Bien que le feu soit maîtrisé par l'homme depuis près de 790 000 ans, la compréhension des phénomènes correspondants a surtout connu des développements dans la seconde moitié du XX e siècle. La mise en équation des phénomènes de combustion et de transports est ainsi très récente.
Les premiers modèles analytiques, issus des travaux de quelques pionniers comme Howard Emmons, Philip Thomas ou Kunio Kawagoe entre les années 1950 et 1970 a abouti à l'établissement des modèles numériques actuels, en parallèle du développement de l'informatique.
Ces modèles ont pour but de représenter une situation d'incendie, afin de permettre des calculs prédictifs du déroulement des sinistres. Ainsi, ils sont l'outil principal dont dispose l'ingénieur afin de quantifier les effets du feu dans un ouvrage, pour un scénario de feu donné. Cet outil doit permettre de connaître l'évolution de l'environnement d'un ouvrage en fonction du scénario, en particulier les variations de température (locales ou globale) et de la puissance du feu (débit calorifique). Les objectifs sont alors de permettre la mise en sécurité des personnes à proximité du déplacement des fumées et le dimensionnement de la tenue des structures lors d'un incendie.
Aujourd'hui, du fait du développement dans les réglementations des domaines du transport et du bâtiment, de l'ingénierie de la sécurité incendie comme mode de preuve du niveau de performance en sécurité incendie, l'ingénieur dispose d'une palette d'outils de modélisation afin de quantifier le développement et les conséquences des incendies.
Dans une étude d'ingénierie de la sécurité incendie, la démarche d'utilisation de ces modèles intervient à l'issue d'une étape d'analyse de risques, puis de sélection de scénarios de dimensionnement. Les modèles sont alors les outils de quantification utilisés pour attester d'un niveau de performance en sécurité incendie d'un ouvrage, par comparaison à des seuils prédéfinis (démarche absolue) ou par comparaison à des conceptions considérées par défaut comme acceptables (démarche relative). Dans de telles applications, l'outil numérique peut surévaluer certains paramètres, car il sert d'outil de dimensionnement. Il convient de s'assurer qu'il ne sous-évalue jamais le niveau de sécurité calculé.
D'autres usages de ces modèles sont possibles, comme la reconstitution de sinistres réels, dans des cadres judiciaires ou pour en tirer pleinement les enseignements et faire progresser les réglementations. Dans de telles applications, une représentation la plus proche possible avec la réalité est souhaitée.