Alors que le secteur numérique représente à l’échelle de la France 4,4 % des émissions de gaz à effet de serre, le think tank The Shift Project a publié le 6 mars un rapport intermédiaire sur l’impact de l’intelligence artificielle, et plus particulièrement de l’IA générative, sur la consommation électrique, au regard des objectifs climatiques à moyen terme.
Alors que l’intelligence artificielle générative s’impose à une vitesse inédite dans nos usages, elle soulève des enjeux critiques pour la transition énergétique. C’est ce que met en lumière le rapport intermédiaire publié par The Shift Project au mois de mars 2025.
IA et transport routier de marchandises aussi énergivores
Le secteur du numérique, souvent perçu comme un levier de décarbonation, est en réalité un secteur à double tranchant. Il représente d’ores et déjà près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – une empreinte équivalente à celle du transport routier de marchandises – et sa consommation électrique continue de croître à un rythme très important. Les projections évoquent un triplement potentiel d’ici 2030, en grande partie sous l’effet de l’IA générative.
Ce développement fulgurant s’accompagne d’un déploiement massif d’infrastructures : 3 GW annoncés en France, 35 GW prévus à l’échelle européenne, et près de 100 GW à l’échelle mondiale. Pourtant, les centres de données, maillons névralgiques de cette dynamique, échappent encore à un suivi rigoureux et transparent. Leur impact carbone réel, incluant leur fabrication, leur alimentation et leur renouvellement, reste largement sous-estimé.
Le rapport du Shift Project alerte en ce sens : sans inflexion forte de trajectoire, l’empreinte carbone des centres de données pourrait atteindre 0,86 GtCO2e d’ici 2030, soit près de 2 % du budget carbone mondial. Dans le même temps, aux États-Unis, les difficultés d’alimentation électrique conduisent certains acteurs à relancer des centrales à charbon et à gaz pour répondre à la demande.
Pour adresser cette problématique, le rapport plaide pour des mesures structurantes, à la hauteur du bouleversement en cours.
Il appelle dans un premier temps à la création d’inventaires publics des centres de données, pour assurer une transparence sur leur localisation, leur consommation énergétique et leur impact environnemental. Il recommande ensuite d’intégrer pleinement le numérique dans les politiques climatiques nationales et européennes, à l’image d’autres secteurs fortement émetteurs.
Une autre proposition consisterait à placer la sobriété numérique au cœur des stratégies, en agissant sur les volumes de données, la durée de vie des équipements, et la pertinence des usages. Il ne s’agit pas uniquement d’optimiser, mais bien de mettre en place une stratégie sur les usages du numérique, dans un monde contraint par les limites physiques et climatiques.
Enfin, le rapport invite à ne plus subir la trajectoire numérique mais à la piloter, pour faire de l’intelligence artificielle un outil au service du climat, et non un accélérateur de ses dérèglements.
- Télécharger le rapport de The Shift Project « Intelligence artificielle, données, calculs : Quelles infrastructures dans un monde décarboné ? »
- Voir la conférence en ligne organisée par The Shift Project pour présenter le rapport.
Le texte résultant a été dument relu, analysé, et modifié de façon à proposer au lecteur un contenu à la hauteur de la qualité attendue par le Magazine d’Actualité.
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