La ressource mondiale en eau, bien que globalement abondante, est très inégalement répartie sur la planète. Alors que le volume total d'eau douce terrestre est estimé à 41 600 milliards de mètre cubes, moins de 1 % est disponible pour l'homme . Actuellement, les zones arides et désertiques, ainsi que certaines régions tempérées mais très densément peuplées, subissent un épuisement progressif de leurs réserves. On assiste, de plus, à une forte augmentation des besoins en eau, due à l'utilisation massive de l'irrigation, à l'accroissement conjugué de la population mondiale et de la consommation de chaque individu. Ainsi, la pression globale exercée sur la ressource disponible s'accroît. Cette dernière était, en 1970, de 14 000 m3 par personne et par an, contre 8 000 m3 en 2008 .
Ce contexte de problèmes récurrents d'accessibilité à l'eau a conduit, entre autres, au développement de solutions de recyclage des eaux usées. Elles permettent de réduire les prélèvements effectués sur la ressource pour subvenir aux besoins des populations. En effet, les eaux recyclées sont substituées à l'eau potable dans des applications pour lesquelles une moindre qualité est suffisante. Les eaux recyclées peuvent être utilisées dans des domaines aussi variés que l'irrigation agricole, la recharge de nappes souterraines, l'arrosage de jardins ou la protection incendie. Les pays ayant déjà une large expérience du recyclage des eaux grises à différentes échelles sont sans conteste les États-Unis et l'Australie, où les eaux recyclées sont principalement utilisées dans l'agriculture, et le Japon, où la réutilisation des eaux usées épurées est obligatoire dans certaines régions, dans les immeubles dont la surface habitable est supérieure à 30 000 m2. Dans une moindre mesure, l'Allemagne et le Royaume-Uni développent actuellement des projets à l'échelle de petits quartiers résidentiels.
Le présent article tente d'aborder le domaine des eaux grises dans sa globalité. Il convient ici de ne pas se limiter au périmètre géographique de la France, mais bien d'inscrire cette démarche à l'ensemble des régions du monde ayant un déficit quantitatif et qualitatif de ressource en eau. Ainsi, seront abordés :
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les flux et la composition des eaux grises brutes ;
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la législation en vigueur en France, en Europe et dans les autres pays ;
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les traitements pour un recyclage ;
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le coût de tels traitements.