017, travaillent aujourd’hui à améliorer le procédé pour retirer les impuretés ou défauts qui peuvent subsister lors du transfert de la couche de graphène de la plaque de cuivre vers un autre support. “Les premiers produits pourraient être lancés dans 2-3 ans”, prédit Béatrice Beyer, chef du projet, mais, les applications possibles sont pléthores : écrans tactiles (un film polymère remplacerait la plaque de verre), fenêtre intelligente régulant la lumière ou activant des filtres polarisant, cellules photovoltaïques, textiles high-tech, dispositifs médicaux…

Sophie Hoguin

Pourquoi Safran achète-t-il Zodiac ?

Le 18 janvier 2016, le groupe d’aéronautique et de défense, Safran, a lancé une OPA amicale de près de 10 milliards d’euros sur Zodiac Aerospace, équipementier de l’aéronautique. La fusion des deux entreprises donnera naissance à un groupe industriel de 21 Mds d’euros de chiffre d’affaires employant près de 92 000 personnes dans 60 pays dont plus de 45000 en France. Le groupe portera le nom de Safran, mais Zodiac sera préservé en tant que marque commerciale.

Une place de choix sur le marché mondial

Ainsi, si l’on excepte Boeing et Airbus, cette fusion placerait ainsi Safran juste derrière les deux groupes américains leaders mondiaux de l’aéronautique, UTC ( avec un CA de 25,4 milliards d’euros en 2015) et GE Aviation (22,2 milliards). Ce rapprochement est aussi cohérent avec le marché aéronautique dans lequel les deux avionneurs principaux (Boeing et Airbus) mettent toujours plus la pression pour faire baisser les prix.

Les activités des deux entreprises sont complémentaires et la nouvelle entité pourra ainsi répondre à l’intégralité de l’aménagement d’un avion: Safran apportant les trains d’atterrissage, les roues et freins, les nacelles, les systèmes électriques embarqués, les actionneurs et l’avionique pendant que Zodiac fournit sièges, aménagements de cabine, répartition de puissance, circuits d’éclairage, d’alimentation en carburant, d’oxygène et de fluides et équipements de sécurité.

En outre, explique Safran dans un communiqué de presse, “dans le secteur des systèmes électriques, [les complémentarités des deux entreprises] offriraient au groupe un positionnement idéal pour les développements futurs de l’”avion plus électrique”.

Une garantie pour l’avenir de Zodiac

Depuis deux ans, Zodiac a connu la tourmente : défauts de qualité, commandes en retard, chute de moitié du titre en bourse. Fragilisé, Zodiac espérait se sortir de ce mauvais pas grâce à un plan de transformation industrielle lancé l’année dernière. Mais dans un marché très concurrentiel, il est clair que son intégration à Safran garantit aussi, de manière plus sûre, son avenir et les emplois qui y sont liés. D’autant que contrairement à ce qui s’était passé en 2010, Safran, cette fois fait une offre amicale, issue d’une co-construction entre les dirigeants des deux entités.

Selon les estimations communiquées par Safran, la fusion devrait engendrer à terme 200M€ par an de synergies de coûts (achats, frais généraux, optimisation des implantations géographiques). La signature de l’accord définitif devant d’abord attendre l’avis des représentants du personnel des deux entreprises et l’obtention des autorisations réglementaires, “la finalisation de l’offre publique est attendue à la fin du 4ème trimestre 2017 et la réalisation de la fusion début 2018”, a précisé l’acheteur.

Sophie Hoguin

Vénus : d’une onde de gravité géante à la recherche de la vie

La formation en arc de cercle qui traverse la planète sur 10 000 km de pôle en pôle, dévoilée l’année dernière par les images prises dans l’infrarouge thermique et l’ultraviolet par la sonde japonaise Akatsuki (voir l’article sur l’atmosphère de Vénus), pourrait être une onde de gravité géante selon les analyses des chercheurs japonais de l’Agence d’exploration aérospatiale du Japon (Jaxa) qui ont publié leurs résultats dans Nature Geoscience. Mais loin d’être une réponse, leurs conclusions ne fait qu’apporter d’autres interrogations.

Des vents qui devraient tout balayer

Ce qui intrigue les chercheurs, c’est que l’atmosphère de Vénus, étudiée à 65km d’altitude, se déplace à plus de 300km/h et qu’elle fait donc le tour de la planète en 4 jours terrestres, alors que la formation, elle, se déplace à la même vitesse que la planète (qui met 234 jours à tourner sur elle-même). Les scientifiques ont découvert plusieurs phénomènes qui se déplacent légèrement plus vite ou plus lentement que les vents principaux. L’hypothèse la plus probable est celle de l’existence d’ondes de gravité liées aux reliefs de la planète et il en serait de même pour cette méga-formation. Les ondes de gravité atmosphériques sont des oscillations de masse d’air engendrées par la lutte entre la force de gravité et la force d’ascension. Pour soutenir cette hypothèse, les Japonais ont créé une simulation de l’effet d’une onde de gravité sur les mesures de température de l’atmosphère de Vénus. Le résultat  fournit une image très similaire à ce qui est observé. Mais, relèvent les scientifiques, la formation et la propagation de ces ondes de gravité liées à des montagnes restent difficile à réconcilier avec ce que l’on imagine des conditions atmosphériques plus proches de la surface. Ce qui pourrait suggérer disent-ils que les vents vénusiens sont beaucoup plus variables dans l’espace et dans le temps que ce que l’on pense aujourd’hui. D’autant que le phénomène s’il a duré a finit par disparaître et ne s’est pas représenté.

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Copyright : Nature Geoscience Perturbation du champ des températures à 65 km d’altitude par la présence d’une onde de gravité stationnaire calculé par un modèle numérique

Une mission russo-américaine pour trouver de la vie ?

La mission Venera D est une mission russe vers Vénus qui pourrait renaître de ses cendres et se faire en collaboration avec la Nasa. Une équipe internationale a travaillé pour préciser les principaux objectifs visés et elle oit présenter son rapport final aux responsables américains et russes à la fin du mois a expliqué David Senske, du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena en Californie, cité par le site space.com.

Venera D pourrait se composer d’un orbiteur qui travaillerait trois ans dans l’atmosphère de Vénus et d’un atterrisseur qui y travaillerait quelques heures. En ligne de mire: mieux comprendre et connaître la composition, la structure et la dynamique de l’atmosphère vénusienne, appréhender la composition et la morphologie de la surface de la planète et recherche des traces de vie dans l’atmosphère. En effet, si les températures et la pression semblent incompatibles avec la vie à la surface, les conditions à 50 km d’altitude pourraient être acceptables pour de la vie microbienne.

Par Sophie Hoguin

Trump donne le feu vert à deux pipelines

Pétrole, avortement, Obamacare et traité de libre-échange, telles ont été les premières décisions de Donald Trump comme président des Etats-Unis. Le feu vert aux pipelines Keystone XL et Dakota Access s’intègre dans le grand plan de construction d’infrastructures d’énergie et de transport promis par le président-élu.

Emplois Vs Environnement

Fidèle à sa stratégie de communication, Donald Trump prétend vouloir renégocier le contrat tout en donnant un feu vert de principe : « Nous aller renégocier certains des termes. Puis, s’ils le souhaitent, nous verrons si nous pouvons faire construire ce pipeline. Beaucoup d’emplois, 28 000. De super emplois de construction », s’est félicité le président des Etats-Unis. Keystone XL est un projet de pipeline reliant sur 1 900 km (dont 1 400 aux Etats-Unis) les sites d’extraction de sables bitumineux de l’Alberta (Canada) vers les raffineries texanes du golfe du Mexique. Cela revient à traverser les Etats-Unis du nord au sud sur six états. Il répond à un besoin canadien de traiter son pétrole lourd (nécessitant des processus de raffinage plus complexes) dont l’exploitation s’est accrue ces dernières années. Le projet atteindra à terme une capacité de transport de 830 000 barils de brut par jour.

Donald Trump ne risque pas de se fâcher avec sa majorité républicaine sur ce sujet, cette dernière étant largement acquise au lobby pétrolier. Mitch McConnell, le chef des Républicains au Sénat, a encensé le projet Keystone expliquant qu’il était pourvoyeur « d’emplois et d’indépendance énergétique pour notre nation ». Même son de cloche du côté canadien : « Dans les deux conversations que j’ai eues avec le président Trump, Keystone XL est tombé sur la table et j’ai réitéré mon soutien. Je suis le dossier et l’appui depuis de nombreuses années, car cela mène à la croissance économique et à de bons emplois pour les Albertains », s’est félicité Justin Trudeau, le Premier ministre canadien régulièrement attaqué par les associations environnementales sur ce sujet.

D’environnement, il en est également question concernant l’autre projet, Dakota Access. Le pipeline en question, à 90% construit selon la Maison Blanche, est un projet évalué à 3,8 milliards de dollars (3,4 mds €) qui doit permettre d’évacuer les productions d’huiles de schiste de l’énorme gisement de Bakken dans le Dakota du nord vers le hub pétrolier de Patoka (Illinois). Il aura une capacité de transport opérationnelle de 470 000 barils/jour. La réserve de Standing Rock Sioux près duquel passe le tracé craint des contaminations d’eau, ce que le promoteur du projet, Energy Transfer, s’est engagé à prévenir.

Enfin, Donald Trump a signé un troisième décret passé un peu plus inaperçu sur la construction des pipelines sur le territoire de l’oncle Sam. Il indique que le Secrétaire au Commerce devra soumettre un plan au Président dans le 180 jours visant à ce que : « tous les pipelines neufs, ainsi que les pipelines modernisés, réparés ou agrandis, à l’intérieur des frontières des États-Unis, y compris des portions de pipelines, utilisent des matériaux et équipements produits aux États-Unis, dans la mesure du possible et dans la mesure permise par la loi ». Une formulation vague, mais le décret vise officiellement les aciers de construction. Pour rappel le premier producteur mondial d’acier est, de loin, la Chine…

Par Romain Chicheportiche

Les drones vont-ils révolutionner l’agriculture ?

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Des drones pour une agriculture de précision / Sensefly (Parrot)

Selon un rapport du cabinet d’audit PwC, le marché potentiel pour les drones agricoles avoisine les 30,5 milliards d’euros. Pour Bank of America Merrill Lynch, l’agriculture pourrait représenter 80 % du marché des drones commerciaux dans un futur proche, jusqu’à générer 82 milliards de dollars d’activité économique aux Etats-Unis, entre 2015 et 2025.

Les “agridrones” sont devenus la spécialité de certains fabricants, comme AeroVironment, d’opérateurs comme Airinov, qui propose un service de cartographie des parcelles agricoles, ou de concepteurs d’appareils de précision, comme Raven Industries.

Et pour cause : les drones agricoles possèdent un potentiel colossal. Par exemple, le RX60 d’AgEagle et Raven, permet de prendre des photos aériennes d’une exploitation, et d’identifier des zones nécessitant d’être traitées, avec une grande précision – une aide précieuse à la décision, pour les agriculteurs, désireux de pulvériser leur engrais et leurs produits chimiques uniquement là où ils en ont besoin.

Une agriculture de haute précision

Pour les agriculteurs, qui sont confrontés à un climat de plus en plus détraqué (PwC parle de “phénomènes météorologiques extrêmes à la hausse”), mais qui conservent la mission de nourrir une population toujours plus nombreuse (9 milliards d’individus d’ici 2050), les drones agricoles constituent un outil permettant d’évaluer très vite l’état d’une récolte, d’estimer les rendements, de collecter des données et de les analyser bien plus vite et bien plus efficacement qu’autrefois.

Les drones permettent d’analyser les sols en produisant des cartographies en 3D, ainsi que des données pour améliorer la gestion des niveaux d’engrais azotés, ou encore la planification des semences. Munis de scanners lasers, ils permettent de réaliser des mesures à distance via la “télédétection par laser” (lidar), afin de mieux pulvériser des produits chimiques. “Les experts estiment que la pulvérisation aérienne peut être rendue 5 fois plus rapide avec des drones”, indique PwC.

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Farming / Lima Pix / Licence CC / Flickr

Selon Nesta, fondation britannique spécialiste en innovation, le suivi des récoltes est rendu bien plus efficace grâce aux drones agricoles qui, munis de caméras embarquées et pilotés par l’agriculteur, peuvent “prendre des images dans une résolution supérieure à l’imagerie par satellite”, et peuvent couvrir 400 hectares en une heure.

Des logiciels de traitement d’image permettent notamment de créer une carte des zones agricoles, et de détecter les zones où il est nécessaire, soit d’envoyer de l’engrais, soit de retirer des mauvaises herbes. Par exemple, en combinant des photographies en une “orthomosaïque”, et en appliquant les algorithmes de l’indice de végétation par différence normalisé NDVI (Normalized Difference Vegetation Index), il est possible de créer une carte de réflectance d’une zone agricole. Tout cela, “sans les coûts et les lourdes procédures engendrées par des services de vols habités”, indique SenseFly, la division de “drones professionnels” de Parrot.

Equipés de capteurs thermiques ou desystèmes d’imagerie hyperspectrale, les multirotors peuvent aussi  identifier les zones sèches d’un champ, afin d’aider à une meilleure irrigation. Enfin, grâce à des capteurs infrarouges, les aéronefs sans pilote (UAV) permettent de connaître “l’état de santé” de chaque plante, au moyen d’images multispectrales, et de repérer le début de propagation d’une maladie dans une parcelle.

Cette agriculture de précision permise par les drones permettrait à l’agriculteur, selon les experts, de diminuer le coût des intrants et d’optimiser les rendements – de 2 à 5% dans le cas du blé. D’après Nesta, les revenus d’une exploitation moyenne pourrait ainsi être augmentés de “près de 20%”.

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Le RX60 d’AgEagle / Raven Industries

Les agriculteurs français, fans des drones

Les drones semblent avoir largement séduit les agriculteurs, notamment en France. Depuis 2014, la Chambre d’agriculture de la Somme propose ainsi aux agriculteurs du département, un drone conçu par Sensefly et dédié à la cartographie, le “eBee”. Présenté comme autonome (il n’a pas besoin d’être piloté, puisqu’il suffit de définir la zone à cartographier sur une carte numérique, pour qu’il gère seul son “plan de vol”), ce multirotor testé avec succès dans les champs samariens, permet de mesurer le stress hydrique et la présence de maladies dans les cultures, de réaliser une analyse spectrale de la végétation, de calculer le volume de bois dans une forêt, ou encore de prendre des photos pour déterminer l’apport d’azote déjà reçu par les cultures. “Le drone se révèle plus précis que des mesures par satellite telles qu’il en existe déjà. Il est aussi plus flexible dans son utilisation, à la demande, et moins sensible à la météo”, selon Le Monde.

Depuis 2014, le viticulteur Bernard Magrez utilise des drones pour “identifier l’hétérogénéité au sein d’une parcelle, afin d’avoir des traitements différenciés” : les drones permettent de détecter des pieds malades ou en situation de stress hydrique. Le groupe bordelais espère pouvoir bientôt les utiliser pour détecter plus rapidement les attaques de mildiou.

De leur côté, les “agridrones” d’Airinov, là encore autonomes (ils suivent des plans de vol, programmés en fonction de la parcelle à survoler et à analyser) sont utilisés par de nombreux agriculteurs, du nord de la France à l’Eure-et-Loire, en passant par la Nouvelle-Aquitaine avec la coopérative Océalia – pour cartographier les champs, mesurer la lumière absorbée ou réfléchie par les plantes, et ainsi améliorer la fertilisation des sols, détecter des maladies, repérer les zones à désherber ou les besoins en engrais d’une exploitation. Pour Jean-Baptiste Bruggeman, agriculteur et pilote de drone, c’est clair : “d’ici 2018, la majorité des surfaces agricoles en France et la majorité des agriculteurs utiliseront des drones”. Selon Océalia, dont les agriculteurs utilisent les drones d’Airinov pour “optimiser leurs récoltes”, les rendements auraient augmenté de 10% en un an.

Les drones peuvent même être utilisés dans le cadre de la lutte biologique : les fabricants Agribird (spécialisé dans le matériel agricole high-tech) et Helipse (concepteur d’hélicoptères UAV), ont ainsi conçu le HE190, un drone capable de larguer, au plus près de zones à traiter, de façon autonome, une “charge utile”, le Trichospray – en fait, des capsules contenant des larves de trichogrammes, prédatrices du pyrale, insecte connu pour ravager les champs de maïs. Ce qui permet, indique Paul Guermonprez, ingénieur innovation chez Intel, “un traitement de précision”.

Par Fabien Soyez

Les drones, au service du BTP, des mines et des carrières

Selon SenseFly, le bâtiment, les mines et les carrières sont “le secteur le plus porteur” pour les drones. Idem selon Emmanuel de Maistre, CEO de Redbird, l’un des principaux opérateurs de drones civils en France, qui estime que “c’est dans la construction et l’industrie minérale que les solutions existantes sont les plus abouties”, soulignant “l’énorme valeur ajoutée” des drones pour les gestionnaires de chantiers.

Les drones vont-ils révolutionner le BTP, les mines et les carrières, tout comme ils semblent être en train de transformer le visage de l’agriculture ? Rodolphe Jobard, fondateur-directeur de Dronea, société de prestation de services de drones pour l’industrie, décline une liste intéressante d’avantages à utiliser les drones. “Ils permettent de vérifier l’état d’une installation industrielle, de prendre des mesures plus rapidement qu’en ayant recours à un géomètre ou un topographe (et dans des endroits difficilement accessibles)”, indique-t-il.

Une utilisation encore “marginale” en ville

Les drones permettent en outre de mesurer l’efficience énergétique des bâtiments (via, notamment, une inspection thermique, lorsque les appareils sont munis de capteurs), d’inspecter leurs toits, de les cartographier et de les modéliser.  “Les drones captent aussi des données très précises et utiles pour les études de terrain, les relevés topographiques et la cartographie. Ainsi, ils améliorent les rendements et font gagner un temps considérable à ceux qui gèrent des chantiers”, indique Rodolphe Jobard.

Mais si SenseFly et Redbird semblent aussi confiants dans la capacité des drones à investir le secteur du BTP, des mines et des carrières en raison de leur fort potentiel, il n’en reste pas moins que leur utilisation demeure” assez marginale” en ce qui concerne précisément le domaine du bâtiment, selon le directeur de Dronea.

“Les mines et les carrières n’ont pas vraiment de problème, car cela se déroule dans des zones peu peuplées… Mais le BTP se passe surtout en ville, où la réglementation actuelle restreint grandement l’utilisation des drones”, indique Rodolphe Jobard, qui n’estime qu’à 10% l’application industrielle actuelle des drones dans le domaine du bâtiment.

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Les drones, un fort potentiel dans le secteur du bâtiment / Dronea

Les drones pour améliorer la gestion des grands chantiers

Dans le domaine des grands chantiers, en revanche, les drones s’avèrent de plus en plus utilisés. Ainsi le groupe de travaux publics Monnoyeur utilise-t-il depuis 2014, les drones de Redbird pour inspecter des chantiers de Lignes Grande Vitesse (LGV), et améliorer leur gestion en modélisant en 2D ou en 3D les stocks de matière, ainsi que les volumes excavés. Un moyen, notamment, de réduire l’utilisation des engins de chantier, et donc d’économiser du carburant.

Pour “améliorer leur productivité”, Caterpillar fournit une flotte de drones (ainsi que le support de son partenaire Redbird) aux exploitants de grands chantiers. Ils leur permettent de suivre, en temps réel, l’avancement des travaux et les stocks de matériaux.

Idem chez Bouygues Construction et Colas, sa filiale de travaux publics, ou encore chez Lafarge, qui utilisent des drones pour cartographier et quantifier les réserves de matériaux lors de la construction d’infrastructures routières, ou de minerais extraits lors de l’exploitation de carrières – un travail long pour un géomètre (en raison notamment des risques d’éboulement, cela peut durer plusieurs jours), quand un drone peut survoler tout un site en à peine une heure.

 

Un gain de temps et d’argent pour la réalisation de topographies

Pour les exploitants de mines et carrières, les drones permettent de concevoir très facilement des orthophographies (images aériennes du sol rectifiées géométriquement et égalisées radiométriquement) géoréférencées des terrains, ainsi que des modèles numériques d’élévation (MNE). Ils fournissent aussi des données précieuses en hydrologie (détection thermique des entrées d’eau souterraine).

Sachant qu’il s’agit de terrains souvent difficiles d’accès pour les professionnels, “les drones civils constituent un gain de temps et  d’argent pour la réalisation rapide et efficace des données topographiques et de la modélisation des stocks – tout en préservant la sécurité des humains”, indique BM Drone, société de service spécialisée en acquisition de données géoréférencées par drone. Si ces engins volants ne révolutionnent pas encore totalement le domaine du BTP et des mines et carrières, ils en prennent clairement le chemin.

Par Fabien Soyez

Drones professionnels : faut-il revoir la réglementation ?

Nombreux sont les opérateurs et les industriels à rêver d’une révision de la réglementation établie par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), afin de faire voler leurs drones sur de plus longues distances, si possible hors-vue (hors de la vue du télépilote), avec des charges plus lourdes.

La France fait partie des 63 pays ayant déjà adopté une réglementation sur les drones, et fait figure de pionnière en la matière. Aujourd’hui, l’on dénombre dans l’hexagone quelque 2300 opérateurs, pour 4200 drones professionnels. A des fins de sécurité, une réglementation a été mise en place en 2012. “Elle instaurait une certaine lourdeur administrative, car il fallait déclarer les vols de drones aux aéroports, à la DGAC et aux entités de la défense. C’était très lourd”, se souvient François Legrand, chargé de la réglementation aérienne pour Airinov, premier opérateur français des drones agricoles.

Des scénarios de vol favorables aux drones agricoles

Plusieurs arrêtés ont considérablement allégé ces “lourdeurs” en 2015 et 2016. Désormais, les drones civils professionnels sont identifiés et leur utilisation est distinguée de celles des drones de loisirs. “Les procédures auprès des préfectures ont été simplifiées, et les délais des demandes d’autorisations de vols ont été raccourcis”, précise Stéphane Morelli, président de la Fédération professionnelle du drone civil (FPDC).

En zones non peuplées (scénario de vol S1), il est désormais possible de voler de nuit, avec un plafond de vol limité à 200 mètres d’éloignement du pilote, au lieu de 100 mètres avant 2016. Le vol peut être hors-vue : il s’agit du scénario de vol S2, dans lequel le drone peut évoluer dans un rayon de 1 kilomètre autour du télépilote, à une altitude inférieure à 150 mètres. “Dans le cas des drones agricoles, c’est amplement suffisant pour couvrir les parcelles d’exploitations allant de 30 à 40 hectares. La réglementation est donc favorable aux drones pour l’agriculture”, indique François Legrand.

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Drone vs Cow / Lima Pix / Licence CC / Flickr

Un usage des drones professionnels en ville limité

En revanche, les vols S3, qui concernent le survol (à vue) de zones de population, restent très contrôlés, pour des raisons de sécurité. Comme en 2012, les drones ne peuvent s’éloigner plus de 100 mètres du télépilote. Il faut aussi faire une déclaration à la préfecture afin d’obtenir une autorisation, et déclarer les plans de vol à la DGAC. Dans le cas des drones agricoles, amenés parfois à survoler des villages ou des champs situés à côté d’aéroports ou d’aérodromes ( la réglementation interdit de survoler et de voler à proximité de ces lieux), les opérateurs passent des accords avec les aéroports et les aérodromes,. “Autrefois, il fallait passer par la préfecture ou la DGAC lorsqu’il s’agissait de voler au dessus d’exploitations agricoles proches de ces ‘no fly zones’ : désormais, c’est beaucoup plus simple”, précise le chargé de la réglementation d’Airinov.

Dans le cas des vols de drones professionnels utilisés pleinement en ville, par exemple dans le secteur (porteur) du bâtiment, “la réglementation reste très contraignante et limite clairement leur usage, quand ces appareils gagnent chaque année en durée de vol, en précision et en fiabilité”, regrette Rodolphe Jobard, directeur de l’opérateur Dronea, spécialisé dans le BTP. En ville, il réalise des cartographies, des modélisations et des inspections thermiques de bâtiments. “Mais la réglementation confine les drones sur des distances bien trop courtes. On peut monter à la verticale, prendre des photos et redescendre, mais si l’on veut faire de la photogrammétrie, il faut survoler ce que l’on veut scanner, et l’interdiction de survol de personnes et la limitation de distance à 100 mètres du pilote rendent cela très difficile”, ajoute-t-il. Résultat : “certaines entreprises trichent et volent plus loin que permis, pour distancer la concurrence, il ne faut pas le cacher”.

Rodolphe Jobard ne cache pas sa déception, car pour lui, c’est dans le survol des chantiers et des bâtiments en ville que le potentiel économique des drones est le plus grand. “Mais si vous voulez scanner une ville entière, afin de repérer les bâtiments mal isolés, vous ne pourrez pas parce que cela sera légalement impossible avec des drones. Survoler de grandes étendues reste l’apanage des avions, qui peuvent voler et scanner des dizaines de km2”, note-t-il.

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Drone, Rc, Blade 180 Qx Hd, Quadrocopter / Fill / Licence CC / Pixabay

Le hors-vue en zones non-peuplées encore trop restreint ?

Dans le cas du survol de lignes électriques, le hors-vue n’est pas permis. Ce qui n’est pas le cas pour l’inspection des gazoducs, ou des voies ferrées, la SNCF et GRTgaz pouvant utiliser des drones certifiés S4. Ce scénario de vol concerne les vols longue distance, dans des zones non peuplées, qui peuvent se dérouler sans pilotes. “Mais même là, les drones ne peuvent pas voler plus loin que 1 kilomètre, alors qu’il s’agit de centaines de kilomètres d’installations. Résultat, il faut morceler son vol en plusieurs étapes… C’est la raison pour laquelle les drones ont encore du mal à s’imposer face aux hélicoptères pilotés par des humains, qui peuvent voler sur des centaines de kilomètres en une journée. Économiquement, ce n’est pas encore très rentable…”, estime Rodolphe Jobard.

Prendre exemple sur la simplification américaine

En attendant une révision de la réglementation, et pourquoi pas une harmonisation européenne des réglementations, les USA ont adopté durant l’été 2016, des règles qui encadrent l’utilisation des drones civils commerciaux. “De quoi faire exploser le marché américain qui devrait très vite se hisser au premier rang mondial”, selon Emmanuel de Maistre, co-fondateur de l’opérateur Redbird.

Parmi les mesures phares de la Federal Aviation Association (FAA) : la simplification des procédures à suivre pour faire voler un drone dans le cadre d’une activité commerciale, et la réduction des délais d’attente (qui pouvaient atteindre jusqu’à 6 mois auparavant) pour recevoir les autorisations de vol correspondantes. Selon Emmanuel de Maistre, la France, qui reste en “tête de file du secteur” des drones civils, risque de perdre du terrain si sa réglementation n’évolue pas et ne prend pas exemple sur la simplification américaine.

Pour le fondateur de Redbird, “des flous subsistent sur la définition des zones peuplées”, et le scénario S4 “n’est pas significativement modifié, alors qu’il représente une opportunité économique majeure” – en particulier pour les secteurs de la construction, des mines et des carrières.

Par Fabien Soyez

Les drones, un atout pour l’énergie et les énergies renouvelables

“Les drones ont un avenir prometteur dans le secteur de l’énergie et des énergies renouvelables”, si l’on en croit le cabinet de conseil SIA Partners. Leur potentiel s’avère en effet vaste, au point qu’ils représentent un véritable atout, permettant une inspection technique en zones à risque (plateformes offshore, méthaniers, centrales nucléaires, éoliennes), un examen des barrages, ou encore la maintenance des panneaux solaires.

Avec les drones, la mise en place des inspections et des évaluations des entreprises du secteur de l’énergie à des fins de maintenance prédictive et d’optimisation sont accélérées – en particulier dans des zones dangereuses. “Dans le nucléaire, par exemple, il est plus facile et moins cher d’utiliser des UAV, que d’envoyer des techniciens humains”, note Paul Guermonprez, ingénieur innovation chez Intel.

Entretenir les centrales solaires ou nucléaires

Dans le secteur des panneaux solaires, les drones constituent des outils révolutionnaires, qui permettent de détecter des défauts. “Les fermes solaires représentent une énorme surface. Les drones vont pouvoir prendre des photos, très bien cadrées, de tous les panneaux. Ces photos seront toujours analysées par des humains, mais cela permet de gagner beaucoup de temps”, explique Paul Guermonprez. “S’il y a de la poussière sur les panneaux, des drones permettent même de les nettoyer”, ajoute-t-il, citant les drones d’Ecoppia, fabriquant israélien.

Dans le cadre de la maintenance et de la supervision de ses générateurs solaires, EDF Énergies Nouvelles (ENR) utilise de son côté des drones thermographiques : déployés autour des centrales photovoltaïques, ils analysent les toitures, analysant de possibles anomalies, mesurant la température des panneaux, et repérant d’éventuels “points chauds”.

EDF utilise aussi des drones pour inspecter la structure extérieure des installations de ses centrales nucléaires – ce qui permet d’éviter de mettre en œuvre de trop importants moyens humains et matériels. Là encore grâce à des caméras thermiques haute résolution, le drone détecte des défauts invisibles à l’oeil nu. Les images collectées peuvent être utilisées par EDF ENR pour déclencher, si besoin, des opérations de maintenance ciblées et rapides. Bouygues Energies et Services s’est également équipée de drones, afin d’inspecter les panneaux photovoltaïques de ses centrales solaires. Là aussi, grâce à des caméras thermiques, les cellules photovoltaïques défectueuses sont détectées très rapidement, et d’une manière très précise.

Sur ce drone à 6 moteurs, la caméra est stabilisée sur une nacelle 2 axes. Tant que le vent ne dépasse pas les 50km/h, le drone reste stable. La capuchon orange est une protection en cas de
Équipés de caméras thermiques, les drones survolent les panneaux solaires / Bouygues

Inspecter les pales des éoliennes, au plus près

Enfin, EDF ENR utilise des drones pour inspecter les pales des éoliennes (en particulier ceux situés en mer) – une activité traditionnellement coûteuse et surtout très périlleuse pour les techniciens humains, qui évaluent visuellement l’état des pales en étant tractés par des cordes.

“Les inspections par prise de vues suppriment ces inconvénients et permettent l’utilisation de capteurs en dehors du spectre visuel (inspection thermique à l’infrarouge, en profondeur avec des ondes sonores…). Elles permettent aussi d’automatiser certains traitements d’images (reconnaissance automatique de défauts) et de conserver un historique pour chaque pale”, indique André Moura, CEO de la startup Pro-Drone. Mais le plus grand intérêt du drone reste de pouvoir s’approcher très près des pales, afin d’offrir une très grande résolution, de l’ordre du millimètre, tout en faisant des économies. “L’inspection humaine coûte environ 1500 $. Avec un drone, cela coûte deux fois moins cher”, selon SkySpecs, startup qui fournit des inspections par drones pour les gestionnaires d’infrastructure.

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Eoliennes à Stirling, Alberta, Canada (photo prise par un drone) / Aero Retina Optics / Licence CC / Dronestagram

Détecter des hydrocarbures, inspecter les barrages

Pour protéger l’environnement, mais aussi les techniciens humains, Total utilise des drones pour détecter la présence de fuites de gaz ou d’hydrocarbures sur ses plateformes pétrolières. Le drone “Helper” est ainsi capable de repérer une fuite d’huile, et de l’analyser. Il peut aussi déposer une “balise” géolocalisée, qui permettra ensuite de suivre les déplacements de la nappe de pétrole, en temps réel, afin d’optimiser les opérations de dépollution.

Helper est aussi un “sauveteur” en mer, et est capable de localiser une personne tombée à l’eau, ainsi que de lui envoyer une bouée géolocalisée et autogonflable.

A noter que Veolia a également recours aux drones pour l’observation et la maintenance des barrages – difficilement accessibles pour des humains. La SARP, filiale de Veolia spécialisée dans l’assainissement, utilise ainsi des “octocoptères” de Drone Volt, les “Drone Spray”, pour inspecter et nettoyer des ouvrages pouvant atteindre jusqu’à 40 mètres de haut.

Par Fabien Soyez

Des drones pour surveiller les réseaux

Le gros de l’utilisation actuelle des drones dans l’industrie a lieu dans le cadre d’activités risquées et coûteuses, comme l’inspection de lignes à hautes tension et de réseaux électriques. Automatisés, les UAV permettent aux grands opérateurs français de réseaux d’inspecter des milliers de kilomètres d’installations sans arrêter leur exploitation, tout en réduisant les risques d’accidents, ainsi que le coût de leurs opérations de surveillance.

En embarquant une caméra et des capteurs, les drones permettent de capturer de nombreuses données, et de prendre des clichés haute résolution, afin de réaliser des cartographies ou des modélisations 3D – en toute sécurité. “Travailler sur un pylône haute-tension, c’est dangereux. Utiliser des drones, cela signifie une sécurité améliorée, en plus de pouvoir voler en permanence et d’analyser rapidement des milliers de kilomètres de câbles électriques”, indique Paul Guermonprez, ingénieur innovation chez Intel. Jusqu’ici, pour inspecter les lignes électriques d’une installation industrielle ou des réseaux de lignes à haute tension, “il fallait avoir recours à des hélicoptères, qui coûtaient chers, avec le risque d’un accident”, ajoute-t-il.

Inspecter… ou poser des câbles haute tension

Chez ERDF comme chez Bouygues Energies et Services, des drones permettent ainsi d’inspecter les pylônes ou lignes à haute tension à des fins de maintenance – plutôt que des avions ou des hélicoptères, qui coûtent cher. Idem chez EDF Énergies Nouvelles (ENR), qui utilise des aéronefs non habités pour surveiller des postes de transformation et contrôler les isolateurs défectueux.

Des drones peuvent même être utilisés, non plus pour simplement analyser, mais aussi pour poser des câbles haute-tension. “Au lieu d’utiliser un hélicoptère, qui coûte là encore très cher et qui pollue, on a recours à un drone, simple à utiliser, moins coûteux et avec un impact écologique moindre”, indique Paul Guermonprez. Ainsi, Bouygues Energies et Services, tout comme Engie IneoRHT, utilisent des drones pour dérouler des câbles en haut des pylônes haute tension.

Concernant l’analyse des milliers de kilomètres de câbles électriques, Rodolphe Jobard, directeur de l’opérateur Dronea, constate : “il y a un potentiel colossal, mais pour l’instant, la réglementation ne permet pas d’utiliser des drones de façon vraiment régulière, car ils ne peuvent voler en hors-vue pour des raisons de sécurité”. En outre, pour lui, les constructeurs d’hélicoptère, concurrencés, risque de contre-attaquer. “Mais peut-être se mettront ils eux-mêmes aux drones pour l’industrie, pourquoi pas ?”, questionne-t-il.

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Pylônes éléctriques photographiés par drone / Simonskafar / Licence CC / Pixabay

 

Des drones pour l’observation des voies ferrées et du trafic autoroutier

Depuis 2015, la SNCF a aussi recours aux drones (achetés ou construits sur mesure, et supervisés par un “pôle” dédié), pour inspecter les installations de son réseau ferré (rails, maintenance végétation, parois rocheuses menaçant de s’ébouler le long des voies, toitures de train ou de gares), effectuer des relevés topographiques pour le renouvellement des voies, et détecter des actes de malveillance (notamment le vol de câbles) – en soutien des équipes au sol. La compagnie ferroviaire envisage en outre d’utiliser des UAV pour les inventaires de ses entrepôts.

A noter que pour surveiller son réseau de voies ferrées et réaliser des cartographies, la SNCF bénéficie, contrairement à ERDF, d’une dérogation unique de la DGAC (direction générale de l’aviation civile), qui lui permet de faire voler certains drones (conçus par Delair-Tech) hors de portée de vue du pilote, jusqu’à 100 kilomètres. Il est ainsi possible de faire réaliser aux drones de longues missions, et ainsi de réaliser des inspections moins coûteuses, plus rapides et plus efficaces.

Les drones sont aussi utilisés pour surveiller un autre type de réseau : le trafic autoroutier. Ainsi, Vinci Autoroutes, qui gère plus de 4000 kilomètres d’autoroutes en France, a-t-il recours (pour le moment, ponctuellement) aux drones pour informer les usagers des conditions de circulation – via des prises de vues à visualiser “en direct et en continu”. Nom du service : “Drones Info Trafic”.

Observer les réseaux de gazoducs

Reste les réseaux de transport de gaz. Depuis 2014, GRTgaz, filiale d’Engie (ex-GDF Suez), expérimente l’utilisation de drones fabriqués par Delair-Tech, pour surveiller ses 30.000 kilomètres de gazoducs et de pipelines. Là encore, comme pour la SNCF, il s’agit de drones bénéficiant d’une dérogation, qui leur permet de survoler les réseaux en hors-vue.

Par Fabien Soyez

“Avec les drones, l’industrie entre dans une nouvelle ère”

Paul Guermonprez, ingénieur innovation chez Intel, travaille avec les universités et les entreprises, autour de l’usage scientifique et industriel des drones. Il est l’auteur du livre “Les drones débarquent”.

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L’albris, un “multirotor intelligent pour une inspection rapprochée” / Airinov

Pour les deux spécialistes, le potentiel des drones pour l’industrie est colossal. Encore faut-il l’exploiter.

Techniques de l’ingénieur : Que viennent changer les drones dans l’industrie ?

Paul Guermonprez : « Avec les robots, et les drones en particulier, l’industrie entre dans une nouvelle ère. Le marché des drones professionnels représente déjà en France, 5000 emplois, 2300 opérateurs, 4200 appareils, et plusieurs de dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. Les drones sont avant tout un atout considérable dans les domaines de la maintenance des infrastructures et de l’expertise industrielle. Ils permettent d’accéder plus facilement à des zones difficiles ou dangereuses (barrages, câbles électriques, cavités, éoliennes, infrastructures situées en montagne ou en mer…) afin de détecter des défauts potentiels. En cela, les drones représentent un gain de temps, d’argent et d’efficacité.

Il s’agit d’un changement de mentalité, d’une manière de travailler différente : on passe d’une inspection ponctuelle réalisée par un humain à une analyse permanente, qui permet de détecter des choses plus tôt, et mieux.

Les drones constituent aussi un outil précieux pour l’agriculture, où ils permettent d’analyser et de traiter, d’une façon très précise, des parcelles de champs. Les agriculteurs, qui ont déjà modernisé leur équipement, ajoutent des drones pour optimiser leur travail, utiliser moins d’engrais, au bon moment et au bon endroit. Ainsi, ils obtiennent de meilleurs rendements, tout en polluant moins.

De leur côté, les mines et carrières utilisent déjà beaucoup de drones : des scanners lasers analysent par exemple en temps réel l’état d’une mine, afin d’étudier l’origine d’un éboulement, ou pour connaître la quantité de minerais extraits à un endroit précis.

Enfin, le potentiel est grand dans le BTP, pour suivre l’avancement d’un chantier par exemple. »

 

Rodolphe Jobard : « Le bâtiment, l’énergie et l’agriculture sont les trois secteurs qui ont le plus de potentiel. Et c’est surtout en ville que ce potentiel est grand, en ce qui concerne les bâtiments, la construction, la voirie, l’inspection d’ouvrages et l’analyse du déroulement des chantiers.

Pour autant, il ne s’agit pas pour le moment d’une révolution : les drones viennent juste compléter des méthodes d’analyse déjà existantes (par exemple, les prises de mesures au sol réalisées par les géomètres et les topographes), sans les remplacer. Il y a du potentiel, mais il n’a pas encore été consommé entièrement : pour l’instant, les drones, encore au stade de l’expérimentation, sont loin d’être plus compétitifs que les méthodes traditionnelles, en particulier dans le cas d’une utilisation en ville. »

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Des drones pour inspecter les mines et les carrières / Sensefly (Parrot)

Techniques de l’ingénieur : Quels sont les obstacles à une utilisation généralisée des drones en ville ?

RJ : « Les freins sont d’abord techniques et commerciaux. D’un point de vue technique, le problème, c’est l’interprétation des données. Celles fournies par les drones sont trop nombreuses, en particulier pour la construction de bâtiments. Il faudrait pouvoir les trier, afin de rendre les fichiers plus légers, et plus facilement exploitables par le client. Les géomètres conçoivent des fichiers très légers, car ils font leurs propres interprétations de ce qu’ils voient sur le terrain, mais un drone prend tout ce qui passe et numérise tout en surface ! Il reste donc des logiciels à créer, ainsi que des équipes d’ingénieurs spécialisés et de data scientists à former, afin de simplifier l’usage des données collectées, et in fine, d’automatiser le process.

Il faut aussi noter que les drones restent chers, car encore peu utilisés, et que se pose la question, pour les entreprises, de faire appel à des opérateurs (qui assurent le pilotage des drones, la collecte des données et la restitution avec des logiciels) – dans ce cas, ce sont des donneurs d’ordres et ils se tournent alors vers des opérateurs qui sont surtout des TPE exerçant leur activité en parallèle d’autres et qui sont encore dans le flou -, ou d’opter pour un service en interne. Des sociétés, comme la SNCF, commencent à utiliser leurs propres drones, sur leurs propres installations, mais elles sont encore rares. »

Techniques de l’ingénieur : Les freins sont aussi réglementaires…

RJ : « L’agriculture n’a pas ce problème, car les drones peuvent voler plus loin qu’en ville (200 mètres en zones rurales, contre 100 en zones urbaines), par rapport au télépilote. En utilisant des drones qui leur permettent d’augmenter la précision de leurs actions, les agriculteurs espèrent faire 7% de gains en engrais et en rendement. Mais cela n’est théoriquement possible que parce qu’il s’agit de zones peu peuplées. Les autorisations de vol sont donc plus faciles à obtenir.

En ville, par contre, la réglementation est très contraignante, car il est interdit de survoler des individus. Quand on la respecte stricto sensus, on se retrouve à n’utiliser de drones que sur de petits sites, quelques bâtiments, en bloquant la rue, sans pouvoir survoler de véhicules, d’animaux ou de personnes…

De son côté, l’administration met peu de moyens en face. La DGAC n’a pas assez de personnel pour répondre rapidement aux demandes de dérogation. Si vous voulez par exemple voler la nuit, vous pouvez attente parfois plusieurs semaines avant d’obtenir l’autorisation.

Depuis 5 ans, nous poussons, au sein de la Fédération Professionnelle du Drone Civil (FPDC), pour obtenir la reconnaissance, dans un arrêté, du métier de télépilote – avec une vraie formation, un vrai examen et un vrai diplôme. »

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Agricultural landscape / SkySpirit / Dronestagram

Techniques de l’ingénieur : A quelles évolutions technologiques s’attendre ?

PG : « L’enjeu principal sera demain de concevoir des drones véritablement autonomes. Les industriels rêvent en effet d’un système automatisé, avec des drones autonomes, qui n’auraient pas besoin de pilotes humains. Le recours à des drones pilotés de manière manuelle est un progrès par rapport à une inspection “classique”, mais cela mobilise quand même un pilote humain, et la précision ne sera jamais aussi grande qu’avec un drone autonome.

L’offre commence à s’étoffer et des centaines de startups, à travers le monde, essaient depuis deux ans de concevoir des drones autonomes. A terme, l’on pourrait imaginer que les pilotes de drones finiront par disparaître. Ce genre de système automatique fonctionne déjà bien pour surveiller des lignes électriques, pour analyser les avions d’Airbus sur le tarmac des aéroports, ou encore pour effectuer des traitements de précision dans les champs. Mais si à la vue des tests, cela semble techniquement réalisable, les startups qui vendent les drones ne sont pas encore assez matures ou organisées pour offrir tout un service clé en main. »

RJ : « Avant que la révolution des drones se diffuse, il faudra attendre un certain temps. Mais les investissements tendront à les rendre plus intelligents, et à développer leur usage dans l’industrie. Des logiciels sont en ce moment même conçus pour mieux trier les informations récoltées. Des fabricants comme Parrot et DJI conçoivent des antennes qui devraient permettre une liaison de données plus vaste, et donc un contrôle à distance des drones plus important. Tout un travail est aussi en cours autour de l’identification des multirotors (grâce à des puces, afin de dissocier les drones des industriels des drones de particuliers) et d’un système de geofencing (limitation dans l’espace), afin de s’assurer qu’un appareil ne puisse pas accéder à des endroits interdits ou définis par le client. Tous ces travaux, qui devraient aboutir d’ici 2020, pourront peut-être débloquer la réglementation, et permettre d’augmenter les distances de vol ainsi que la taille du marché des drones pour l’industrie. »

Propos recueillis par Fabien Soyez

Revue de presse anglophone #5 : Elon Musk, Donald Trump, Mark Zuckerberg, voiture connectée…

Zuckerberg président ?

zuckerberg-250Une rumeur persistante aux Etats-Unis veut que le fondateur de Facebook se soit donné comme objectif de devenir président des Etats-Unis. Mark Zuckerberg y a répondu lui-même.

Source : Techcrunch

Une application vous prévient si Donald Trump tweete à propos d’une société dans laquelle vous avez investi

tweet-trump-250Suite à ses multiples frasques sur le réseau social star Twitter, une application a vu le jour pour venir en aide aux investisseurs qui ont peur que certaines sorties du nouveau Président ne leur fassent perdre de l’argent…

Source : Washington Post

 

Pourquoi les orques sont-elles ménopausées ?

orque-250une étude suggère que les orques passent par la ménopause en raison du conflit mère-fille apparaissant lors de la reproduction…

Source : New York Times

Retour sur l’accident d’une Tesla en Floride

tesla-accident-250Il y a quelques mois le premier accident grave impliquant une voiture Tesla faisait la Une de l’actualité. Retour sur cet événement et l’analyse des données liées à cet incident.

Source : Popular Science

 

Réalité virtuelle

rv-200La tendance « réalité virtuelle » pousse les fabricants à innover pour proposer toujours plus d’application… en oubliant parfois quelles sont les spécificités de la réalité virtuelle, pour proposer du tout virtuel… grave erreur !

Source : https://techcrunch.com/2017/01/24/its-called-virtual-reality-for-a-reason/

Elon Musk parle de l’hydrogène

Une vidéo datant de 2013, mais dont le contenu est très actuel.

 

Le potentiel commercial de la voiture connectée

voiture-connectee-250Focus sur les signaux qui font de la voiture connectée dans son ensemble un marché gigantesque pour les années qui viennent.

Source : Techcrunch

 

Trump ou le retour en arrière

trump250Ce n’est pas la première analyse mettant en avant le climato-scepticisme de Donald Trump, mais depuis son élection le nouveau Président américain met ses promesses à exécution…

Source : Science Blogs

La science peut-elle prouver l’existence de Dieu ?

dieu-des-savants-250LA question qu’on se pose tout… et à laquelle la science apporte aujourd’hui de nouvelles réponses…

Source : Science Blogs

Un collège de Los Angeles paie en bitcoins une rançon suite à une cyber-attaque

bitcoin-stock-250Pour la première fois un collège vient de payer une rançon en bitcoins… une première mondiale !

Source : Washington Post

Revue du web #99 : les innovations technologiques les plus étonnantes du mois

Une montre connectée qui se recharge grâce à la chaleur corporelle

Aller racheter des piles pour votre montre ? N’y pensez plus ! Bientôt, les montres pourront se recharger grâce à la chaleur dégagée par votre corps. En tout cas, les inventeurs de la montre Matrix PowerWatch y croient dur comme fer.

Pour financer leur projet, ils avaient besoin de 100 000 $. Leur compteur affiche déjà 700 000 $ sur le site de financement participatif Indiegogo.

Sa commercialisation est prévue entre septembre et novembre 2017. A suivre.

 

Un détecteur de radioactivité dans votre smartphone

Un jeune physicien lyonnais a eu l’idée de créer un petit boîtier connecté qui permet de réaliser une cartographie des émissions radioactives autour de soi.

Rium est capable de déterminer la nature (Uranium 235, Césium 137, etc. ) et la source du rayonnement (environnement naturel ou dispositif médical par exemple).

Déjà disponible en pré-commande sur le site de financement participatif Indiegogo, il devrait être commercialisé dès 2017 au prix de 400€.

 

Un robot qui ne parle qu’en GIFs

Peeqo n’est pas qu’un petit robot peu loquace.
Mais celui qui en parle le mieux, c’est son constructeur, Abhishek Singh :

«Il a une caméra qui peut être activée par la voix, a un haut-parleur sur la tête et des micros dans ses oreilles. […] Peeqo est activé pour écouter quand il entend son nom, comme Alexa. Mais Peeqo peut aussi se redresser et cligner des yeux sur son écran. Il possède un exosquelette mou et bouge légèrement pour montrer qu’il écoute. »

Mais, surtout, Peeqo sera bientôt open source, ce qui vous permettra de fabriquer le vôtre !

 

Une voiture volante testée par Airbus

Airbus souhaite tester un premier prototype de voiture autonome volante avant la fin de l’année.

Lors de la conférence DLD (Digital Life Design) organisée en Allemagne, Tom Enders, le PDG d’Airbus, a déclaré « Il y a une centaine d’années, les transports urbains sont passés sous terre. À présent, nous avons les moyens technologiques pour nous élever dans les airs ».

Le but : proposer un service de taxis (comme dans le film Le Cinquième élément).

 

Après la voiture, le sous-marin volant !

Une université américaine développe actuellement un prototype de sous-marin capable également de voler, une double compétence qui intéresserait particulièrement le département américain de la Défense…

 

Avion du futur : les cockpits connectés

L’interface homme-machine doit évoluer selon Thalès.  Le programme Avionics 2020 engagé en 2013 fait la part belle à l’écran tactile. Mais surtout : Internet débarque dans le cockpit !

Le but : une meilleure circulation de l’information.

 

Energy Observer, le premier bateau électrique à hydrogène

Solar Impulse a volé, Energy Observer va voguer !

Comme son aîné, il fera le tour du monde propulsé par des moteurs électriques. L’énergie sera produite par des panneaux solaires et des hydrogénérateurs qui alimenteront les batteries ainsi qu’une unité de production d’hydrogène.

Le catamaran du futur s’apprête à partir ! Son voyage devrait durer six ans.

Par Iris T.

La France manque d’experts en sécurité informatique

Le chômage est encore élevé en France, mais il y a des secteurs qui ne demandent qu’à embaucher ! C’est le cas de la sécurité informatique. Selon l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), le secteur représente 40 000 emplois en France, tous métiers confondus. Mais ce n’est pas suffisant. La multiplication des attaques et des réglementations toujours plus contraignantes et complexes obligent les entreprises à recruter à tour de bras des professionnels. Les offres sont émises par les grands comptes comme EADS, Thales, Orange, Sogeti, Alcatel-Lucent, Cassidian, Capgemini, etc. Dans le public, l’ANSSI est le principal recruteur.

« Mais la tendance au recrutement de responsables de la sécurité des systèmes d’information est très forte dans les entreprises de taille moyenne », précise Alain Bouillé, le président du Cesin (Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique).

Résultat, les étudiants qui sortent de ces écoles n’ont aucune difficulté à trouver une entreprise pour les accueillir. Tous les profils sont recherchés, mais ils sont généralement très techniques. Si un bac+3 peut suffire, les entreprises misent principalement sur des jeunes diplômés de niveau bac+ 5. « Les diplômes d’ingénieurs sont particulièrement appréciés, surtout lorsqu’ils sont colorés d’une spécialité “sécurité et systèmes d’information” », précise Martine Tertulliani, responsable des ressources humaines chez Thalès.  Il existe près de 50 formations aux différents métiers de la cybersécurité en France. Elles vont du niveau bac+2 aux Mastères spécialisés comme c’est le cas à l’ESIEA à Laval.

Avec un tel bagage en poche, les étudiants pourront à terme occuper différents postes selon leurs affinités et compétences : testeurs d’intrusion, auditeurs, techniciens, développeurs, mais également Responsables de la sécurité et des systèmes d’informations (RSSI), analystes, enquêteurs « post mortem » qui analysent les attaques après coup. Sans oublier des architectes, des juristes et des formateurs.

« Mais la pénurie continuera pendant au moins 5 ans », estime David Majorel, directeur Audit & Conseil, IS&T, Digital et Cybersécurité au sein du cabinet de recrutement Michael Page. Cette pénurie explique les salaires assez élevés : un technicien support de niveau 1 dans un Security Operations Center (SOC) peut toucher autour de 40 000 euros, un analyste de niveau 3 peut prétendre à 65 000 euros, tandis que le responsable du SOC n’aura pas de mal à trouver un poste autour de 80 000 euros.

Philippe Richard

Des déchets alimentaires pour produire du graphite et de l’hydrogène

Le projet de recherche européen PlasCarb a tenu ses promesses en validant le process permettant de transformer des déchets alimentaires en graphite et en hydrogène. Le process est constitué de plusieurs étapes. “La première, bien maîtrisée est celle qui permet de transformer des déchets alimentaires en biogaz (méthane et dioxyde de carbone) dans un digesteur anaérobie. Ensuite, après une étape de purification, ce biogaz est passé dans un réacteur à plasma micro-ondes à basse température, le GasPlas, pour produire le graphite (que les chercheurs ont baptisé PlasCarbon renouvelable) et l’hydrogène”, explique Neville Slack, le coordinateur du projet au UK’s Center for Process Innovation (CPI).

Des perspectives intéressantes

Le pilote, fabriqué pendant le projet, a fonctionné pendant cinq semaines à l’été 2016. Il a permis de valider la technologie et de montrer que le graphite ainsi produit est de bonne qualité.

Le projet qui s’est officiellement achevé en novembre 2016 se poursuit néanmoins par des partenariats permettant de démontrer les applications possibles du PlasCarb (notamment via son utilisation sous forme de nanoparticules) et par la caractérisation plus précise de ses propriétés et de sa structure 3D. A ce jour, le PlasCarb a été testé avec succès dans des encres conductrices à base de nanoparticules égalant celles fabriquées avec des nanocarbones d’origine fossile et prouvant qu’il pouvait être une alternative à cet approvisionnement. Il a aussi été intégré dans des composites pour la reconstruction osseuse dont il améliore un certain nombre de propriétés et a fait l’objet d’une étude de marché pour remplacer du carbone traditionnel dans les batteries.

Sophie Hoguin

Treize grands groupes industriels s’unissent autour de l’hydrogène

La première réunion de ce “Conseil de l’hydrogène” (Hydrogen Council) a donc accueilli les réprésentants d’Air Liquide, Alstom, AngloAmerican, BMW, Daimler, Engie, Honda, Hyundai, Kawasaki, Shell, Linde Group, Total, et Toyota. Des multinationales couvrant donc toute la filière d’exploitation potentielle de l’hydrogène : mines, gaz industriels, automobile, énergie.
Objectifs: favoriser la recherche sur l’hydrogène pour en faire une réelle filière viable pour la transition énergétique. Et pour cela les entreprises participantes ont annoncé qu’elles investiraient 1,4 Md d’euros cumulés par an dans la recherche et la commercialisation de l’hydrogène. Elles souhaitent établir un cadre réglementaire favorable et créer des standards internationaux. Mais elles attendent aussi que les pouvoirs publics les soutiennent dans cette initiative et c’est là aussi l’objectif de ce conseil: établir un lobby fort et visible pour la filière hydrogène.

Les débouchés de l’hydrogène ne sont pas seulement ceux d’une alternative aux carburants actuels pour les voiture mais aussi une moyen possible de stocker les énergies renouvelables produites mais non utilisées. Reste à relever les défis de l’utilisation de masse et de la baisse des coûts encore nécessaire à la viabilité d’une telle filière.

Sophie Hoguin

Une nouvelle thérapie pour réparer et consolider les os

Osteogrow est un projet européen collaboratif coordonné par une équipe de cliniciens croates à Zagreb dont l’objectif était de mettre en place des essais cliniques pour une nouvelle thérapie régénératrice à faible coût. Il s’agit notamment d’utiliser à peu près 10 cl de sang du patient pour créer des caillots. Ces caillots sont ensuite injectés comme dispositifs autologues pour apporter une protéine morphogénétique osseuse (BMP6) au point où l’os neuf doit être fabriqué lorsque le patient est au bloc opératoire. En utilisant le sang du patient lui-même on diminue les réactions inflammatoires courantes qui apparaissent avec les autres dispositifs actuels.

Des essais cliniques de phase 2

Après des tests sur des lapins et des moutons qui ont donné d’excellents résultats, le traitement Osteogrow a été suivi avec succès par dix patients à l’Hôpital des Sœurs de la Charité à Zagreb pour des formes sévères de fracture du radius et des fractures du tibia non consolidées à répétition. Aucune complication, ni effet secondaire n’ont été enregistré. À Vienne, des chirurgiens utilisent la nouvelle thérapie pour traiter des patients atteints de pathologies dégénératives de la colonne vertébrale. Les essais cliniques se poursuivent et au total, 75 patients auront suivi ce nouveau traitement.

Devant les résultats très prometteurs, l’équipe de recherche cherche à présent des débouchés commerciaux pour son traitement qui pourrait arriver sur le marché dans les deux ou trois ans.

Un marché prometteur puisque les chercheurs estiment que le nombre de fractures osseuses éligibles à cette technique devrait passer de près de 2 millions de cas par à an à 5 millions dans les 20 ans.

Sophie Hoguin

L’ESA résolue à élargir ses partenariats en 2017

Globalement reconduite dans ses budgets à l’occasion de la réunion ministérielle de ses membres à Lucerne début décembre 2016, l’agence spatiale européenne (Esa) a toujours de nombreux programmes en cours dont certains devraient faire l’actualité tout au long de l’année 2017. Que ce soit dans le domaine de l’observation de la Terre, des télécommunications ou de l’exploration spatiale. Mais, d’un point de vue stratégique, l’Esa vise surtout à s’intégrer dans le nouvel environnement du secteur spatial qui s’annonce: un nouveau terrain de jeu où les acteurs se multiplient et se diversifient (entreprises privées, nouvelles puissances économiques, participation des citoyens etc.) au sein d’un espace digitalisé et global. Un nouvel âge que l’Esa qualifie de Space 4.0 en résonance avec le concept en vogue d’industrie 4.0.

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Les PPP ont une place au soleil

Au centre de ce nouvel axe de développement stratégique,un encouragement fort aux partenariats publics-privés (PPP) a expliqué Jan Woermer, le directeur général de l’Esa. Mais aussi une ouverture à des coopérations plus larges et plus diverses: pays hors UE, universités, acteurs privés ou institutionnels du secteur spatial ou non auprès desquels l’Esa pourrait jouer des rôles différents selon les projets (coordination, organisation, financement ou simple facilitateur ou soutien technique etc.).

Pour assurer son entrée dans l’ère Space 4.0, l’Esa travaille aussi sur la gestion de ses données : stockage, conservation, mode de partage, ergonomie d’accès… Objectif: offrir un espace de Big Data contenant des informations commercialisables.

De Galileo à SmallGEO

Depuis mi-décembre 2016, le système de navigation européen Galileo est officiellement opérationnel. Malgré des dysfonctionnements apparus sur une dizaine d’horloge équipant certains satellites, la bonne marche du système est garantie a assuré le directeur général. Selon ce que révèlera l’enquête en cours, des changements pourraient intervenir dans la suite du programme.

En matière de télécommunication, le premier événement marquant interviendra dès le 28 janvier prochain avec le lancement d’Hispasat 36W-1. Ce satellite commercial de télécommunication espagnol sera le premier à utiliser la plateforme européenne polyvalente géostationnaire SmallGEO. Issu d’un partenariat public-privé entre l’Esa, Hispasat, OHB System, et le DLR (centre aérospatial allemand), cette mise en service doit prouver que l’Europe peut jouer un rôle significatif sur ce marché compétitif.

Par ailleurs, même si le programme GlobeNet (extension du programme de relais de données utilisant le laser – EDRS) n’a pas réussi à boucler la totalité de son budget, le deuxième noeud EDRS devrait être lancé par Ariane 5 au dernier trimestre 2017 (voir cet article http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/le-laser-sinstalle-dans-les-communications-par-satellite-31618/).

La Terre, scrutée sous tous les vents

2017 verra plusieurs lancement de satellites Sentinelle (2B, 5P, 3B) qui viendront compléter la constellation du programme Copernicus d’observation de la Terre. Premier lancement prévu le 7 mars. En fin d’année, le lancement attendu est celui d’ADM Aeolus. Ce satellite sera le premier au monde à fournir quotidiennement des profils de vent à l’échelle du globe. Des données utiles pour le climat et pour le suivi de la pollution.

Exploration: de la Lune à Mercure

L’Esa devrait logiquement poursuivre sa coopération avec la Nasa sur la station spatiale internationale d’où reviendra le français Thomas Pesquet et où sera envoyé l’italien Paolo Nesposi. Côté exploration, une conférence internationale présentera BepiColombo, la mission conjointe avec les japonais à destination de Mercure (lancement programmé pour fin 2018) et un centre de simulation de l’environnement lunaire devrait être inauguré à Cologne au deuxième semestre. Il s’inscrit dans le concept de “village lunaire” développé par l’Esa. Jan Woermer a ainsi expliqué que ce concept recouvre aujourd’hui le regroupement de plusieurs intérêts (activités minières, astronomie, transport de charges…) mais ne s’inscrit dans aucun programme. Il s’agit plutôt d’une initiative ouverte à toutes les parties prenantes intéressées et pour laquelle l’Esa se place en coordonnateur et facilitateur.

Sophie Hoguin

En Chine, les énergies renouvelables produisent moins que prévu

La Chine a marqué les esprits en 2015 en installant, sur cette seule année, 30 GW éoliens devenant ainsi le premier parc mondial avec 145 GW, sur les 432 GW au total dans le monde. Une performance d’autant plus grande que les objectifs du pays n’étaient « que » de 100 GW en 2015. Le parc photovoltaïque est plus modeste (54 GW), mais reste le plus puissant au monde devant l’Allemagne (près de 40 GW).

20% de pertes

Malgré ces capacités installées importantes, la Chine ne tire pas le meilleur parti de ses énergies renouvelables. Selon une étude de la National Energy Administration (NEA), près de 21% de la capacité de production éolienne du pays n’a pu être utilisée sur les six  premiers mois de l’année 2016. Le photovoltaïque ne fait pas bien mieux : 19,7% de pertes en moyenne sur la même période dans les provinces de Gansu et du Xinjiang. L’institution publique explique cette sous-utilisation par un déficit manifeste d’échanges physiques entre les différents gestionnaires de réseaux de ce vaste pays. Une situation certes liée à l’insuffisance des lignes haute tension, mais pas seulement.

« De plus en plus, vous voyez des gouvernements locaux essayer de protéger leurs intérêts, ce qui signifie qu’ils ont tendance à acheter de l’énergie renouvelable produite sur leur territoire au lieu de l’importer », explique Patrick Dai, analyste chez Macquarie, à RechargeNews. Une logique clientéliste qui va jusqu’à faire démarrer des centrales thermique au charbon plutôt que de faire venir d’autres provinces de l’électricité propre cherchant un débouché. Une situation qui a poussé les autorités centrales à réagir.

Verticalité

Le gouvernement chinois est résolu à développer les échanges d’électricité verte entre provinces, quitte à redonner de la verticalité dans la politique énergétique. Une première directive impose aux GRT de contracter des volumes définis d’énergies renouvelables dans leur mix électrique. Une mesure qui devrait précéder une série d’autres. Ainsi, les gouvernements locaux devront faire le point annuellement sur leurs efforts à intégrer davantage d’Enr. Ils seront notés par Pékin et pourront faire l’objet de sanctions financières en cas d’échec. Concernant le volet technique des interconnexions, un mécanisme d’échange de certificats verts est actuellement à l’étude pour offrir un cadre réglementaire unique aux gestionnaires de réseau.

Le cas chinois montre qu’en matière de transition énergétique, les capacités installées ne sont qu’une brique, nécessaire mais pas suffisante, de l’édifice. La gestion des réseaux prend une place cruciale dans l’équation énergétique. Une problématique qui s’accentue à mesure que les Enr représentent une part toujours plus importante du mix électrique.

Romain Chicheportiche

La pêche en eau profonde mieux encadrée

Voté en juin 2016, le réglement européen n°2016/2336 encadrant le chalutage en eau profonde est entré en vigueur le 12 janvier 2017. Il répond au cadre légal mis en place par les Nations Unies pour la pêche profonde en eaux internationales.

Ce réglement n’interdit pas l’intégralité de la pêche dans les eaux profondes. Il interdit néanmoins le chalutage de fond, au-delà de 800 mètres de profondeur. Cette interdiction était attendue depuis des années par les ONG du secteur, pour empêcher une destruction des fonds marins, qui s’opère jusqu’à 2.000 mètres. Par ailleurs, les zones abritant ou susceptibles d’abriter des écosystèmes marins vulnérables devront être fermées à la pêche de fond à moins que la pêche puisse être gérée sans générer d’impacts négatifs importants.

Des fonds marins mieux protégés

Les navires, à l’exception des chaluts de fonds, pourront continuer à pêcher en eaux profondes, dans les zones historiquement pêchées. Des études d’impact environnemental seront nécessaires pour pouvoir pêcher en dehors de la zone de pêche historique, mais uniquement pour les navires classés comme « ciblant » les espèces profondes. Les autres pourront pêcher sans faire d’étude d’impact préalable.

Tout navire pratiquant la pêche à des profondeurs supérieures à 400 mètres et rencontrant des écosystèmes marins vulnérables devra s’éloigner des zones concernées d’au moins 5 miles nautiques. Son devoir sera de les signaler aux autorités en vue de leur fermeture.

Ces dispositifs de protection s’accompagnent de mesures renforcées sur le contrôle des activités de pêche, la collecte de données et l’observation scientifique à bord des navires.Des observateurs scientifiques seront notamment obligatoires sur 20% des navires ciblant les espèces profondes.

Un succès en demi-teinte

Les espèces profondes vivent longtemps, grandissent lentement et atteignent tardivement la maturité sexuelle. Leur biologie les rend donc plus vulnérables à la pêche que les espèces de surface. Le réglement ne prend finalement aucune mesure concernant la gestion des stocks de poissons. Pas plus que sur les « prises accessoires » d’espèces profondes, comme les requins.@

Notons que le texte se limite aux seules eaux européennes et aux eaux internationales de l’Atlantique Centre-Est. Selon l’association Bloom, cette disposition a été mise en place sous la pression de l’Espagne pour que ses navires, pêchant principalement en eaux internationales, ne soient pas impactés par le règlement.

Les chalutiers sont des bateaux allant de 6  à plus de 50 mètres et qui pêchent grâce à un filet conique (chalut) qu’ils traînent dans l’eau. Le chalut de fond ne pénètre pas le sédiment, mais il détériore les habitats et les organismes posés sur le fond.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

La Marine américaine teste un projet off-grid

Micro-réseau

Le projet consiste à mettre en place un mode d’alimentation en électricité et en chaleur fiable pour les 121 bâtiments de l’île de Parris, en Caroline du sud, où réside le Marine Corps Recruit Depot (MCRD). Il reposera sur un parc photovoltaïque de 6,7 MW, couplé à un système de stockage par batteries d’une capacité de 8 MWh. La centrale à gaz existante sera modernisée pour la transformer en une unité de cogénération (électricité/chaleur) de 3,5 MW. Enfin, des générateurs diesel de secours seront installés en cas d’urgence. Le contrat, valorisé à 91,1 millions de dollars, prévoit l’intégration d’un système de contrôle du réseau pour optimiser la production renouvelable.

L’énergie la moins chère et la plus propre étant celle que l’on ne consomme pas, de nombreuses initiatives d’efficacité énergétique seront entreprises : remplacement de 29 000 éclairages par LED, domotique, modernisation du système de climatisation, etc. « Ce projet fournira au MCRD une source fiable de chaleur et d’énergie combinée à des contrôles avancés et à une technologie de stockage d’énergie pour permettre au site de fonctionner de manière autonome en cas de perte de connexion avec le réseau assurant le fonctionnement des systèmes critiques. Par-dessus tout, le projet vise à revitaliser l’infrastructure énergétique existante de Parris Island », s’est félicitée la compagnie. Les travaux doivent débuter ce printemps pour s’achever à l’été 2019.

Enjeu stratégique

L’armée américaine s’intéresse de près à la technologie dite « off-grid », soit hors-réseau. L’alimentation énergétique est historiquement un enjeu majeur de toutes les  forces armées, surtout lorsqu’elles se projettent hors de leurs frontières. L’organisation et les ressources qu’elle nécessite sont non négligeables incitant à la recherche de solutions alternatives. Cette expérience n’est pas une première pour l’armée américaine qui multiplie les recherches et prototypes. Dès 2014, l’US Navy a fait un test de micro-réseau à Port Hueneme, en Californie. En 2016, elle a lancé pour la première fois 4 navires propulsés par des biocarburants, Techniques de l’Ingénieur s’en était fait l’écho. L’US Air Force n’est pas en reste et étudie quant à elle les technologies de micro-grid mobiles et déployables rapidement en environnement hostile. Un essai est en cours de réalisation avec des installations encore de faible capacité (8 kW), couplées à un système de stockage. La solution n’est pas encore compétitive face aux groupes électrogènes, mais la baisse des coûts est déjà amorcée dans ce secteur de niche.

Romain Chicheportiche