En 2025, les accords de Paris fêteront leurs 10 ans. La COP30, qui se tiendra en novembre prochain, aura une portée d’autant plus symbolique que l’administration Trump a récemment décidé, pour la seconde fois, de quitter l’accord de 2015. L’un des défis de cette COP30 sera de démontrer qu’une forme de multilatéralisme climatique est possible.
Après Dubaï et Bakou, c’est au tour de Belém, capitale de l’État du Para, dans le nord du Brésil (8e producteur de pétrole au monde), d’accueillir la prochaine conférence mondiale sur le climat[1]. Rappelons néanmoins que le Brésil prévoit, comme les deux précédents organisateurs des COP, d’augmenter sa production de pétrole dans les années à venir. Une position aberrante, qui illustre le paradoxe des COP et toute la difficulté de l’action climatique.
La COP des COP ?
Les accords de Paris vont bientôt fêter leurs dix ans et entrer dans leur troisième période quinquennale d’application (2026-2030). Concrètement, cela implique que les engagements de réduction d’émission qui figurent dans les contributions déterminées au plan national, les fameux NDC, devront être revus, pour chaque pays.
Or, sur les presque 200 signataires de l’accord de Paris de 2015, 13 seulement ont soumis leur stratégie actualisée de réduction des émissions avant la date limite du 10 février 2025. Ils n’étaient pas plus d’une vingtaine à la date du 31 mai. Même l’UE, habituellement plus assidue, est en retard !
Néanmoins, ces retards ne sont pas à interpréter comme un renoncement, car les pays prennent désormais plus de temps à développer leurs NDC. Pour Ana Toni, directrice générale de la COP30, la qualité des feuilles de route s’est fortement améliorée, car « les pays développent des plans sectoriels et ils regardent comment ils vont aider à investir dans ces plans. »
Mais, comme le souligne Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du climat, le contexte international n’est pas franchement favorable, entre « l’arrivée de Trump, le remplacement probable de Trudeau par un conservateur dont le premier des mots d’ordre est le démantèlement de la taxe carbone canadienne et les valses hésitations de l’Union européenne sur la mise en œuvre du Green Deal. »
Par ailleurs, la position de la Chine n’est pas claire non plus, puisqu’elle a relancé, en 2024, la construction de centrales thermiques à charbon, tout en poursuivant la croissance exceptionnelle de son parc solaire et éolien[2].
Pourtant les enjeux de cette future COP sont cruciaux et les six prochains mois seront déterminants. La ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, qualifie même la COP30 de « COP des COP », celle qui devra être un exemple de coopération entre les pays afin d’arriver « avant la COP2030 à un alignement sur l’urgence climatique ».
Une diplomatie climatique sans les États-Unis est possible
Il est évident que le succès de la lutte contre le changement climatique est conditionné par la coopération entre un maximum d’États. Mais la grande question est : une politique climatique commune est-elle envisageable, sans les États-Unis ?
Pour Ana Toni, directrice de la COP30, un multilatéralisme climatique est possible et peut même devenir une force. Selon elle, le fait que les États-Unis aient quitté l’accord de Paris est une mauvaise nouvelle, mais elle considère qu’il est plus constructif de consacrer du temps et de l’énergie à travailler avec les 197 pays qui restent dans l’accord.
En outre, il ne faut pas oublier que les États-Unis avaient déjà quitté l’accord de Paris au cours du premier mandat de Trump, ce qui n’avait pas entraîné, à l’époque, de retraits massifs de la part d’autres pays.
L’autre crainte serait d’entrer dans une période d’inaction, marquée par un manque d’intérêt pour la lutte contre le changement climatique. Mais là encore, il y a des raisons d’espérer, car, malgré le retour aux énergies fossiles porté par Trump, la plupart des pays ont conscience que leur avenir est dans le passage aux énergies décarbonées. Selon l’AIE, le marché mondial des technologies propres devrait ainsi exploser pour passer de 700 milliards en 2023, à 2 000 milliards d’ici 2035.
D’autre part, ce que fait l’administration Trump n’est pas non plus représentatif de tout ce qu’il se passe aux États-Unis. Une lutte interne est d’ailleurs en cours, au niveau politique : le fait que 24 états américains, représentant plus de la moitié du PIB des États-Unis, se soient engagés à poursuivre les objectifs de l’accord de Paris n’est-il pas un signe fort ?
[1] Son nom officiel est « Conférence internationale des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », ou CCNUCC
[2] Avec une capacité totale installée de 887 GW en solaire et 521 GW en éolien (chiffres de janvier 2025), la Chine a construit plus que le reste du monde cumulé, dans ce domaine !
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