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Turbulences en cours pour le recyclage des plastiques

Posté le par Matthieu Combe dans Chimie et Biotech

La fédération des entreprises du recyclage Federec fait le point sur la collecte et le recyclage des plastiques en France en 2018. Si la collecte augmente légèrement, le chiffre d'affaires baisse en raison d'une saturation du marché européen sur les plastiques de basse qualité faute de débouchés suffisants.

En 2018, 904 000 tonnes de plastiques ont été collectées et vendues en France en vue de leur recyclage. C’est 0,4% de plus qu’en 2017, après une baisse de 0,2% par rapport à 2016. Ces chiffres cachent une information importante : si l’extension des consignes de tri permet de collecter davantage de plastiques auprès des ménages, la collecte auprès des entreprises baisse fortement. Ainsi, en 2018, la collecte a augmenté de près de 18 000 tonnes auprès des ménages, mais a chuté de 14 000 tonnes auprès des entreprises. C’est une baisse de 2,9% pour les entreprises. La collecte auprès des entreprises avait déjà baissé de 20 000 tonnes en 2017 (-3,1%). La part des plastiques collectés auprès des ménages passe ainsi à 33%, celle des entreprises à 67%.

« Sur certains produits industriels, la baisse de collecte atteint même jusqu’à 10% », explique Pierre Moguerou, vice-président de la branche Plastiques chez Federec. Malgré la hausse de la collecte, le chiffre d’affaires global de la filière baisse de 4,5% pour atteindre 188 millions d’euros en 2018. « Cette baisse est en particulier portée par la baisse de prix de ventes des flux industriels, avec des prix qui chutent jusqu’à -70% pour les films à cause d’un marché complètement saturé », complète-t-il. En effet, environ 5 million de tonnes de films à laver étaient exportées de l’Europe vers la Chine en 2016 et se retrouvent désormais à recycler sur place.

La fin des débouchés hors de l’Union Européenne

En 2017, les entreprises françaises et européennes pouvaient encore trouver des débouchés au grand export, notamment vers des pays d’Asie du sud-est. Mais en 2018, le marché international s’est complètement fermé. Les exportations hors Union européenne ont ainsi diminué de 82% par rapport à 2017. Les exports dans l’Union européenne ont pour leur part augmenté de 59%. Finalement, en 2018, la France a recyclé 54% de ses plastiques sur le territoire national, en a exporté 43% dans l’Union européenne et 3% hors des frontières de l’UE. L’ Asie a consommé 87 700 tonnes, quasi exclusivement sur l’ Asie du Sud-Est, soit 35 % des 250 000 tonnes qui étaient encore exportées directement ou indirectement en Chine par la France en 2017.

Pour s’adapter, la filière française et européenne réoriente donc des flux, et améliore le tri en investissant dans des outils de tri ou de régénération. Sur le marché des plastiques industriels, les films en mélange ou « à laver » sont particulièrement touchés par la baisse de la demande. Leur prix chute et dans certains cas, ils peuvent tout simplement ne plus être collectés en vue de leur recyclage. Dans ce cas, ils sont incinérés ou mis en décharge.

Entre bonne et basse qualité, pas de pitié

Sur le marché de la collecte sélective, le recyclage du PET clair connaît une forte hausse de la demande. Les prix augmentent suite à la réglementation européenne qui vise des obligations d’incorporation de PET recyclé dans les bouteilles neuves de 25% en 2025 et suite aux engagements volontaires liés au Pacte National sur les emballages plastiques.  La tendance est aussi bonne pour le polyéthylène haute densité. En revanche, les solutions de recyclage pour les films issus de l’extension des consignes de tri peinent à se développer, faute de débouchés suffisants. Les prix s’écroulent, alors que le volume de collecte des films augmente.

L’année 2019 est remplie de défis pour le recyclage des plastiques. Les stocks de certains produits « à trier » continuent d’augmenter. Comme pour la filière de recyclage dans son ensemble, les plastiques sont particulièrement concernés par la baisse des possibilités d’enfouissement en France et le manque de solutions de valorisation énergétique, notamment de combustibles solides de récupération. Faute de débouchés, le risque est que de plus en plus d’entreprises ne trient plus leurs plastiques. Les discussions dans le cadre de la loi Economie circulaire pourront aussi bouleverser grandement la filière, notamment avec la mise en place de la consigne, de nouvelles filières REP et l’évolution des éco-organismes.

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Posté le par Matthieu Combe


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