Les procédés d’extraction des plantes ont été utilisés probablement depuis la découverte et la domestication du feu. Égyptiens et Phéniciens, Juifs et Arabes, Indiens et Chinois, Grecs et Romains, et même les Mayas et les Aztèques, toutes ces civilisations possédaient un savoir-faire dans l’art d’extraire et d’utiliser des plantes pour obtenir des substances d’intérêt pour leur cosmétique, parfumerie, médecine, nourriture, couleurs et matériaux de construction.
Il existe un certain nombre de ressources bibliographiques qui rapportent des solutions nouvelles pour une chimie plus propre et plus sûre : la chimie verte. Cette chimie du XXe siècle intègre l’optimisation de l’efficacité et de la consommation énergétique des procédés, le recyclage de matières premières et des sous-produits des réactions chimiques, la diminution des déchets ultimes et l’impact sur la santé et sur l’environnement. Les défis du XXIe siècle pour la protection de l’environnement et de l’humanité en général ainsi que la compétitivité du marché mondialisé exigent des innovations de rupture plutôt qu’une simple continuité. Une des solutions serait une nouvelle « chimie verte du végétal » reposant sur le végétal comme matière première avec des valeurs aussi bien économiques que de responsabilités. Mais, il faut innover dans toute la filière, aussi bien pour la culture et la bioraffinerie du végétal, pour obtenir des synthons qui vont être transformés selon les principes de la chimie verte pour en faire des médicaments, des plastiques, des ingrédients… Ainsi, un maillon essentiel de cette filière est l’extraction incluant la « détexturation » de la matière végétale ainsi que l’obtention des divers métabolites.
Le domaine de l’extraction est entré dans sa révolution ou son évolution « verte », en opérant une mutation vers l’« éco-extraction du végétal ». Une définition ainsi que des principes ont été adoptés grâce à un travail collectif avec la participation des producteurs de matières premières végétales, des industriels transformateurs d’extraction et de purification, les formulateurs de produits finis ainsi que des chercheurs académiques, les pôles de compétitivités et les institutionnels : « l’éco-extraction est basé sur la découverte et la conception de procédés d’extraction permettant de réduire la consommation énergétique, mais aussi l’utilisation de solvants alternatifs et des ressources végétales renouvelables, tout en assurant la qualité et la sécurité des produits finis envers les opérateurs, les consommateurs et notre environnement ». Cela a permis de lister les verrous technologiques et les challenges à relever par les académiques et les industriels, de réfléchir sur l’évaluation de l’impact environnemental, l’importance des labels et des normes, les attentes des consommateurs, industriels et institutionnels, mais aussi d’envisager les visions futures dans un contexte de compétitivité et de développement durable.
Cet article présente les six principes de l’« éco-extraction du végétal » qui se définissent non pas comme des impératifs à appliquer mais comme démarche de progrès et de marche en avant pour de l’innovation vers une extraction écologique, économique et compétitive. Chaque principe est décrit à travers son contexte, ses bonnes pratiques ainsi que les outils technologiques ou techniques déjà testés et utilisés par des entreprises de la parfumerie, la cosmétique, les ingrédients et additifs alimentaires ou bien de la chimie fine. L’accent a été surtout mis pour détailler des succès industriels véritables innovations technologiques, de culture, de procédures et de pratiques.