Phénomène très médiatisé, au point de parfois monopoliser le débat public sur les questions de santé au travail, le stress au travail n’est pas qu’une question de mode. De nombreuses études ont trouvé que 15 à 25 % des salariés souffrent de stress au travail, ce qui en fait le phénomène de santé au travail le plus répandu. Depuis les années 2000, sa prise de conscience correspond au fait que les risques professionnels ne sont pas seulement créés par des expositions aux agents chimiques, physiques et biologiques. L’organisation du travail, la manière dont il est encadré, la façon dont il est vécu, peuvent générer des problèmes de santé et des dysfonctionnements qui affectent la performance des entreprises. À ce titre, cette problématique mérite d’être connue des ingénieurs.
Le coût social du stress en France est évalué à environ 3 milliards d’euros par an, soit 0,15 % du PIB et un peu plus de 20 % du budget de la branche risques professionnels de l’assurance maladie. Le lien entre le stress et le suicide a été beaucoup évoqué, mais il reste difficile à démontrer. Cependant, la gamme des conséquences délétères du stress est bien plus large et inclut des maladies somatiques. Les déterminants professionnels du stress ont donné matière à de nombreuses recherches et leur nature fait l’objet d’un relatif consensus.
On évoque parfois le « bon » et le « mauvais » stress. Cette distinction ne repose sur aucune base théorique et elle induit des erreurs dans les mesures de lutte contre le stress dans les entreprises. Qu’il s’agisse d’éviter le stress, de le repérer, d’atténuer son impact ou de réparer ses dégâts, les connaissances scientifiques disponibles fournissent des éléments qui permettent d’agir efficacement contre un phénomène éminemment subjectif, mais néanmoins accessible à la rationalité.
L’objectif de cet article est de présenter les aspects conceptuels de ce phénomène ainsi que les outils de mesure disponibles. Il décrit les déterminants du stress lié au travail et ses conséquences connues. Enfin, il fournit des repères pour la prévention.