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Décryptage

L’AIE prône la suppression des aides aux énergies fossiles d’ici 2030

Posté le par La rédaction dans Énergie

Le pic des émissions liées à l'énergie pourrait être atteint dès 2020, mais seulement si les gouvernements éliminent les subventions aux énergies fossiles et interdisent la construction de nouvelles centrales au charbon, selon une étude publiée le 15 juin par l'AIE.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié des propositions concrètes permettant d’atteindre le pic des émissions liées à l’énergie dès 2020, dans une étude intitulée Energy and Climate Change.

Ce pic, auparavant envisagé pour 2030, serait un réel tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il pourrait être atteint sans sacrifier les perspectives économiques et de développement d’aucune région du monde, et son coût net serait inexistant, assure l’AIE.

Prendre les mesures nécessaires pour atteindre ce pic dix ans plus tôt que prévu constituerait un message fort lors de la Conférence de Paris (COP 21).

Pourtant, les contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) déjà annoncées ou pressenties, indiquent que les émissions liées à l’énergie devraient ralentir, sans pour autant atteindre leur maximum avant 2030. Un calcul facilement réalisable, puisque les pays responsables des deux tiers des émissions ont déjà annoncé officiellement leur contribution, ou au moins une estimation de celle-ci.

L’évaluation des CPDN par l’AIE montre ainsi que ces engagements vont dans le bon sens, mais n’atteignent pas le niveau nécessaire pour le « changement de cap majeur » qui doit avoir lieu pour limiter le réchauffement à deux degrés.

Cinq mesures

Pourtant, il suffirait aux gouvernements de prendre cinq mesures pour que le pic d’émissions soit atteint rapidement, pour que l’augmentation de la pollution au charbon et au pétrole ralentisse dans les cinq ans à venir et pour que les énergies renouvelables prennent plus d’importance :

  • la réduction progressive de l’utilisation des centrales énergétiques au charbon les moins efficaces et l’interdiction d’en construire de nouvelles ;
  • la suppression progressive des subventions aux énergies fossiles d’ici à 2030 ;
  • la réduction des émissions de méthane, un gaz à effet de serre plus dangereux que le dioxyde de carbone, dans la production de pétrole et de gaz ;
  • l’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’industrie, la construction et le transport ;
  • l’augmentation des investissements dans les technologies renouvelables, qui doivent passer des 240 milliards d’euros de 2014 à 355 milliards d’ici 2030.

Si ces politiques étaient mises en œuvre, le pic du charbon serait atteint avant 2020 et le secteur déclinerait ensuite. La demande en pétrole augmenterait jusqu’en 2020 pour se stabiliser ensuite et les émissions de gaz à effet de serre liés à l’énergie dans leur ensemble atteindraient leur maximum vers 2020, estime l’AIE.

En outre, l’intensité énergique de l’économie mondiale et l’intensité de carbone de la génération d’électricité s’améliorerait de 40 % d’ici 2030. Le lien entre croissance économique et croissance des émissions en Chine serait rompu vers 2020, mais l’AIE prévoit que cette séparation aura lieu presque 30 % plus rapidement dans l’UE.

Cette rupture dépendra de l’amélioration des mesures sur l’efficacité énergétique, soulignent les spécialistes de l’AIE.

L’Union européenne a promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Cette réduction permettrait un déclin des émissions de CO2 liées à la production d’énergie à un rythme presque deux fois plus rapide que celui que nous connaissons depuis 2000. Cela ferait de l’UE l’une des économies libérant le moins de CO2 au monde, selon les calculs de l’AIE.

Sans l’application des cinq mesures avancées, le lien entre la croissance économique mondiale et les émissions ne pourrait être rompu avant 2030, même s’il s’affaiblirait considérablement. L’économie mondiale devrait croître de 88 % entre 2013 et 2030, alors que les émissions de CO2 ne devraient augmenter que de 8 %.

En 2030, les renouvelables seraient la source d’électricité principale, mais le déclin des capacités de génération d’énergie au charbon serait insuffisant.

« Comme nous le montre à plusieurs reprise l’analyse de l’AIE, le coût et la difficulté liés à la réduction des gaz à effet de serre augmentent tous les ans, chaque minute est donc précieuse », estime Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l’agence.

L’AIE a également fait quatre recommandations pour faire de la conférence de Paris une réussite à long terme. Pour ce faire, il faudrait :

  • fixer les conditions permettant d’atteindre rapidement le pic des émissions liées à l’énergie dans le monde ;
  • réviser les objectifs climatiques nationaux tous les cinq ans, afin d’encourager des mesures ambitieuses ;
  • traduire l’objectif climatique mondial en un objectif d’émissions sur le long terme ;
  • établir un processus d’évaluation des améliorations dans le secteur de l’énergie.

Les ONG demandent à la Commission de soutenir les renouvelables

Le Réseau action climat Europe (CAN), Greenpeace et WWF ont exhorté la Commission à proposer une séries de politiques fortes afin d’atteindre et de surpasser les objectifs de l’UE pour 2030 en matière d’énergies renouvelables.

Les ONG soutiennent l’établissement d’objectifs nationaux non-contraignants, avec des récompenses financières pour les pays allant au-delà des objectifs. Un tel système encouragerait les gouvernements à être plus efficaces en matière de renouvelables, soulignent-elles dans des recommandations fondées sur les recherches d’Ecofys.

« Le succès des renouvelables en Europe a été encouragé par des objectifs nationaux contraignants. Sans ces objectifs, il sera essentiel qu’un cadre applicable continue de promouvoir la croissance des énergies propres dans l’UE », souligne Imke Lübbeke, responsable des politiques sur les énergies renouvelables à WWF.

À l’heure actuelle, la Commission européenne tente de déterminer quelle serait la meilleure stratégie pour atteindre ses objectifs pour 2030 en la matière, dans le contexte de son nouveau cadre sur la gouvernance énergétique.

En octobre dernier, lors de l’accord sur les objectifs climatiques et énergétiques pour 2030, les dirigeants de l’UE ont accepté de supprimer les objectifs contraignants nationaux sur les énergies renouvelables et de les remplacer par un cadre de gouvernance. Selon cet accord, d’ici 2030, au moins 27 % de l’énergie dans l’Union proviendra de sources renouvelables.

Source : Euractiv

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