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Pourquoi les GAFA veulent-ils faire sauter les banques ?

Posté le par Philippe RICHARD dans Entreprises et marchés

L’appétit des géants de la « tech » n’a pas de limites. Après avoir convaincu des dizaines de millions d’internautes d’utiliser leurs services, ils veulent franchir une nouvelle étape majeure : faire office de « banque ». Quelles sont leurs vraies motivations ?

Google, Apple, Facebook et Amazon, les principaux acteurs IT, rassemblés sous l’acronyme de GAFA, s’apprêtent à transformer le paysage bancaire numérique tel que nous le connaissons.

Google travaillerait sur un projet de banque en ligne. Comme Apple avec Apple Card, le moteur de recherche permettrait aux particuliers d’ouvrir un compte courant. Avec Google Pay, sa solution de paiement sans contact, Google aurait ainsi en 2020 une offre globale.

Qu’il s’agisse de la solution d’Apple ou de Google, le principe de ces «Cards» est le même : les détenteurs d’iPhone, d’Apple Watch ou d’un smartphone Android peuvent régler directement leurs achats chez les commerçants, en appliquant leur appareil sur le terminal bancaire.

Et le paiement mobile séduit de plus en plus ! Selon une étude de Juniper Research, parue en juin 2018, Apple Pay représentait 58 % du marché mondial (avec140 millions de transactions) du paiement sans contact sur mobile.  Google Pay arrive loin derrière avec 16 % de part de marché et  39 millions de transactions la même année. Juniper Research estime qu’en 2020, il y aura 227 millions de transactions avec l’Apple Pay et 100 millions avec la solution de Google.

Concernant les services financiers, la motivation d’Apple diffère un peu des autres GAFA. Son business model repose principalement sur la vente de ses appareils, de chansons et maintenant de SVOD avec le lancement de l’AppleTV.

En s’attaquant au secteur financier, Apple vise toujours le même objectif : inciter ses utilisateurs à acheter ses nouveaux produits ou services et notamment l’Apple Card (sa carte de paiement lancée en août aux États-Unis) après son Apple Pay, sa solution de paiement mobile disponible depuis 2014.

Amazon est aussi les rangs. Mais il reste discret. Initié depuis un an, son projet de banque en ligne resterait encore à ce stade. Le géant du e-commerce n’en est pas à son premier essai. Mais pour l’instant, il se contente de proposer une carte Visa gratuite à ses clients américains et des crédits aux PME.

Pourquoi les projets des GAFA inquiètent-ils le monde des finances ? Principalement, parce qu’ils disposent de deux atouts majeurs pour « faire sauter la banque ».

Leurs atouts majeurs pour « faire sauter la banque »

Premièrement, leurs moyens financiers sont impressionnants. Au premier trimestre de cette année, Apple avait publié un chiffre d’affaires de 84,3 milliards de dollars et un bénéfice net de 19,9 milliards de dollars. En face, le Crédit Agricole SA a fait bondir son bénéfice net de près de 9% au troisième trimestre 2019 à… 1,2 milliard d’euros pour un chiffre d’affaires de 5,03 milliards d’euros.

Deuxièmement, même si les banques disposent de nombreuses informations sur les Français (via notamment leurs filiales immobilières), les GAFA stockent un volume de données sans commune mesure. Ils savent presque tout sur nous ! Ils pourraient proposer des services financiers très personnalisés.

Troisièmement, l’ergonomie de leurs applications Internet et mobiles est leur grande force. Elle n’est plus à démontrer. Il y a fort à parier que ce sera la même chose pour leurs services financiers afin de répondre aux exigences des consommateurs.

«Les consommateurs ne recherchent pas de nouvelles fonctionnalités de paiement, mais plutôt une meilleure expérience de shopping. Et c’est précisément sur ce point que les nouveaux entrants concurrencent les institutions financières», constate le cabinet d’analystes Forrester.

D’ailleurs, Amazon, Apple, Google, Intuit et PayPal ont déjà formé une coalition appelée Financial Innovation Now pour améliorer l’innovation dans l’industrie financière afin d’améliorer l’expérience des usagers.

L’échec de Libra

Mais rien ne dit que tous leurs projets verront le jour et qu’ils seront des succès. La preuve avec Libra dont l’annonce par Facebook en octobre dernier avait secoué le monde feutré de la finance. Mais finalement, «cette devise et cette infrastructure financière mondiales simples, au service de milliards de personnes» ne verront pas le jour au second semestre 2020 comme cela avait été annoncé.

Le monde de la finance s’est montré plus fort. Et les soutiens de Facebook (PayPal, eBay, Mastercard, Visa…) l’ont lâché sans vraiment donner de raisons.

Enfin, les établissements bancaires préparent aussi leur riposte. Début décembre, la Banque de France a annoncé des expérimentations d’une «monnaie digitale de banque centrale» (MDBC) dédiée aux transactions «de gros».

Pour aller plus loin

Posté le par Philippe RICHARD


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