Le segment des produits de médecine naturelle, dans les premiers rangs duquel se place l’aromathérapie, qui concerne l’utilisation des huiles essentielles à des fins médicinales ou de prévention et de confort, est un marché dynamique porté par de nombreuses nouveautés et innovations. Outre les innovations performantes sur les segments porteurs en thérapeutique, en bien-être ou cosmétique, les marques y ont massivement investi dans la communication afin de stimuler ce marché. L'engouement pour les médecines naturelles n'explique pas à lui seul la percée de l’aromathérapie. En effet, les huiles essentielles s’affirment en tant que compléments, voire alternatives, aux médicaments de synthèse. Le marché mondial des huiles essentielles connaît une croissance significative, tirée par leur utilisation croissante en aromathérapie. D’après Openhealth, le chiffre d’affaires du marché de l’aromathérapie en France est estimé à 349 millions d’euros en 2017, avec un net avantage pour la pharmacie.
Le développement et la formulation d’un produit issu de l’aromathérapie suivent des étapes classiques, avec des spécificités à prendre en compte en amont de sa conception. Par ailleurs, les allégations souhaitées dans la stratégie marketing conditionnent le statut réglementaire du futur produit, qui a d’importantes conséquences sur sa composition, ainsi que sur les composantes clés du développement produit : le coût, le délai et la qualité. La phase de préconception doit faire appel à des connaissances marketing, scientifiques et réglementaires, afin de mettre en place une vraie stratégie pour le développement et la commercialisation du futur produit. S’agissant des réglementations relatives au statut du produit, leurs frontières sont parfois floues. Fort du constat que l’aromathérapie n’est encadrée par aucune réglementation spécifique, des incohérences demeurent entre les réglementations applicables et l’usage traditionnel qui peut en être fait. De plus, les huiles essentielles contiennent des substances certes à l’efficacité prouvée mais aussi potentiellement toxiques, elles nécessitent donc d’être bien caractérisées et d’être utilisées à bon escient. Toutes ces problématiques rendent complexes le développement et la commercialisation de produits issus de l’aromathérapie.
Cet article fait suite à un premier article [J 2 309] traitant des propriétés thérapeutiques et de la réglementation des huiles essentielles.
L’objectif de cet article est d’illustrer la mise en place d’une véritable stratégie de développement en amont de la conception d’un produit d’aromathérapie. Pour ce faire, la première partie s’intéresse aux différents statuts réglementaires pouvant leur être applicables au sein de l’Union européenne. Enfin, la seconde partie, au travers d’études de cas, propose une méthode aux entreprises pour optimiser le développement de leurs produits, le sécuriser, et sécuriser aussi leurs positionnements réglementaires tout en valorisant au mieux les bénéfices santé des huiles essentielles.
Comme il est d’usage dans la profession, les pourcentages indiqués en formulation sont, sauf précision contraire, massiques.