Face aux risques pour la santé et l'environnement que constituent les PFAS, l'Académie des sciences préconise une meilleure traçabilité de ces substances et un contrôle des rejets des industriels. Elle recommande également de développer la recherche pour mieux les identifier et d'accentuer les efforts pour trouver des solutions de substitution et de remédiation.
Les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) font régulièrement la une des médias en raison de leurs effets négatifs sur la santé et l’environnement. Des études récentes montrent qu’ils contaminent massivement les masses d’eau en Europe. En France, certaines rivières et zones industrielles présentent des concentrations supérieures aux normes en vigueur. Et pour les humains, l’eau potable ainsi que certains aliments, comme la viande, les œufs et les produits de la mer, constituent une source majeure d’exposition. Face à la toxicité de ces substances, l’Académie des sciences vient de publier un rapport dans lequel elle formule plusieurs recommandations pour mieux gérer les risques liés à ces composés.
Étant donné qu’ils sont omniprésents dans notre quotidien, elle réclame tout d’abord plus de transparence, car leur présence est rarement indiquée sur les produits, faute de réglementation. « Une traçabilité stricte est nécessaire, depuis leur synthèse industrielle jusqu’aux produits finis et leur fin de vie, écrivent les auteurs de ce rapport. L’étiquetage des produits doit mentionner précisément les PFAS qu’ils contiennent, à l’image de l’obligation de déclaration des ions dans les eaux minérales. »
Un contrôle des rejets dans l’environnement doit également être renforcé, en particulier en aval des sites de production industrielle. Ceux-ci étant peu nombreux, ces contrôles pourraient être mis en place rapidement. Mais encore faut-il être en mesure de les détecter, car les PFAS constituent une famille extrêmement vaste de molécules, sans doute 12 000, dont beaucoup restent encore à identifier.
L’Académie des sciences préconise donc d’accentuer les efforts de recherche, pour non seulement les détecter, mais aussi pour les caractériser et évaluer leurs effets sur la santé et l’environnement. « Actuellement, les connaissances scientifiques sont encore extrêmement limitées, déplore l’Institution. Une approche interdisciplinaire est indispensable pour améliorer ces méthodes et identifier les molécules encore inconnues. » Deux stratégies complémentaires doivent être mises en place, la première consiste à mesurer le fluor total pour une détection rapide et efficace de la pollution. Et la seconde, à identifier précisément les molécules présentes grâce aux techniques avancées de chromatographie et de spectrométrie.
Un vaste programme pour trouver des produits de substitution
En parallèle, un vaste plan de substitution doit être élaboré à l’échelle internationale pour remplacer ces substances. En février, une loi a été votée en France visant à interdire, à compter du 1er janvier 2026, la fabrication, l’importation et la vente de tout produit cosmétique, textile d’habillement ou produit de fart pour skis contenant des PFAS. Cependant, un grand nombre de produits liés à la transition énergétique et qui contiennent ces substances, comme les batteries, les piles à combustible et les fluides caloporteurs des pompes à chaleur, ne sont pas concernés. « Aucune alternative viable n’existe à ce jour dans ces domaines. Ces utilisations et développements ne devant pas être arrêtés, ils doivent être accompagnés d’une traçabilité stricte et d’efforts de recherche pour développer des substituts. »
Enfin, un dernier point concerne la remédiation, car les PFAS sont certes dotés d’une grande stabilité, mais ne sont pas éternels, comme ils sont fréquemment qualifiés. Ils peuvent donc être dégradés, à condition de développer des méthodes efficaces pour les éliminer dans les milieux contaminés. Un grand programme de recherche pour améliorer ces techniques doit donc être mis en place, selon l’Académie des sciences. « Certaines techniques actuelles, comme le charbon actif, permettent déjà d’éliminer plus de 90 % du fluor total présent dans l’eau. D’autres procédés, comme l’incinération, sont efficaces, mais posent de nouveaux défis, notamment par la formation de fluorure d’hydrogène (HF), un gaz toxique et corrosif. Il est envisageable de piéger ce sous-produit sous forme de fluorure de calcium (CaF₂), inoffensif pour l’environnement et cette initiative ne pourra aboutir qu’à travers une coopération étroite entre laboratoires académiques, entreprises spécialisées en remédiation environnementale et industriels. »
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