La contribution en pourcentage des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) à la consommation totale d’énergie primaire a très peu diminué en un demi-siècle. Au contraire, en valeur absolue, la consommation du pétrole, du gaz naturel et du charbon a fortement augmenté.
Le premier choc pétrolier, en 1973, a fait prendre conscience aux Occidentaux de leur grande dépendance vis-à-vis du pétrole. Entre octobre 1973 et mars 1974, le prix du baril de pétrole (159 litres) a été multiplié par quatre, passant d’environ 3 $ à 12 $. Pour revenir à nos jours, le prix du baril oscillait entre 72 $ et 73 $ à la fin du mois de février 2025. Des valeurs supérieures ont été atteintes depuis 1973. En effet, le 11 juillet 2008 le prix du baril atteignait 147,5 $ sur le marché du New York Mercantile Exchange. Après le choc pétrolier, les pays ont donc souhaité réduire progressivement leur dépendance au pétrole.
Par ailleurs, en 1997, le protocole de Kyoto a permis de prendre officiellement conscience du problème lié aux émissions de gaz à effet de serre et de l’impact qu’elles ont sur le climat. L’utilisation des combustibles fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel) est responsable de plus de 80 % des émissions de CO2. Plusieurs pays essayent de réduire celles-ci en remplaçant les combustibles fossiles par d’autres sources d’énergie moins émettrices. Cette tendance s’est accélérée ces dernières années, en se concentrant notamment sur l’habitat et les transports, mais on est encore loin du compte pour que cette réduction ait un impact visible.
Le pétrole domine les transports mondiaux (89 % en 2021 contre 6 % pour le gaz naturel, 4 % pour les biocarburants et 1 % pour l’électricité). La production d’électricité mondiale est quant à elle dominée par le charbon (35,7 % en 2022, ce qui est mieux qu’en 2014 où elle était de 41 %). Le gaz naturel est une source d’énergie de plus en plus utilisée pour produire de la chaleur ou de l’électricité. L’avantage du gaz naturel par rapport aux autres combustibles fossiles est que sa combustion émet moins de CO2 que le charbon (environ deux fois moins). Remplacer une centrale de production d’électricité fonctionnant au charbon par une centrale au gaz naturel permet ainsi de diminuer les émissions d’un facteur de l’ordre de deux. Un pays possédant des centrales à charbon qui remplace celles-ci par des centrales au gaz naturel diminue donc ses émissions de CO2.
Dans cet article, nous allons montrer, à partir des données de l’Agence Internationale de l’Énergie, que loin de diminuer notre consommation de pétrole, de charbon et de gaz naturel, celles-ci n’ont fait qu’augmenter entre 1973 et 2022, soit sur 49 ans.

Les points de départ sont les figures 1 et 2 qui montrent la répartition de la production d’énergie primaire selon les sources en 1973 et 2022. En 1973, la production totale d’énergie primaire était 6,10 Gtep (1 Gtep=1 milliard de tonnes équivalent pétrole). Elle est passée à 14,43 Gtep en 2022.
On voit que la contribution des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel) au bilan mondial d’énergie primaire diminue de 86,7 % en 1973 à 80,9 % en 2016. En 49 ans, la contribution des combustibles fossiles a ainsi diminué de 5,8 % ce qui représente une réduction moyenne de 0,12 % par an. Même si cela peut paraître encourageant, il n’y a pas lieu de se réjouir d’une si faible réduction.

Il est vrai que la contribution du pétrole au bilan global a baissé de 16 % mais, parallèlement, la contribution du charbon a augmenté de 3,1 % et celle du gaz naturel de 7,1 %. On a bien 5,8=16-3,1-7,1. Une partie de la réduction de la consommation de pétrole a été en partie compensée par l’augmentation de la consommation en gaz naturel et en charbon.
Pour voir si l’on a réellement diminué la consommation de combustibles fossiles, il faut considérer leur évolution en valeur absolue.

C’est ce que montre la figure 3 pour le charbon, le pétrole et le gaz naturel.
Les barres bleues sont relatives à la production de 1973 (on a 1,5 Gtep pour le charbon, par exemple) et les barres rouges indiquent la consommation en 2022. On voit que la consommation des trois combustibles fossiles a augmenté entre 1973 et 2022. Il n’y a donc pas eu de réduction de la consommation de pétrole entre 1973 et 2016, mais une augmentation ! Il en est de même pour le charbon et le gaz naturel.
La figure 4 montre, en pourcentage, l’augmentation du charbon, du pétrole et du gaz naturel entre 1973 et 2022. Elle est de 55 % pour le pétrole, de 166 % pour le charbon et de 242 % pour le gaz naturel. On est donc loin d’une diminution de la consommation en combustibles fossiles contrairement à ce que l’on voudrait faire croire.

Pendant cette période, la contribution des énergies renouvelables (hors hydraulique et biomasse, c’est-à-dire essentiellement l’éolien, le solaire et la géothermie) a fortement augmenté comme on peut le voir en comparant les figures 1 et 2, mais leur contribution a été loin de pouvoir satisfaire l’augmentation des besoins en énergie pendant cette période.
On peut conclure de ces chiffres qu’en quatre décennies, on a fortement augmenté notre consommation de combustibles fossiles et que l’on aura encore besoin d’eux pendant longtemps pour le développement économique de la planète. La réduction des investissements voulue ou imposée dans ce secteur ne peut que rendre ces sources d’énergie plus rares et plus chères ce qui plongera, au niveau mondial, un grand nombre de personnes dans la précarité énergétique et même dans la précarité tout court. Le rêve de diminuer la consommation de combustibles fossiles s’écrase donc sur le mur de la réalité, car ceux-ci contribuent toujours pour environ 80 % à la consommation d’énergie primaire mondiale.
Christian Ngô
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