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En chiffres

Interdire les dividendes pour les entreprises climaticides?

Posté le par Matthieu Combe dans Entreprises et marchés

Greenpeace demande à l’État de définir des objectifs annuels et contraignants de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour les multinationales. L’ONG appelle au vote d’une loi pour interdire le versement de dividendes dès lors que les entreprises ne respecteraient pas ces obligations.

« Il n’existe aujourd’hui aucun dispositif légal qui oblige réellement les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, rappelle Greenpeace dans son nouveau rapport Climat : l’argent du chaos. L’urgence politique consiste à soumettre les entreprises à l’Accord de Paris ». Sur la base de données disponibles, Greenpeace affirme que seules 13 des 40 entreprises du CAC 40 ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2016 et 2018.

Greenpeace propose donc le vote d’une nouvelle grande loi « Climat » qui fixe des objectifs de réduction d’émissions pour toutes les entreprises. Le rythme de réduction annuel devrait dès à présent être supérieur à 7 % pour être conforme aux recommandations scientifiques. Et les trajectoires devraient permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2040. Cette même loi interdirait le versement des dividendes aux actionnaires pour les entreprises dont les activités ne respectent pas les objectifs de l’Accord Paris. Un corps de commissaires aux comptes carbone serait en charge de contrôler la bonne mise en œuvre de ce dispositif. Une nouvelle autorité administrative indépendante serait chargée des contrôles et des sanctions.

Le CAC40 verse des dividendes au détriment du climat

Selon le rapport de Greenpeace, les dix entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre du CAC 40 ont versé près de 20 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires et émis 3,1 milliards de tonnes de CO2 équivalent (CO2eq) en 2018. L’ONG calcule qu’en investissant massivement dans les énergies fossiles BNP Paribas présente l’empreinte carbone la plus élevée du CAC 40. La banque a émis 782 millions de tonnes de CO2eq et versé plus de 3 milliards d’euros de dividendes en 2018. L’entreprise la plus généreuse avec ses actionnaires est Total. Elle leur a versé 6,6 milliards d’euros de dividendes la même année.

En considérant le montant des dividendes versés aux actionnaires et les émissions de gaz à effet de serre des entreprises, Greenpeace évalue une empreinte carbone des dividendes de chaque entreprise. Ainsi, ArcelorMittal présente l’empreinte carbone dividendes la plus élevée du CAC 40 : 99,6 tonnes de CO2eq pour 100 euros de dividendes. L’empreinte carbone dividendes s’élève à 28,7 tonnes pour la Société Générale, 29,8 pour le Crédit Agricole et 20,8 pour BNP Paribas. « Un actionnaire qui toucherait 100 euros de dividendes présenterait ainsi une empreinte carbone supérieure à celle d’un Français moyen sur une année : 12,2 tCO2eq », alerte Greenpeace.

Réorienter les dividendes vers la transition écologique

Le raisonnement de Greenpeace est simple : « les dividendes issus d’activités économiques contribuant à la crise climatique doivent être considérés comme de l’argent sale ». Or, les dividendes versés par les cinq entreprises les plus émettrices du CAC40 – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Total et Engie – dépassent les 16 milliards d’euros pour l’exercice 2018. Il manque justement de 15 à 18 milliards d’euros d’investissements par an dans la transition écologique selon I4CE pour atteindre les objectifs déjà insuffisants de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Greenpeace propose donc de réquisitionner cet « argent sale ». « Cette mesure est aussi radicale que nécessaire », juge l’ONG.

Lorsqu’une entreprise est considérée comme « climaticide », ses bénéfices ne seraient plus versés à des actionnaires. Ils seraient affectés à un compte spécial de la Caisse des dépôts et consignations pour être fléchés vers la transition écologique. « La relance de l’économie doit être l’occasion de transformer le contrat social qui lie les multinationales à la collectivité, d’instaurer un partage de l’effort efficace et de maintenir ainsi la hausse des températures à 1,5°C d’ici à la fin du siècle, sans quoi l’humanité entière court délibérément à sa perte », estime Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France.

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Posté le par Matthieu Combe


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